04/03/2013
Lu 88- Ahuc, poèmes stratégiques de Serge Pey
Ahuc, vous l’entendez ? Redoublez et faites bien sonner, dans les graves avec raucité, les « i » que l’on ne voit pas dans la graphie. C’est un cri. Sur l’Aubrac. Un cri vertical. Il monte depuis la terre d’avant. Dans la marge du monde, il se tient. Et résonne. Un cri qui ouvre les bouches et laisse passer de vieilles voix. C’est ainsi que du dessous surgit le vrai pays, un pays sans patrie égal à « une vieille fontaine de lumière » où l’homme, ce remous, aussi déroutant, aussi incertain qu’aux premiers jours, est toujours à venir.
Ahuc, poèmes stratégiques…Diable, ce serait donc la guerre dans la langue ! Quelque chose de l’ordre de ce combat spirituel aussi brutal que la bataille d’hommes dont parlait le jeune homme depuis ses Ardennes ? Car enfin s’il y a stratégie c’est bien qu’il y a combat et objectif à la clef.
Défenseur de la poésie – celle qui se moque de la poésie, comme disait l’autre – « résistant du sens » et de l’homme, « guerrillero du poème sans espérance historique, » « ouvreur du sens, gardien et casseur du sens » tant les mots dans le poème fuient, échappent et filent devant en quête de leur signification et c’est là tout leur sens, tel est Serge Pey. Tel il se montre dans cette constellation de textes publiés entre 1985 et 2012 que reprennent aujourd’hui les éditions Flammarion qui ont la bonne idée d’accompagner cette reprise d’un DVD où l’on pourra entendre et voir Serge Pey écraser des tomates, dénoncer la torture en plaçant avec la lenteur qui convient à ces horreurs des erzats d’électrodes à cru sur un poulet, briser des vitres en proclamant que « dans un pays où les poètes sont enfermés dans les prisons, seules les prisons sont libres » - N’est-ce pas Messieurs du Quatar qui tenez dans les fers le poète Al Ajami !... 8 chapitres, 8 performances – on dit ça encore ? oui, on aime bien répéter…mais gare à la farce ! – Ici, et à chaque fois 8 actes. Et qu’est-ce qu’un acte sinon une affaire vitale, une expérience, cette traversée risquée, que l’on fait moins qu’elle ne nous fait et défait, où se risque de l’ homme le sujet qu’il ne se sait pas être !
La question, la seule peut-être, est celle qui tourne et retourne le fait de savoir comment se tenir debout. C’est la question même de la résistance. Avec Serge Pey, on sait. C’est par les pieds que ça commence ! - Les pieds comme fondement de la pensée, voire ? – Par le zapateado quand les pieds du danseur martèlent le sol jusqu’à déchirer l’âme pour laisser sa chance au duende, tapi au plus profond du sang, duende qui ouvre la bouche pour que passent ces « mots de passe pour la lumière » qui voient une porte dégondée devenir table pour les amis et cette même table devenir porte par où passera l’amour et l’amitié.
J’aime à imaginer Serge Pey demandant comme Emily Dickinson à Mr. Higginson à propos de ses vers, « sont-ils vivants ? » ? Eh bien oui, c’est dans la vie que déboulent les vers de Serge Pey, une vie où le poème est « toujours un souvenir de l’avenir ». Henri Meschonnic avait bien raison lorsqu’il affirmait que toute la poétique de Serge Pey était une poétique de la vie. D’une vie battante, combattante, en lutte contre toutes les semblances, les contrefaçons, les fétiches de la marchandise généralisée.
Que celui qui dit venir « des lisière de la Révolution Permanente et du soleil noir des anarchies » soit le bienvenu ! Qui dirait que nous n’avons pas besoin aujourd’hui de tels guerriers de l’imaginaire dont Patrick Chamoiseau disait qu’ils savaient que « la bataille sera sans fin, et de tout instant », qu’ »il ne devra jamais baisser la garde », que « c’est seulement cette veille qui fait de ce pacifique non-dominateur, un guerrier. »
Serge Pey, Ahuc, poèmes stratégiques (1985-2012), Flammarion, 25 euros
16:31 Publié dans Du côté de mes publications | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : serge pey, ahuc, poésie, oeésie action, dvd
03/03/2013
Michel Ménaché à propos de Bienvenue à l'Athanée de Daniel Biga
Avec son dernier recueil, Bienvenue à l’Athanée publié par les éditions de l'Amourier, collection Poésie (13 euros), Daniel Biga n’a rien perdu de sa pugnacité langagière, mêlant désinvolture et provocation avec une jubilation roborative (sinon ostentatoire !). Deux plaquettes antérieures sont reprises en ouverture : Histoire de l’air et Sept anges. Bigarraies, big Arrures et autres jeux de langue se dévident, démystifient les codes sociaux et culturels, brocardent « la dérisoire grandeur du poète ». Au vitriol, Biga se parodie lui-même dans le Praeambulus, intègre à ses élucubrations et fulgurances des bribes décrochées des textes d’auteurs tutélaires : « le vieux scribe convie ses frères et sœurs humains au partage des souffles, gâteuseries, bouffitudes de son existence jusqu’au bout du fini, se -et leur- souhaitant affectueusement cette inéluctable, et pour ce qui le concerne proche, « bienvenue à l’Athanée... » Dans les turbulences familières d’un Verre Again (Jean-Pierre Verheggen), « entre zut et zen », Dany Bibigaga désarticule les mots et la syntaxe, dynamite joyeusement son propre vécu revisité sous le feu de cocktails de mots Molotov… Toutefois la gravité et l’émotion percent sous le sarcasme, l’angoisse existentielle surgit au détour du calembour. L’auteur est « entré en écriture comme on entre en religion […] Quand la page et moi nous unissons - là est l’utopie et là est l’espoir - notre communion tend à l’absolu…» Et il se livre ou se masque à travers d’illustres voix tragiques dans le brouillage des pièces détachées de son puzzle bibliographique, sans ménagement excessif pour les gloires du panthéon universel : « sur la Route durant Cent années de Solitude moi aussi suis allé au Bout de ma nuit sur la page moi aussi Né et Mort à Venise moi aussi enculé par Notre-Dame des Fleurs moi aussi j’ai hurlé avec le Grizzli sur la Montagne Magique Lourde Lente moi aussi Possédé moi aussi Âme morte […] moi aussi Au-dessous du Volcan lisant l’écriture écrivant la lecture page noire comme page blanche ont l’Eternel à révéler. »
Dans la relation amoureuse, la femme à visage multiple, évanescent, interchangeable, s’inscrit dans la précarité de l’union, avec cette difficulté permanente pour l’auteur à s’identifier comme à se situer par rapport à l’autre, à lui reconnaître son autonomie et éprouver ou partager son ressenti : « là haut nous avons regardé vers le monde et les siècles dessous nous / ensemble / (moi qui ne suis qu’un homme seul et séparé ho sceso milioni di scale dandoti il braccio ( Eugenio Montale))… » Ou encore, quand le mystère s’obscurcit, tel Verlaine en son rêve étrange et familier, la confusion des sentiments s’ajoute à la crise identitaire : « une jeune femme m’accompagnait souvent différente / je m’en apercevais à peine / (mais moi aussi je n’étais pas toujours le même : qui étais-je ? plutôt qui était-il ? qui était-elle…) »
Dans Sept Anges, entre dérision et lyrisme distancié, Biga évoque « la merveilleuse mécanique du monde » et s’interroge entre détresse et tendresse sur le mode métaphorique : « L’homme serait-il la chrysalide de l’Ange ? »
Surtout, dans Bienvenue à l’Athanée, la causticité s’exacerbe sur le mode carnavalesque, avec des fantaisies langagières plus ou moins heureuses mais qui le plus souvent touchent juste. Ainsi sont débusquées (et non embouchées) « les tromperies de la renommée », épinglés « vents et vanités des zespoirs et zescroqueries », mis à nu « les zuts-topistes », réduits en pièces les « bouledogmes zinzintégristes » ou encore expéditivement vitupérés les « zinzin-quisiteurs… » Le discours s’égrène, grenade dégoupillée, en tornade ou par rafales, au risque de déboussoler et d’étourdir le lecteur…
Cette troisième séquence du recueil s’achève sur la fuite du temps et l’énumération des figures naguère familières de notre culture fourre-tout, celles de la scène et de l’écran ou de toutes les mythologies intimes, éclectiques, de notre génération : « En cinquante ans j’ai vu mourir un Monde… »
Depuis Les Oiseaux Mohicans, Daniel Biga a publié une trentaine de recueils. Ses jeux de langue insolents et décomplexés, en langue d’aïl, en rital, en pingouin, et autres zidiomes, apportent un souffle ravageur, à la diable, et redonnent le goût du rire (rabelaisien ?) dans notre paysage poétique qu’encombrent trop souvent des Pléiades de Trissotins désincarnés…
19:12 Publié dans Mes ami(e)s, mes invité(e)s | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ménaché, daniel biga, athanée, poésie
02/11/2012
In Memoriam Jacques Dupin - 2 -
Jacques Dupin
M’introduire dans ton histoire
P.O.L, 22 euros
Jacques Dupin critique ? Oui, et Valéry Hugotte qui signe ici un beau texte d’éclaireur, juste et retenu, a raison de rappeler l’affirmation de Baudelaire dans son Richard Wagner : « tous les grands poètes deviennent naturellement, fatalement, critiques. Je plains les poètes que guide le seul instinct, je les crois incomplets. ». Critique parce que poète et poète avant tout parce qu’il sait entendre dans cette « insurrection de la langue contre la langue » marcher la poésie ; parce qu’il sait la voir, ici ou là, disparaître, irréconciliée et fiévreuse, au tournant du poème « dans sa traversée aveugle de la langue et du monde ».
Cependant, qu’on ne s’y méprenne pas ! On ne trouvera dans ce livre ni le panthéon poétique de Jacques Dupin ni toutes ses lectures aimées! La lecture de ces « venins bénéfiques et envahissants », il arrive qu’elles trouvent leur place directement au détour du mot d’un poème – Ainsi d’Artaud, Leiris, Michaux… - ou qu’elles demeurent, les ravissantes, aux cachots de son histoire, à lui. Ici, nous ne connaîtrons que celles « demandées » pour une préface, un hommage, un recueil critique…Et certes les deux peuvent aller l’amble, comme on le verra à propos du poème de Nicolas Pesquès, La face nord du Juliau. Mais quoi, il y a lire et lire en vue d’écrire : deux actes, deux lumières !
Ce livre nous donne à parcourir les textes que Jacques Dupin écrivit pour/sur ses amis poètes entre 1953 et 2006. Ainsi va-t-on de Pierre Reverdy à René Char en passant par Francis Ponge et le encore trop peu connu Jean Tortel sans oublier Philippe Jaccotet et, proche d’entre les proches, « compagnon dans le jardin » : André du Bouchet. Mais aussi Paul Celan, Maurice Blanchot, Georges Schéhadé, Guy Levis Mano, Charles Racine, Octavio Paz,, Edmond Jabès, Jacques Prévert, Paul Auster, Claude Royet-Journoud, Adonis, Vadim Kozovoï, Faraj Bayrakdar, Pierre Chappuis et des plus jeunes tels que Nicolas Pesquès, philippe Rhamy et Jean-Michel Reynouard auteur de cette eau des fleurs, inclassable.
M’introduire dans ton histoire, ce premier vers d’un sonnet sans titre de Mallarmé de 1886 vise moins à introduire le moi que l’autre qu’il porte et qui souvent le déporte ! Lire, c’est s’appauvrir notamment de ce moi imaginaire qui nous sert à croire que nous existons. Si Jacques Dupin sait qu’avec lui ils sont peu nombreux ceux qui s’effacent pour écrire, dans ce livre, il nous montre combien il sait aussi s’effacer pour lire. Et selon les mots mêmes de Mallarmé, c’est en « héros effarouché » d’avoir « du talon nu touché quelque gazon de territoire » qu’il s’introduit dans ces « histoires ». Jacques Dupin sait rendre les armes. Il sait qu’écrire sur la poésie exige de faire taire en nous cet orgueil qui croit comprendre ce qui lui échappe et écouter au contraire cet insaisissable, aimer le voir s’accroître, s’élancer haut dans le jour et passer toujours plus impénétrable dans le coup de vent qui polit nos yeux avant de les fermer. Définitivement. Car saccager. Et passer est sa vérité.
Ces intrusions sont l’occasion d’un dialogue de l’amitié qui se confond avec la poésie même quand elle est la Dérangeante, celle qui s’entremet et bouscule tout ce qu’il y a de figé dans les différentes strates de la réalité du monde et du langage.
14:41 Publié dans Du côté de mes interventions, Du côté de mes publications | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mort de jacques dupin, valéry higotte, poésie, poètes
12/10/2012
Lu 84 - Daniel Biga - Bienvenue à l'Athanée, éditions de l'Amourier, fonds poésie
Daniel Biga, c’est Nice. C’est un amour douloureux de Nice. Et même s’il en a souffert et souffre encore bien des colères par manque d’air, caractéristique essentielle de toutes les erreurs, les catastrophes, voulues ou pas, fruits des incompétences parfois et de l’avidité de quelques-uns toujours, il en aime toujours la beauté doublée de cette fragilité qui la rend si précieuse et si poignante. Et la langue qui erre, aujourd’hui, fantomatique sur les lèvres de quelques ombres. Qui toujours plus s’effacent.
Daniel Biga, c’est une vie artistique exemplaire que deux sources alimentent : les arts plastiques d’une part – on oublie souvent sa participation, au début du moins, à ce que l’on a fini par appeler L’école de Nice – et la poésie, la littérature d’autre part – je pense à sa participation dès 1962 à la revue Identités de Marcel Alocco, Jean-Pierre Charles, Régine Lauro…Là, la modernité se trouvait convoquée et interrogée. La pratique du cut-up – héritée des poètes de la Beat Generation – et du collage a toujours correspondu pour lui à la rumeur de fond du monde, à la multiplicité des voix, au tohu-bohu des images. Dans son œuvre : tons, idées, accents, langues se mêlent, s’entremêlent pour favoriser l’émergence d’un drôle de millefeuilles, produit d’une écriture épaisse, crémeuse et craquante à la fois, une écriture en volume que l’on trouve dans ce Bienvenue à l’Athanée qui vient de paraître dans le Fonds poésie des éditions de l’Amourier ( 13 euros).
Outre ce titre à l’humour noir dévastateur, l’originalité de ce livre est qu’il est précédé de deux autres textes plus anciens et aujourd’hui épuisés : des extraits d’Histoire de l’air paru en 1984 et Sept anges paru en 1997. Or entre ces trois textes, aux écritures pourtant bien différentes comme s’il s’agissait des traces que laisserait la pointe d’un sismographe qu’on aurait placé en prise directe sur différents moments de ton existence, ça circule et ce qui circule, c’est une figure : celle de l’ange, cet étrange messager qui n’est pas que la pure figure d’ un pur esprit mais au contraire le compagnon quotidien, l’intermédiaire entre l’homme et le Tout Autre – le Rien ou le Tout, Daniel Biga s’en moque ! Pour lui, l’ange est du côté « des ombres, des fusains, des plantes, des miroitements, des eaux légères, des reflets, des parfums, des effleurements, des ondes, des caresses imperceptibles ». Il est moins le secret que ses abords multiples.
Il ya dans la poésie de Daniel Biga l’affirmation d’une forte présence au monde jusque dans ce qu’il a de plus âpre : la solitude, la perte, le déclin, la mort. Aimer le monde, c’est aussi arriver à pouvoir dire oui à l’inacceptable et pourtant totalement invitable, celui de toute mort.
A l’Athanée, on nous attend ! La Poévie de Daniel Biga – Il a inventé ce mot-valise pour signifier cette fusion, cette relation d’infusant/infusé entre la poésie et la vie/la vie et la poésie –force les passages, va de l’avant contre toutes les aliénations que notre monde secrète à l’envie. Cette force d’insoumission, Daniel Biga ll’installe au cœur de la langue, il la jazze. Dans Bienvenue à l’Athanée, on a ce tissage/métissage de tons, de sons, de langue (l’anglais y côtoie le Nissart !) ; ces ruptures de syntaxe, ces jeux de mots, ces collages/citations. Daniel Biga coupe, ravaude, crie, harmonise soudain, fait silence. Ça « mezcle » pour donner cours à une figure de la poésie.
Il est urgent de lire Daniel Biga pour son amour de la saveur mortelle du monde, son goût de l’intériorité, son sens tout particulier de la recherche spirituelle, sa pratique singulièrement jouissive de l’écriture poétique qui ouvre le poème sur émotions et vie nouvelle.
Bienvenue à l’Athanée, ce dernier saloon où l’on cause Poévie est aussi un salut aux vivants que nous sommes !
18:03 Publié dans Du côté de mes publications | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : daniel biga, alain freixe, poésie, éditions de l'amourier
A propos de Michel Butor poète - Résumé de mon intervention aux rencontres de Forcalquier des 07-08 juillet 2012
« Plus utile que jamais ! Indispensable ! » la poésie, dit Michel Butor
À quoi bon la poésie ? Si elle n’a pas à voir avec vivre, avec ce qu’il en est de vivre, ses contradictions, ses fatigues, cet épuisement qui nous tient. Aussi. À quoi bon la poésie si elle n’est qu’un jeu de langage, belles fleurs de serre stériles. Simple jeu de l’intellect, belle coque certes décorative mais vide. Ou alors étonnante conque, et quel exotisme alors où perdre son imagination. À quoi bon la poésie si elle n’aide pas à vivre, pas côté béquille consolatrice mais bien plutôt bâton de marche, bâton ferré pour un métier de pointe ?
J’aime que Michel Butor en toute occasion en clame l’utilité. Et n’est-ce pas sous ce titre provocateur L’utilité poétique qu’il a publié aux éditions Circé en 1995 ses cinq leçons de poétique, lues à la villa Gillet de Lyon au cours du premier trimestre 1994 .
J’aime que par delà ceux pour qui la poésie est hors champ, pas même ennemis, pire indifférents, ceux qui se contentent de hausser les épaules et passent, voûtés, dos maçonné sur l’horizon, col relevé, sans cou ni regards, il ne s’en laisse pas conter par ceux qui, idéalistes de peu, se prétendent ses amis, et qui pour la tirer hors de la fange de ce monde et la garder pure de toute dévastation la disent « inutile » croyant par là l’honorer. J’aime le voir régler leur compte à ses faux amis, ces êtres qui jouent du paradoxe et qui la disant « inutile » osent affirmer que c’est justement en cela qu’elle est vraiment « utile », paradoxe sophistique dont Michel Butor dit qu’on l’a « entendu jusqu’à la nausée ». Oui, ce sont des « paradoxes de supermarché », de purs jeux de langage.
Poésie ? Le mot chez Michel Butor occupe une position stratégique vis-à-vis de tout ce qui est affaire de langue : religion, musique, science, économie, politique et si tout ce qui est affaire de langue est au cœur de nos vies d’hommes, là où se joue la question de leur dignité donc du sens, alors au cœur du cœur, cœur de feu, il y a la poésie.
Poésie ? Le mot chez Michel Butor s’entend au plus près de son sens. Il dépasse les oppositions de genre aussi traditionnelles que figées.
Poésie est ce que font les poètes et poètes sont ceux qui facteurs de langue, artisans, fabricateurs d’un objet dont le ton singulier fait qu’il ne se ferme pas sur lui-même mais qu’il vibre de tous ses mots, rayonne entre ses lignes, brûle du fond de ses images et projette sa lumière et sa chaleur autour de lui. Ce « ton » est de l’ordre de la musique. De l’ordre de la prosodie, dit Michel Butor. Prosodie, le mot fait signe vers ce travail dans et sur la langue qui voit l’écrivain remuer les mots jusqu’à « passer de l’autre côté de (leur) surface » fracturer les clichés, ouvrir des brèches dans les tournures anciennes, organiser autrement les textes, faire boiter les formes fixes de la tradition, inventer d’autres usages pour les blancs, la ponctuation…et toujours rythmer la langue dans l’émoi, sous les coups de butoir du monde, les surprises qu’apportent tous les jours À l’écart où vit Michel Butor les artistes qu’il accueille toujours avec une générosité rarement égalée.
17:42 Publié dans Du côté de mes interventions, Du côté de mes publications | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : butor, freixe, poésie, utilité
Jean-Luc Despax - un poème
Jean-Luc Despax est né en mai 1968. Il est poète et écrivain. Il préside le centre français du PEN club.
Dernier livre paru: 220 slams sur la voie de gauche, éditions du Temps des Cerises.
Chez le même éditeur viennent de reparaître ses poèmes politiques et satiriques: Des raisons de chanter.
Orwell 2012
Bacon and eggs and good coffee
Dans un hôtel du bout du monde
Breakfast anglais globalisé
Faut-il que Big Brother me gronde?
"Reprends des forces mon ami
Dans ce panopticon glacé
Couleur dollars gimme, gimme
Ton esprit critique affûté.
Ne pense plus petit Français
Cela fait du tort à l'argent
Quand nos résultats sont mauvais
C'est la faute de vos tourments."
Voilà que mes oeufs sont brouillés
Et mon café... empoisonné
Le novlangue: lyophilisé
Diffuse culpabilité.
17:27 Publié dans Mes ami(e)s, mes invité(e)s | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jea-luc despax, poésie
04/10/2012
Turbulence 54:Après la commission Poésie du CNL dont on est sans nouvelle, c'est au tour du Printemps des poètes...et je ne dis rien de ce qui se passe chez nous!
Je relaie au plus vite l'appel du Printemps des poètes lancé par Jean-pierre Siméon.
Il a beau dire le social, il a beau faire, vient un moment où ceux qui travaillent à donner d'autres images que celles dans lesquelles il peut se reconnaître, vient un moment où il lâche! Je terminais une note sur le retour d'Orphée, la formidable collection initiée par Claude Michel Cluny et soutenue/publiée par les éditions de la Différence aujourd'hui dirigées par Colette Lambrichs et Claude Mineraud par ces mots: Ne laissons pas ces voix que "la poésie fait résonner dans toutes les langues du monde, depuis l'origine des temps" n'être que "le versant occulté de la mondialisation". Portons-les jusqu'aux rivages de la lumière"!
Que Monsieur Vincent Peillon; Ministre de l'Education Nationale, réagisse! Qu'il fasse le saut arrière! Qu'il soit du bon côté du bond!Qu'il aide encore au "sommeil actif", à "l'inaction belliqueuse", selon les mots de Jacques Dupin, de la poésie. Il y va encore, sur ce versant là, de l'humain. De l'humain en formation.
AF
Nice le 04 octobre 2012 à 14h56
Chers Amis,
Le Printemps des Poètes est dans une situation critique : après 10 années de réductions constantes des moyens alloués à l'association, le ministère de l'éducation nationale nous a annoncé au cours de l'été la coupe imprévue de 40% de la subvention 2012. (60.000 € de moins).
Cela entraîne un défaut de trésorerie tel qu'il implique la disparition à brève échéance de la structure, et consécutivement de la manifestation.
Le ministère de la culture, qui maintient son soutien, ne peut compenser ce retrait ; la seule solution est pour nous de récupérer auprès du ministère de l'éducation nationale la somme qui manque avant la fin 2012.
Vous pouvez nous aider en écrivant personnellement au Ministre de l'éducation nationale, pour lui dire votre attachement au Printemps des Poètes et témoigner de l'importance de son action auprès des acteurs éducatifs et culturels.
Ce peut être une lettre brève, mais vous comprendrez que plus le ministre recevra rapidement de nombreux courriers l'alertant sur la gravité de la situation et l'inquiétude qu'elle suscite, plus nous aurons de chances d'obtenir gain de cause.
Adressez votre courrier à : Monsieur Vincent Peillon
Ministre de l'éducation nationale
110 rue de Grenelle
75357 Paris SP 07
Merci par avance pour votre soutien, je vous tiendrai bien sûr informés des suites.
Bien amicalement à tous,
Jean-Pierre Siméon, directeur artistique
et l'équipe du Printemps des Poètes :
Maryse Pierson, Céline Hémon, Célia Galice et Emmanuelle Leroyer
ps : Nous préparons néanmoins la manifestation 2013 : "Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent" Victor Hugo
N'hésitez pas à nous contacter pour plus d'informations :
avec@printempsdespoetes.com
01 53 800 800
Le Printemps des Poètes
6 rue du Tage
75013 Paris
CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES POUR LA POÉSIE
14:58 Publié dans Dans les turbulences | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, printemps des poètes
04/08/2012
Balise 75-
« Il y a si longtemps que l’on sait que le rôle de la philosophie n’est pas de découvrir ce qui est caché, mais de rendre visible ce qui précisément est visible, c’est-à-dire de faire apparaître ce qui est proche, ce qui est si immédiat, ce qui est si intimement lié à nous-mêmes qu’à cause de cela nous ne le voyons pas . »
Michel Foucault
12:05 Publié dans Balises | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : michel foulcault, philosophie, poésie, visible
15/07/2012
Lu 79 - André Velter - Avec un peu plus de ciel (Gallimard)
Entrer dans un livre d’André Velter relève toujours de la mise en route. D’une sortie « des éclairs plein les poings / la tête à l’abordage », tant ils sont travaillés par un « futur intérieur », un « futur infaillible ».
Avec un peu plus de ciel* ne déroge pas à cette mise en mouvement d’un qui ne « (sera) jamais à quai » dans la poésie telle qu’on peut en parler sans la vivre – Il faut lire la belle adresse à Antonio Machado depuis sa tombe où il tient, grâce à une boite aux lettres toujours en éveil, « table ouverte » par delà la mort et le temps, à Collioure. Et il la vit André Velter, la poésie. Au plus noir de leur écriture, ses poèmes gardent rythme, souffle et chant. Imaginez, vous êtes chez vous, vous lisez et la voix monte jusqu’à passer la barrière de vos lèvres tellement le désir de s’arracher au papier emporte les mots d’André Velter vers la parole à voix haute, celle qui fut toujours sa belle querelle. Monte aussi à la pensée de qui lit « entre les lignes / ce qui se décline en arpèges en énigmes » la sensation d’une lumière plus vive, celle soudaine d’un bleu revenu au plus incertain comme au plus sombre d’un ciel à basse fréquence.
Avec un peu plus de ciel n’est ni un bloc de papier, ni un bloc de marbre mais bien l’œuvre d’un « alchimiste » qui transforme le sang – le sens au plus près ! – en mots comme l’autre « qui sait le prix du sang / à l’heure abrupte de Séville » quand sonnent les cinq coups dans l’après-midi entre les cornes des Mères disait Lorca.
La poésie d’André Velter est une poésie dans laquelle le corps est engagé. Si c’est « à mains nues » qu’on affronte les parois, qu’on grimpe, qu’on « (escalade) la nuit » quand la nuit est la flèche de Notre Dame de Paris et qu’en toute illégalité, on va, « le souffle (faisant) corps avec le vide », « à la verticale de soi », c’est aussi « à mains nues » qu’on écrit, qu’on tâtonne sur la page où creuser la langue est – verticalité inversé – descendre au plus obscur de soi-même.
La poésie d’André Velter est une poésie de coups de reins – « D’un simple coup de reins / j’ai dévié la mort » écrit-il – de contretemps, de suspens qui brisent ainsi le cours du dire et qui voient l’élan initial renaître comme si la source du mouvement était prise dans le mouvement lui-même, qui tirait vers le haut à l’aide de ces « mots funambules » qui font vibrer la corde du poème.
Le corps qui monte comme le poème qui va s’écrivant sont tous deux arc tendu par deux forces de sens contraire. Si l’une tire vers le haut, l’autre tire vers le bas. Au point de rencontre, si le risque est celui de la chute, il est aussi la condition, dans « une éclaircie des muscles des os », d’un « sursaut hors de tout » jusqu’à « ce plus de ciel » sur quoi ouvre et le sommet et le poème. Ce sont là des moments où, flèche décochée, on peut sentir son « âme à la verticale ». Oui, André Velter a le sens de la verticalité. Il sait ce qu’il en coûte de se redresser, de se mettre debout et d’aller vers ces instants où, « grain de sable / dans le bec d’un oiseau », l’éternité vient sidérer le temps d’ici, ouvrant alors sur ce « réel inouï », cette plénitude d’être qui, débordante toujours, passe comme cet « un peu plus de ciel » dans cette nuit de Notre Dame de Paris, quand la nuit est toute la nuit et qu’elle « ne cache rien », qu’elle « ouvre son baiser sombre / son brasier d’étoiles filantes » comme dans ces « partitions funambules » que sont les poèmes où les mots « changent sans cesse / la texture subtile du monde ». Là, « à une corde près », détaché de tout, « tout est là qui n’attend pas ». « Présent et enfui / sous l’archet qui reprend ses errances ».
Alors que les temps sont à l’asphyxie. Que l’on étouffe sous les mensonges, les vilenies, les mots dévalués ou perdus. Lire André Velter, c’est prendre quelques grandes bouffées d’air – coups de vent, c’est coup d’âme ! - et respirer avec son cœur « dans une reprise de violoncelle. »
*André Velter, Avec un peu plus de ciel, Gallimard, 10 euros
13:04 Publié dans Du côté de mes publications | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré velter, gallimard, poésie
12/07/2012
In Memoriam Bernard Mazo
Au moment où j'apprenais la mort de Bernard Mazo - en ce 07 juillet 2012 - une hirondelle "(rayait) la grande vitre bleue du ciel", ici, dans mes montagnes.
Très vite, j'ai repris les notes de lecture que j'avais ecrites sur le poète discret qu'il était, le plus souvent au service des autres, toujours soucieux de transmettre cette poésie qui devait lui permettre de toujours mieux vivre. J'ai retrouvé son rêve: "n'être plus / désormais / que le vol furtif / de cette hirondelle / rayant / la grande vitre bleue du ciel."
Voilà que c'était fait!
Je redonne ici en hommage la note de lecture que j'avais consacrée à La cendre des jours paru en aux éditions Voix d'encre avec des lavis d'Hamid Tabouchi:
"Poète, on sait Bernard Mazo homme de patience. Sa lenteur à publier – son dernier livre, Cette absence infinie, au Dé bleu, date de 2004 – est veille obstinée sur la langue et souci de composer non un recueil mais un livre, bâti comme on choisit les pierres du mur que l’on entend dresser moins pour séparer que pour pouvoir retenir les terres et s’adosser à lui afin que file, libre et tranquille, le regard. Au loin.
Armé, ce livre l’est d’abord par les toujours belles reproductions auxquelles Voix d’Encre nous a habitués dans toutes ses productions – Ici, ce sont des lavis d’Hamid Tibouchi dont les tons grisés de mousseuses écumes font vibrer les noirs – ensuite, par les paroles choisies par Bernard Mazo d’Héraclite à Yves Bonnefoy qui ouvrent les différentes sections de cet ouvrage. Lavis et citations sont moins clés qu’armure, et qu’on veuille bien entendre ce mot en son sens musical comme ce qui détermine la tonalité d’une partition.
J’aime la posture de Bernard Mazo, j’en partage la cambrure, c’est celle qui pose en ouverture : « l’espoir est une veilleuse fragile », poème qui « sur cette terre vouée au désastre », « au cœur de la nuit carnassière » lève haut l’endurance de l’homme à tenir comme chance à venir : « nous tenons nous résistons / nous nous arc-boutons / contre vente et marées » à partir de « l’ombre désespérée de la beauté » qui traverse les mots du poème. Les redressant, ils redressent les hommes que nous nous efforçons de toujours plus devenir. « Désespérée » car « le poème / ne peut se fonder / que sur ce qui est / condamné à mourir ». C’est qu’en effet le monde se défait comme travaillé par les forces du déclin. Nous voyons cela. Aussi ne pouvons-nous que tenter – Et c’est toujours à reprendre, à recommencer. C’est pourquoi Bernard Mazo avoue : « C’est toujours / le même poème imparfait / que j’écris et réécris « - de « nommer ce qui va s’effacer », cette « insaisissable beauté / du monde », soit cela qui nous saisit, nous transit, avec quoi nous fusionnons dans l’instant, cette « inespérée » qui ne cesse de se défaire dans les mots qui prétendent articuler sa présence.
Le poème qui, pour Bernard Mazo, « n’est pas / seulement / le poème / mais la mémoire / préservée / du monde », est cendre où il y a de quoi protéger pour qu’elle dure, la graine du feu.
Bernard Mazo ne pousse pas la voix, ne hausse pas le ton. Il va inquiet et fragile, avec simplicité, amant définitif de la poésie qui à ses yeux reste « la seule à (inscrire) / dans la chair des vivants », « la seule trace durable », celle de « l’obscure rumeur du temps » comme de « l’éblouissement / du premier matin. »
Traverser le monde, traverser la langue, sans « (réveiller) les dieux », sans « renoncer » même si « la vie / nous oppresse », en résistant à tout ce qui nous défait, en espérant « trouver / la parole juste / pour pleinement / exister / combler / le manque / ressusciter / la respiration légère / des choses », c’est traverser certes un champ de ruines mais au moins celui-ci est-il « un labour ensemencé », selon les mots de Jacques Dupin, prêt, dans l’attente de la rencontre avec « l’absente », « l’inespérée », « bel oiseau frémissant / que la beauté foudroie ».
Bernard Mazo l’appelle « Poésie » !"
22:32 Publié dans Inédits, Mes ami(e)s, mes invité(e)s | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poésie, in memorian, bernard mazo
06/05/2012
Lu 78 - Serge Pey & Joan Jorda, Les poupées de Rivesaltes, Quiero éditions
Serge Pey, l’homme de la poésie-action, des bâtons à parole levés contre toutes les injustices, tous les enfermements et Joan Jorda, peintre, sculpteur et graveur dont l’œuvre est toute emportée par la force d’une « révolte permanente » à l’égard du cours du monde. Tous deux catalans « retirés » à Toulouse. La « retirada », rappelons-le, fut ce moment du temps qui jeta les républicains espagnols sur les routes de l’exil et dans « les camps gardés par l’armée française ». La liste en serait longue, le titre choisi pour ce livre de dialogue entre un poète et un peintre évoque ce camp de Rivesaltes, en Roussillon, sur les barbelés duquel Serge Pey écrit que lui et Joan Jorda cousent des poupées, sous les yeux des soldats*.
Pour faire tresse, il faut un troisième homme. Ce sera ici le metteur en pages des jeunes éditions Quiero, basée à Forcalquier (04), Samuel Autexier que je voudrais saluer pour cette mise en rythme qui du passé fait table mise pour la joie d’une cène athée, d’une « éternité / sans lendemain », celle de « l’anarchie qui est « la joie du poème » quand le poème est arrachement à la « doxa de l’idiotie intellectuelle », insoumission à la langue qui carapaçonne l’opinion, à la communication, cet ennemi le plus sournois » dont parlait René Char.
Mise en rythme qui au moyen d’une typographie très originale, toute en noir et rouge, juxtapose le poème de Serge Pey, Les poupées de Rivesaltes à des textes et des lettres adressées à Joan Jorda sur la peinture, le poème et leurs enjeux, tout en faisant jouer ces mots avec les reproductions d’une vingtaine d’encres sur papier de Joan Jorda.
Mise en rythme qui conspire contre la pétrification de la parole et libère le temps où peut s’entendre la voix de ceux qui ont « perdu la guerre et la république », voix des « vaincus qui ont eu raison » et qui fait que « leur défaite (sera) plus grande que leur victoire ».
Il y a une colère rouge et noire dans ce livre. Elle court et se dresse dans les pages de ce livre, c’est celle de toutes nos « victorieuses défaites écrit Serge Pey.
Il y a du désespoir dans les dessins et la peinture de Joan Jorda, œuvre toujours habitée par des êtres vivants, hommes/animaux aux corps douloureux comme il y du désespoir dans les poèmes de Serge Pey, un désespoir qui sans espérance aucune fonde pourtant un espoir, celui d’un « présent éternel » et qui au bonheur préfère la joie qui éclate toute dans « l’éternité des moments ».
Dans ce livre, le plaisir du texte et des images s’est fait corps.
Ici, vous en verrez deux qui tapent du pied, l’un en écrivant ses textes qui seront proférés lors de telle ou telle mise en action ; l’autre en dessinant et peignant « ce qui reste quand on s’est débarrassé de tout ce qui est beau ».
Ici, vous en entendrez deux qui s’efforcent encore et toujours de « trouver l’homme à l’intérieur de l’homme ». De quoi trouer l’actualité du moment, non ?
* Serge Pey & Joan Jorda, Les poupées de Rivesaltes, Quiero éditions, 22 euros
11:14 Publié dans Du côté de mes interventions, Du côté de mes publications | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : pey, jorda, camps de rivesaltes, poésie, peinture
Turbulence 51 - Questions...
En quel dehors trouver la force qui rendrait possible un devenir soit ce qui intéresse non notre avenir mais notre présent? Quelles pratiques revisiter, inventer pour participer à sa construction? Que peut la poésie?
11:09 Publié dans Dans les turbulences | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : temps, présent, poésie, questions