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20/06/2011

Balise 66 - Ah! le sentiment du oui...

« Il n'y a pas, il n'y a sans doute jamais eu de grand poète (et c’est pourquoi les religions du salut au fond ne lesaiment guère), de poète si sombre, si désespéré qu'il soit, sans qu'on trouve au fond de lui, tout au fond, le sentiment de la merveille, de la merveille unique que c'est d'avoir vécu dans ce monde et dans nul autre. La poésie vibre par excellence dans ce sentiment du oui« porté au sommet d'un instant que traversent frissons, battement d'ailes*- et c'est un sentiment dont notreépoque, nous l'avons vu, est plus avare que d'autres. »

*Jules Monnerot

Julien Gracq, extrait de Préférences

 

15:21 Publié dans Balises | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : oui, julien gracq, poésie

10/04/2011

Une nouvelle revue - Phoenix

 

revue de poésie,phoenix,marseillerevue de poésie,phoenix,marseille                                                                                                                               Coordonnées: 4, rue Fénelon 13006 Marseille. Tel: 0491313931

revuephoenix1@yahoo.fr

 

 

Lu 64 - Les poètes de la méditerranée, Anthologie - Poésie / Gallimard

Couv de Les Poètes de la027.jpgCette Anthologie établie par Eglal Errera regroupe 4 générations de poètes contemporains tous « amarrés à leur langue » ; 17 langues, 5 alphabets – Notons , et c’est là la première originalité de cette édition, que figurent, face à face, le poème en sa langue originelle en regard de sa traduction française ; 24 pays : des villes, des ports, des îles… ; un traitement égal de 5 pages est réservé aux 101 poètes comme on dit les « mille et une nuits », histoire de faire signe vers cet inachevable caractéristique de l’entreprise.

C’est à un voyage que nous convie Eglal Errera en accord en cela avec le titre même de la belle préface d’Yves Bonnefoy : « moins une mer que des rives ». Ainsi on part d’Athènes vers l’est : Turquie, Israël , monde arabe avant de remonter via l’Espagne, la France, l’Italie vers la Macédoine, ouest où le soleil décline.

On parcourt des terres, plus qu’on ne navigue. C’est l’autre originalité de cette anthologie que d’avoir choisi non la mer et ses appels répétés vers l’ailleurs ; non l’ivresse poétique de l’au-delà des Colonnes d’Hercule aimantée par cette « île des bienheureux » dont parlait Pindare et qu’évoque Yves Bonnefoy lorsqu’il nous rappelle comment l’Ulysse de Dante finira par naufrager et se perdre lors de son second voyage en atlantique, mais bien la Méditerranée comme creuset de rencontres, chaudron d’échanges, lieu de comptoirs où le langage, les langues qu’on parle sur ces rives se trouve mis au centre et donc, en sa pointe, la poésie, « expérience fondatrice » écrit Yves Bonnefoy, pour la Méditerranée : la poésie comme mémoire de l’être, comme ce qui entend défendre l’idée que s’il y a certes encore de l’attrait pour l’Eurydice noire, perdue, il y a aussi, ici et là, sous le ciel, des choses, des êtres et leurs infinies relations à préserver des ravages du discours des médias comme de la pensée conceptuelle.

On ne trouvera pas dans cet ouvrage quelque pâle et mauvais accord de circonstance sous prétexte d’une Mare Nostrum et d’une lumière que l’on pourrait croire celle des premiers matins du monde . Ici, chaque poète dit à sa manière et dans sa langue cette terre de contrastes, cette réalité déchirée où pourtant chacun ancre son identité irremplaçable avant de dire ce que Salah Stétié appelle « la prodigieuse nuance séparée ».

La Méditerranée comme une chambre d’échos, une caisse de résonance. Résonance ? ce qui importe en poésie, non ?

 

Alain Freixe

Colette Nys-Mazure - à propos d'Andrée Chédid

( Colette Nys-Mazure Écrivain et poète, a notamment publié Célébration du quotidien, Singulières et LibramontColettephoto.JPGplurielles (DDB) et La chair du poème, petite introduction à la vie poétique (Albin Michel). Elle vient de publier L'eau à la bouche (DDB) livre qui propose une flânerie entre quelques poètes de son anthologie.

On lira ci-après le texte qu'elle a écrit le 22 février 2011 en hommage à Andrée Chédid.)

 

 Une femme de notre temps : Andrée Chedid 1920-2011


Il y a 36 ans - en 1975 -  à la suite de Frans Hellens, Anne Hébert, Jean Starobinski…, André Chedid a reçu, de l’Académie royale de Langue et de Littérature françaises, le Grand Prix de Littérature hors de France pour l’ensemble de son œuvre. C’est dire que la Belgique n’a pas tardé à reconnaître sa qualité exceptionnelle. Son Contre-chant a mis très tôt l'accent sur l'impulsion profonde, la modestie souveraine du propos universel: Le Je de la poésie est à tous/ Le Moi de la poésie est à plusieurs/ Le Tu de la poésie et au pluriel.

L’émission de la série  Ecrivains du XX siècle que lui a été consacrée Bernard Rapp est à l'image de la femme. Elle commence dans une classe de lycée où elle répond avec bonté et intelligence aux questions des étudiants qui l'ont invitée : beau reflet de sa disponibilité dont j'ai pu vérifier la permanence.On la voit comme passerelle entre les jeunes, qu'ils soient comédien (Bernard Giraudeau) ou chanteurs (son fils Louis et son petits fils M). On la voit femme multiple en poésie, au cinéma, en théâtre, en chanson, en romans. On y retrouve la femme née en 1920 et formée entre Nil et Seine, entre Le Caire et Paris.

Elevée dans l'aisance, Andrée Chedid est sensible à toutes les détresses. En témoigne cet aveu enregistré par Jacques Izoard, dont l’excellent numéro 232 de Poètes d'Aujourd'hui paru en 1977 chez Seghers devrait être remis à jour : Une grande maison au bord du Nil. Un frère un peu plus jeune. Des réceptions, des bals, le soir. Couchés sur une sorte de balcon circulaire troué au centre, nous regardons, mon frère et moi, ce monde clinquant, à la fois féerique et factice. D'autre part, la vie des rues frappe d'autant plus avec ses îlots de misère, avec ses mendiants sur les trottoirs, criante et bouleversante présence : un homme sans bras, un enfant-tronc, une vieille dans ses "robes-enveloppes". Les contrastes font mal. (Izoard p.20-21).

 Andrée Chedid n'a jamais été infidèle à la vision d'enfance: Un soir, dans le jardin, il pleuvait. Je prononçai comme un serment de fidélité à l'enfance. Le monde adulte paraît faux, masqué, plein d'intrigues. On ne veut pas entrer dans la danse. Il sera, il reste toujours difficile de prendre son visage d'adulte; on voudrait sas cesse se délivrer des mailles qui enserrent et rétrécissent les champs du coeur neuf.( id p.21

Comme Van Lerberghe, Supervielle ou  Saint-John Perse, c'est un poète de la célébration mais dont le lyrisme omniprésent, avec le temps et le travail, s'épure et s'allège sans jamais se dessécher. Elle affirme que, malgré le Cérémonial de la violence le monde est  beau et que chaque visage nous est proche. Elle nomme pour le plaisir de nommer, elle invite à la fête grave et mesurée comme aux fantaisies et aux lubies, aux jeux de langage; sans jamais sombrer dans l'anecdote mais "en l'élevant au niveau de la fable"  ainsi que l'observe justement Izoard. Sa poésie  privilégie aussi bien l'insolite que le familier, On aborde des terres inconnues dont on pressentait l'air et le sel écrit-elle dans Visage premier.

Avec Héraclite d'Ephèse, elle croit que Sans l'espérance nous ne rencontrerons jamais l'inespéré. Dans la pulpe du coeur,/On ficha/ L'espérance. écrit-elle. Aux ténèbres, elle oppose la lumière sans faire l'économie de vide qui l'assaille à certaines heures: Je m'accouple au vide : /Plus de fond à mon être,/Les heures me traversent,/ L'âme est un cercle gelé. Avec réalisme et une conviction qu'elle a répétée à Bernard Rapp, elle observe Nous ne pouvons bâtir / Qu'adossés à la mort

La maternité a joué un rôle important :  mise au monde analogue à celle du poème ainsi qu’en témoigne Prendre corps, cette étonnante suite publiée par Guy Levis Mano et reprise ensuite dans l'ensemble intitulé Cavernes et soleils Elle, qui excelle dans le poème bref, lapidaire ou ciselé, peut aussi prendre souffle pour soutenir un poème long et rythmé .

 Elle a réfléchi à la poésie en tant que telle, avec une lucidité aiguë et sans complaisance narcissique; ainsi dans Poésie I (Visage premier de 1972)

Poésie

Tu nous mènes

vers la substance du monde

 

Lacérant en poèmes

le bandeau des mots

 

Rompant le cartilage

Dénonçant leurs lézardes

 

Questionnant la clairière

Cernant tout le brasier.

Andrée Chedid, comme Jean Cocteau, est poète à plein temps ; qu'elle s'exprime par d'autres genres littéraires ou s'en tiennent à la poésie répertoriée comme telle. A propos du théâtre, elle a souligné pour Bernard Rapp l'influence d'un professeur de l'Ecole Américaine du Caire qui l'avait projetée sur scène, lui donnant à découvrir ce langage direct . J’ai monté avec mes étudiants sa Bérénice d'Egypte et j’ai pu vérifier l’efficacité de son écriture dramatique.

Passant à la prose, elle, qui ne se croyait pas capable de dépasser  la longueur d'une nouvelle, d'un conte,  est venue au roman. Dans une suite d'aphorismes intitulée Terre et poésie in Visage premier en 1972 elle dit magnifiquement : « Le roman prend corps pour ensuite se vêtir. Prenant âme, la poésie demeure nue « . Ses textes sont proches du scénario de cinéma puisque le cinéaste égyptien Chahine a filmé Le sixième jour et Bernard Giraudeau l'Autre.

Avec ce même Giraudeau qui l’a précédée sur l’autre rive, elle avait publié dans la » Bibliothèque des voix » chez Antoinette Foulque Textes pour un poème Poèmes pour un texte. Je l’ai sous les yeux et dans l’oreille . S’y marient leurs deux voix qui n’en finiront pas de résonner dans notre mémoire.


Balise 65 - à propos de la langue de l'enfance

"Je crois que s'il n'y avait pas, à l'origine, l'ambiguit de la langue de l'enfance, il n'y aurait pas de poésie : nous parlerions comme des notaires."  Octave Mannoni

15:44 Publié dans Balises | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie

Yves Ughes a lu L'internationale du rythme, ouvrage consacré à Serge Pey

Serge Pey, poésie, Yves Ughes Il est des notes impossibles à écrire et que l’on doit faire pourtant, impérativement, car les textes éblouissent.

Mais comment dire l’éblouissement ?

Le livre consacré à Serge Pey et l’internationale du rythme donne le tournis ;  scandé, lancinant, fulgurant, jouant sur des accélérations et des instants de calme approfondissement il se bâtit à l’image de celui qui donne la parole aux bâtons, qui hâte la venue de la pluie et fait surgir le soleil. Une pluie de comètes dans la nuit des temps. Que le titre souligne.

L’Atelier des Brisants nous donne ici une leçon de vie, l’ouvrage fait cinq cents pages, et c’est de vitalité poétique qu’il s’agit.

Quelque soixante-quatre contributions s’appellent et se répondent pour laisser une trace lumineuse dans le ciel. A chacun de la lire, comme fulgurance. Car Serge Pey appelle d’emblée une réaction-manifeste : pas de statue pour le poète.

Tout chroniqueur ne peut qu’être confondu par la beauté des titres suscités par l’homme che impugnava un bastone…et qui se livre avec force –lo sforzo fisico- dans la mise en corps de la poésie. Tous les articles convergent pour dire ce claquement d’homme qui déchire le silence compassé du monde établi. Comment dès lors en privilégier certains et en taire d’autres ?

La note est décidément impossible.

Sauf, à prendre les grandes étapes du recueil et à procéder en descente, en spirale vers les horizons ouverts.

Esquisses et portraits de Serge Pey. Halte 1. Fraternité. Halte II. Théorie du poème. Halte III. Le guerrier du sens : éthique et politique du poème. Halte IV. La parole des bâtons. Halte V. Poésie d’action ou « mise en rite du rythme ». Halte VI.

Chacune de ces scansions est ponctuée par des textes de Serge Pey. Deux incursions permettent d’entrer dans le livre et de suivre les rayons d’un soleil qui bascule du XX au XXIème siècle dans une pulsation déclenchée, dans une transe radieuse.

Il faut lire « la porte et la table » comme un mode d’entrée dans ce monde. Parfois en ce temps-là, les animaux remplaçaient les hommes pour crier. Prend corps ici un monde de Gardes civils, de mue de serpent, de grève, mais aussi de raisin et de couteau. Plus d’invités que prévu ? Qu’importe, la porte verticale –faite à grand peine et avec grand soin-  va devenir table horizontale, lieu d’accueil. De l’événement intensément vécu, du partage fraternel et militant mis en place autour des plats, naît un mode de poésie :

Ce trou dans la maison, durant toute une journée, est resté en moi comme la preuve d’un avenir qui accouche.

Pour manger ce que nous avions à dire ou pour écouter l’inconnu, il faut savoir ouvrir le monde.

Ce n’est pas  les mots ni les choses qui firent de moi un homme, mais les trous.

On n’écrit pas de la poésie, on vit en poésie.

Et il faut entendre la gueulante poussée par Serge contre la dispersion quand « les avida-dollars   et les roteurs d’euros se sont donnés rendez-vous à Drouot pour la vente de l’invendable ». Il s’agit bien sûr des objets agencés par André Breton en poème. Vendre ces objets qui sont les mots d’un Grand-Œuvre participe du génocide de la poésie.

Poème de bâton brandi, animé par la rage de traverser ce monde prédateur, qui accumule ses richesses pour se gaver de certitudes, ce monde toujours prompt à dynamiter toute parole qui le dérange.

Sur la tombe de l’amour fou, il ne nous reste que  nos poèmes pour faire basculer le monde du côté de la plus haute clairvoyance.

 Ce qu’il faut d’humanité pour entrer dans la scansion du monde, ce qu’il faut de puissance pour entrer dans le rythme de la fraternité…tout dans cette approche du poète donne à l’entendre. Et le CD accompagnant le livre donne de la vie, de la voie à la richesse des mots qui constituent cet ensemble fertile.

Puisse une note impossible appeler à ce partage.

 

Serge Pey, L’Internationale du rythme, Sous la direction d’Andréas Pfersmann

L’Atelier des Brisants. DUMERCHEZ, 35 €uros.

 

Lu 63- Les temps suspendus de Michel Butor, Henri Maccheroni et Bertrand Roussel

Trois hommes, trois sensibilités, trois regards : le scientifique, l’artiste et le poète. Trois contemporains croisent leurs pratiques – Bertrand Roussel, directeur des collection du muse de paléontologie humaine de Terra Amata à Nice, curieux de de création contemporaine ; Henri Maccheroni dont les toiles et les photographies le montrent depuis longtemps intéressé par l’archéologie ; Michel Butor et son œuvre ouverte à tous les défis, toutes les routes – dans un beau livre fort bien publié par les éditions Mémoires Millénaires (www.memoiresmillenaires.com) . On y remonte le temps de l’âge des métaux (il y a environ 5000 ans) de la Vallée des Merveilles, au pied du Mont Bego, non loin de Casterino au jurassique supérieur (il y a près de 150 millions d’années) du plateau Saint-Barnabé, près de Coursegoules en passant par le site de Terra Amata du Paleolithique inférieur (il y a 400000 ans) à Nice.

Des millénaires de feu, d’orage, de neige, de gel, de pluie, battus à tous les vents sont ainsi pris en écharpe par ces « fouilleurs ».
J’aime que ce livre pousse ses pages à la manière de l’archéologue qui du plus récent va vers le plus enfoui : ici, de l’écriture du graveur des Merveilles à celle de la erre sur elle-même du plateau de Saint-Barnabé en passant par les traces des foyers, premiers témoins de la domestication du feu dans le monde.

C’est le même geste qui unit les trois auteurs : découvrir en enlevant, dégager, tirer hors de et porter au jour sur les rivages de la lumière l’enfoui. Ainsi Henri Maccheroni revisite-t-il d’une belle et leste manière en des lavis rehaussés les gestes des graveurs de la vallée des Merveilles.

Trois chantiers de fouilles dialoguent ici, chacun constituant ce qui reste comme objet de pensée.

Qu’est-ce qu’il reste, finalement ?

Nulle relique, ni fétiche, des dépôts tournés – merveille ! – vers un futur et non un passé, à vénérer tel quel. À trois, ils refont le paysage. Et le lecteur devient le « pays », le passant. L’éternité – pas la sempiternalité ! – peut venir s’y prendre. Les ouvrages du temps ainsi revisités l’attendent. C’est ce temps hors du temps, ce « temps suspendu » qui traverse ces restes et, passant, les font vibrer les portant plus loin, jusqu’à demain.

03/04/2011

Balise 64 - Lorca 1931

« L'homme ne vit que de pain. Moi si j'avais faim et me trouvais démuni dans la rue, je ne demanderais pas un pain mais un demi-pain et un livre. Et depuis ce lieu où nous sommes, j'attaque violemment ceux qui ne parlent que revendications économiques sans jamais parler de revendications culturelles: ce sont celles-ci que les peuples réclament à grands cris. Que tous les hommes mangent est une bonne chose, mais il faut que tous les hommes accèdent au savoir, qu'ils profitent de tous les fruits de l'esprit humain car le contraire reviendrait à les  transformer en machines au service de l'état, à les transformer en esclaves d'une terrible  organisation de la  société. »
Federico Garcia Lorca, extrait du discours à la population de Fuente Vaqueros (Grenade) en septembre 1931


02/03/2011

Raphaël Monticelli - L'écriture en bribes, livres d'artiste, oeuvres croisées & autres bricoles

40 ans que Raphaël Monticelli creuse son regard sur l’art et la littérature.monticelli raphaël,livres d'artiste,poésie,littérature

40 ans qu’il traque l’origine du sens dans cette mise en objet – physique et symbolique – de notre présence au monde.

40 ans d’amitiés – on ne saurait toutes les citer ! – de Marcel Alocco aux éditions de l’Amourier en passant par Martin Miguel, Max Charvolen, Henri Maccheroni et les écrivains : Michel Butor, Martin Winckler, Jean-Marie Barnaud…

40 ans que cette amitié – cet autre nom que je donne à la création quand elle se pense comme question ! – d’une part, interagit avec son travail spécifique d’écrivain – On sait que Raphaël Monticelli est l’homme des « bribes » ( 4 tomes des Bribes tirées de la mort de Dom Juan sont parues à ce jour aux éditions de l’Amourier), ces restes d’une expérience du monde, des êtres et des œuvres tels qu’ils se mêlent dans l’histoire, expérience vouée à l’éclatement et à la dispersion et qu’il s’efforce de recueillir en mendiant errant à la poursuite de quelque issue – et d’autre part, a pris la forme de livres particuliers qui naissent de la rencontre entre un artiste et un écrivain que l’on désigne aujourd’hui sous l’expression peu claire de « livre d’artiste ». Ce sont eux qui vont être montrés du 2 mars au 8 mai 2011 à la Bibliothèque à Vocation Régionale Louis Nucera de Nice (Vernissage le 3 mars à 11h). Plus d’une centaine de livres d’artiste et d’œuvres croisées à quoi Raphaël Monticelli n’hésite pas à rajouter le terme de « bricoles ». Oui, « bricoles », ces livres improbables, nés de l’intimité, du croisement des recherches d’un artiste d’un artiste et d’un poète, de la volonté de donner à ces croisements un lieu spécifique d’expression qui ne soit plus tout à fait un livre ni tout à fait un tableau, une toile ou une gravure. La « bricole » est là dans cet entre deux – Avec parfois en tiers, l’intervention d’un éditeur ! – ni tout à fait ceci, ni tout à fait cela. Allant quelque part, les acteurs du livre d’artiste ne savent pas où ils vont. Ils inventent les routes au sein de ce lieu plastique, sorte d’utopie en acte, présente et agissante, dit parfois Raphaël Monticelli. Le livre,  cet objet tangible, manipulable qui a une forme et des limites, ici se transforme, s’ouvre. De messager d’un ailleurs – cet auteur inconnu -  il devient rôdeur de crêtes, éclaireur de lisières, veilleur aux confins mal assurés.

La randonnée sera belle. De vitrine en vitrine, d’écart en écart, toujours à côté des livres avec Martin Miguel, Max Charvolen, Serge Maccaferri, Henri Maccheroni, marcel Alocco  à ceux avec Leonardo Rosa, Jean-Jacques Laurent, Gérard Serée, Gérard Duchêne en passant par François Goalec, Gilbert Pedinielli, Armand Scholtès, Luc Warneck, Martine Orsoni, Monique Thibaudin, Yves Popet, Valérie Sierra, Anne-Marie Lorin, Max Partezana, Giuseppe Becca, Fernanda Fedi, Eric Massholder, Claudio Casavacca, Giorgio Robustelli, Renato Bonardi, Giacomo Lusso…

On n’oubliera pas les mots de Claude Levi-Strauss : « la poésie du bricolage lui vient aussi et surtout, de ce qu’il ne se borne pas à accomplir ou exécuter ; il raconte (…) le caractère et la vie de son auteur. » Ce sont des vies, des bribes de vie que vous viendrez voir à la BMVR de Nice, si vous passez par là. D’infinis @font-face { font-family: "Cambria"; }p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal { margin: 0cm 0cm 10pt; font-size: 12pt; font-family: "Times New Roman"; }div.Section1 { page: Section1; }paysages – Tiens, le libellé du Printemps des poètes 2011 ! – d’amitié.

 

A cette occasion, la BMVR publie un catalogue dans lequel j'ai publié le texte qui suit:

Je lis les écrits de Raphaël Monticelli comme…

 1)    ceux de quelqu’un qui tente une approche effilochée de la réalité. Toujours à l’écoute de cette polyphonie des voix du monde, de la littérature et de la langue.

2)    ceux de quelqu’un toujours dans le déséquilibre, la rupture tant je le vois, je le sais debout, essayant de tenir les deux bouts entre transmission et création : 2 rives, 2 arches d’un pont…dans le danger d’un effondrement sans cesse remis. Toujours possible !

 

 3)    ceux de quelqu’un toujours en route. Une sorte de Don Quichotte, ce chevalier du désir. L’homme qui disait « el camino es siempre mejor que la posada » tant c’est sur le chemin que se produisent les rencontres essentielles

 

4)    ceux d’un qui aime se laisser dérouter. Par les œuvres en général, celles des artistes en particulier ceux-là dont il aime la fréquentation depuis les années 1970. Et pour qui il écrit et c’est toujours manière de reprendre pied…dans les mots.

 

 5)    Ceux de quelqu’un qui essaye d’intégrer dans la pratique de la littérature les problématiques qu’il partageait dans les années 70 avec ses amis peintres : soit écrire comme on peint quand on pratique le commage/décollage (Charvolen, Miguel) ; écrire comme on tisse quand on pratique le patchwork (Alocco) ; écrire comme on sculpte quand on compose comme Pagès.

 

6)    Ceux d’un crocheteur et donc comme autant de rossignols – Voyez ces rossignols d’un crocheteur ! – oui, ceux d’un voleur. Quelqu’un qui aime à faire chanter les serrures. Sauter les verrous. Qui aime entrer par effraction – voir ses intrusions – là où il n’était pas attendu.

 

 7)    Ceux de quelqu’un qui multiplie les pistes au lieu de les fermer. Quelqu’un qui ouvre les possibles du regard. Qui pratique une écriture d’expansion.

 

8)    Ceux de quelqu’un qui a formé ce projet un peu fou de tenter de rendre par le texte littéraire la complexité de ce que nous vivons et pensons. Ce train qui toujours nous emporte. Dans le quotidien. En quoi il retrouvait ses auteurs de prédilection : son ami, Michel Butor  mais aussi Joyce, Simon, Pound et Proust bien sûr…

 

9)    Ceux de quelqu’un dont on sent battre l’inquiétude sous les pages. Celle d’une insatisfaction comme si le compte n’était jamais bon – et il ne l’est jamais, on le sait ! – toujours il y a de l’inassimilable, du réel. Mais quelqu’un qui sait que c’est avec ça qu’il lui faut vivre. Et donner ce qu’on peut donner.

 

 10)  Ceux de quelqu’un qui joue là sa vie – la bribe plus qu’un nouveau genre littéraire ( ce qu’elle pourrait être) est un mode d’existence – et ce sur le mode mineur du mendiant. Il y a un héroïsme de l’humilité chez RM.

 

11) Ceux de quelqu’un qui pousse l’humilité jusqu’à dire que s’il écrit de Bribes c’est pour personne. Surtout pas pour que ses amis écrivains et/ou peintres lui disent en retour que c’est bien, et ceci et cela mais « pour comprendre et aimer ce qu’écrivent ou peignent des gens comme eux ». RM est un homme de la praxis. Quelqu’un qui a besoin de passer par la pratique pour assimiler la théorie.

 

 12)  Ceux de quelqu’un qui entend ne se couper jamais de la communauté des hommes. Même si en apparence le risque est celui d’une certaine illisibilité, celle d’une parole vive contre la parole morte qui dévide la clarté morne et hébétée de son évidence et dont on bout du compte on finit par se dire : « Ah ! ce n’était que ça… ! »

 

13)  ceux de quelqu’un qui embrouille, s’empègue moins par perversité que parce que c’est là notre position d’être parlé/parlant, d’êtres jetés dans la langue et le sens, à partir d’une blessure première, cela autour de quoi nous tournons moins pour la cacher ou la suturer que pour la tisser autrement. Toujours autrement !

 

 14) Ceux de quelqu’un qui pratique une écriture de la Reversion, soit le fait de tirer la vie de la mort et donner par là présence à l’absence

 

15)  Ceux d’un ami fauteur de troubles et fauteur d’échanges. Un passeur généreux.

 

 16) Ceux de quelqu’un avec qui je partage l’essentiel. Et c’est une Dame. RM et moi l’appelons Madame !

 

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Ceux de quelqu’un d’empêché. Quelqu’un qui aurait aimé être romancier mais qui n’a pas pu. « Les bribes sont un impossible roman. »

Quelqu’un qui a toutes les qualités pour l’être mais quelqu’un dont l’expérience de vie passera dans la pratique littéraire. Or celle-ci implique l’abandon de l’hypothèse de Dieu, le passage de jeune catholique au matérialiste d’âge mûr. Et rejeter la fiction de Dieu, c’était rejeter toute fiction. Tout récit supposant un être tel que Dieu comme garant de la continuité, de la chronologie, donc du sens.

La pratique du roman n’est possible que si on croit – consciemment ou non – en la fiction d’un Dieu, que si l’on se met face à la fiction comme Dieu face au monde.

Où trouver un référent en l’absence de Dieu sinon dans la langue aussi sacrée que le monde qu’elle figure ?

La langue comme métaphore du monde. Lieu du symbolique « cerveau hors de nous, dans lequel nous naissons, vivons, sans cesse ».

Travailler la langue, c’est nous travailler nous-mêmes et le monde.

 

 

Lu 62 - Jorge-Luis Borges, Proximité de la mer, traduction de Jacques Ancet, NRF, Gallimard

Couv Proximité mer-Borges-Ancet.jpgL’avait-on oublié ? C’est le premier mérite de cette anthologie de 99 poèmes, La proximité de la mer, choisis et traduits par Jacques Ancet, de nous rappeler le fait : Jose-Luis Borges fut d’abord et avant tout poète. El hacedor, le poïetes, celui qui fait avec et dans la langue partager « cette imminence d’une révélation qui ne se produit pas », cela même qui définit le « fait esthétique » pour Borges et qui se tient là, à côté, Buenos Aires dans Buenos Aires, « l’autre rue, celle où je n’ai jamais été, c’est le centre secret des pâtés de maisons, les patios reculés, c’est ce que dérobent les façades (…) c’est cet air de milonga sifflé que nous ne reconnaissons pas et qui nous touche, c’esty ce qui s’est perdu et ce qui sera, l’ultérieur, ce qui nous est étranger, le latéral (…) ce que nous ignorons et chérissons. »

Se lancer dans la mise sur pied d’une anthologie, c’est forcément prendre parti. L’affaire redouble lorsqu’il s’agit bien évidemment de traduction, ce corps à corps des langues, puisqu’on sait combien un poète inflige un traitement particulier à sa propre langue. De cela, Jacques Ancet s’en explique dans une forte préface : belle et, à mes yeux, si juste !

Ici, nulle fidélité, toujours prétendue et qui finalement se résout toujours soit en une plate restitution du sens, soit en une poétisation forcée qui vise à faire du poème traduit quelque chose qui ressemble à l’idée préconçue que le traducteur se fait de la poésie mais bien « une infidélité sainte » - Et pardon en passant pour l’emprunt de ces mots à Hölderlin et utilisés hors contexte ! – puisque Jacques Ancet dit avoir choisi « la voie de la recréation ou trans-création, selon la belle formule d’Haroldo de Campos ». N’oublions jamais ce que disait Borges : « la palabra justa n’est pas le mot juste ». C’est pour cela que c’est plus l’oreille que le savoir qui a guidé Jacques Ancet. Se trouvent alors privilégiées, les vibrations, cela qui se joue entre les mots, cette résonance. Et c’est alors « l’intraduisible d’un autre corps » qui se trouve traduit, soit cela seul qui mérite de l’être.. Voie risquée mais la seule belle ! On l’aura compris, pour moi, Jacques Ancet a réussi magnifiquement sa traversée.

Dans ce livre, il y a du savoir et donc de la saveur. Le plaisir y est partout palpable, celui qui a su « être (lui)-même en l’autre et l’autre en (lui)-même ». La préférence de Jacques Ancet est allée aux « poèmes méditatifs et élégiaques en vers comptés et rimés ». On y rencontre des Haïkus, des tankas, des milongas, des hommages à Keats, Joyce, Spinoza, Emerson…et à Buenos Aires, « éternelle ainsi que l’eau et l’air ». On y retrouve des labyrinthes, des tigres, des miroirs, des « petites frappes », des guitares, des couteaux…On y goûte la pratique de ce double amour dont parlait Georges Braque qui disait aimer « la règle qui corrige l’émotion et l’émotion qui corrige la règle », cela qui fait le ton propre de la poésie de Borges. On y comprend enfin que certes la mer importe mais que compte surtout son approche, ces chemins qui mènent jusqu’à la proximité de ses abords. Ces chemins là sont poèmes et comme tels à vivre ! Par chacun d’entre nous. À vivre et donc inépuisables. Toujours proche la mer, comme le dernier mot ! Celle qui « unit et sépare » ne s’atteint pas. Dans le vers !

 

Lu 61 - Jérôme Bonnetto - Le dégénéré, éditions de l'Amourier

Comment parler du malheur quand le malheur est ce qui comme heurt arrive et jette dans ce quelque chose de brutal, le désespoir ? Comment longer la ligne, la plier et « s’en sortir sans sortir » selon les mots de Ghérasim Luca ?

Le nouveau roman de Jérôme Bonnetto est le compte-rendu d’une tentative de sortie « hors du rang des meurtriers » - les mots cette fois sont de Kafka – le narrateur échouera mais comme nous apprendrons qu’il est aussi l’auteur du texte que nous venons de lire, il parviendra à desserrer l’étau de l’abjection, cet aimant noir d’un état du monde. La littérature ne sauve que d’être cette contre-attaque là !

Quelque chose d’absolument inattendu va arriver au narrateur de Jérôme Bonnetto. Il vivra cette expérience, comme un trait, une flèche qui le transperce provoquant en résonance une secousse de tout l’être : il doit soudain un jour prouver qu’il est français ! Avec l’identité qui vacille, un trou se creuse où souffle le vent terrible du désordre, celui qui va faire tomber le premier domino qui le mènera d’aveu en aveu jusqu’à l’écriture de ce livre que nous lisons qui doit précéder son oralisation à un certain Victor – masque autre ici de la première personne – avant celle devant la police car nous apprendrons qu’il y a eu meurtre d’une jeune femme dans les jardins du conservatoire.

Jamais mieux qu’ici on ne voit aussi clairement que l’écriture, ce remuement de langue, ne traduit pas une expérience préalable mais qu’elle est le lieu même où elle s’élabore.

Tel est le paradoxe : ce qui vous a coupé le souffle, cela vous donne celui nécessaire à l’écriture d’un roman. Jérôme Bonnetto n’en manque pas. C’est ce souffle-architecte qui lui permet de construire ce labyrinthe de « l’abjection niçoise » dans lequel son narrateur sombrera jusqu’à rejoindre le nom que lui avaient donné les enfants de l’école primaire : « le dégénéré ». Ce naufrage se fera selon le scénario suivant : mise en place d’une part, d’un  « processus Victor », cet « imbécile parfait », double du narrateur, servira d’ « oie » à gaver de vérités que le narrateur lui déversera jusqu’à devenir, une « vessie parfaitement plate » ; d’autre part, de l’invention du « principe Luna », Luna, une « idée », une « synthèse » de femmes à qui le narrateur va donner corps et qui va apparaître comme une voie possible de sortie hors de ce lieu mental qu’est, dans ce texte, la ville qui a nom Nice. Cette porte finira par se refermer sur le narrateur rejetant au néant son « mouvement de résistance individuelle et égoïste ».

Décidément, non, on ne part pas. L’enfant de Charleville le savait déjà. On reste pris dans la « boite » - « niçoise », ici – dans le monde comme il va, drôle d’usine qui ne recycle pas mais récupère, c’est-à-dire transforme les mensonges en vérités, les vérités en légende. Avec la honte d’être plongé dans ce que la réalité à d’abject et « la mort Luna » commence la dégénérescence. Et avec le mal, l’écriture.

Comment quelque chose qui se termine par « la vérité enfin déballée » - même si on se déchiquette à ses bords déchiquetés – comment la fin d’une mascarade ne serait-elle pas réjouissante ? Comment en passer par la mort n’exalterait-il pas la passion de la vie ?

Désormais quelque chose peut commencer. Un trait vient d’être tiré en bordure de ce qu’est devenu le narrateur. Le passé étant rendu au passé, le jeu étant débloqué, quelque chose comme un commencement est possible. Nice, sa beauté pourra à nouveau étourdir ; sa lumière, faire descendre la paix et l’harmonie, avec les larmes. La vie, à nouveau. Enfin ?

 

 

Lu 60 - André Velter - Midi à toutes les portes, NRF, Gallimard

On se souvient de « l’amour extrême » - L’amour extrême et autres poèmes pour Chantal Mauduit, Poésie / Gallimard - cet « ermitage, écrit André Velter, qui n’a pas de toit, pas de fronton » qui «  est de plein vent et de pleine clarté », qui est « passage, « esquif aimanté qui s’éloigne de la terre, reste à l’écart du ciel, sans renier la terre ferme, sans congédier le ciel ».

Eh bien, qu’on me permette de voir là le fond du nomadisme d’André Velter, celui d’un « avenir sans nom » qui convient moins à un marcheur qu’à un danseur, ce résistant aux lois mercantiles du monde où tous les parapets sont anciens, à tous les vainqueurs à la bonne foi douteuse ! Son dernier livre Midi à toutes les portes en fait l’éloge. C’est un livre foisonnant. On va de lieu en lieu transporté par une écriture de main légère, d’enjambée allègre, une écriture qui « garde l’élan d’une lecture à ciel ouvert ». De Bénarès à Bagdad, des plateaux du Tibet à l’Andalousie, de Paris à Louxor, De Kaboul à Charleville-Mézières…Mais c’est moins ce goût évident pour les voyages et l’ailleurs qui importe que cette force qui traverse le livre et coud ensemble ces fragments sans les attacher. C’est ce mouvement qui vient du dehors. D’avant les textes, d’avant le livre et qui saute hors de ce fort volume jusqu’à nous donner à voir à travers ce Midi à toutes les portes, le monde comme une terre libre et sans fin.

Il n’y a pas de sauve qui peut chez André Velter mais une errance choisie, travaillée, entretenue. Les lieux qui l’intéressent  sont ceux qui permettent de « se mettre hors du monde », qui parce que ce qu’on y trouve échappe à toute dénomination, à toute prière » sont eux-mêmes comme des départs incessants. Des lieux qui permettent de sortir sans cesse « du cadre sans déserter la vie ». Des lieux de déterritorialisation. Des lieux/coupures. Des lieux/écarts. Des lieux qui nous douent de lointain. Ces lieux ressemblent à ces nomades de l’intérieur qui fascinent tant André Velter, moins des migrants que des voyageurs de l’intensité, ceux que Deleuze définissait comme « ceux qui ne bougent pas et qui se mettent à nomadiser pour rester à la même place en échappant aux codes . »

Cette place hors là, ouverte sur « l’inconnu qui creuse » est celle d’André Velter. Celle du poète André Velter qui « a fait de l’infini le dernier rendez-vous » des hommes libres et dont le poème qui sait « (garder) force de mots / jusqu’au bord des larmes », selon les mots de « la soupçonnée » de René Char,  définit l’espace. Il nous attend.