Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/01/2011

De Nice parce que j'y vis: bouon cap d'an et de catalogne nord parce que j'en viens: bon any nou!

Six mois loin du blog! Ceux qui me connaissent savent que je n'ai pas rien fait durant tout ce temps. Les jours ont poussé les jours.

Je profite de ce premier jour de Janvier 2011 pour le réactiver souhaitant aux passants des terres de P/oesie tous mes voeux pour cette belle et bonne énergie, grande ouvreuse de routes.

N'oubliez pas ces mots d'André Frénaud: "Le salut, c'est : en marche! "

18/04/2010

Alain Freixe / Robert Lobet - Dans les couleurs du froid

DSCF1530.jpgSur papier Conquéror 250g, format 16x15 cm, impression numérique et sérigraphie pour les textes, DSCF1497.jpgaccompagné de deux peintures originales.

Tiré à 99 exemplaires numérotés et signés par les auteurs.

 

Prix : 25 euros

ISBN 978-2-918610-03-8 9782918610030

 

 

Quand les Editions de la Margeride et Robert Lobet, artiste du livre, réunissent arts graphiques et poésie, des rêves de voyage se posent sur les mots. Gravures et dessins accompagnent les poètes dans une secrète complicité pour offrir des ouvrages rares au plus large public. Venus d'horizons parfois bien différents, les textes trouvent, à l'abri des pages, le lieu du passage de l'intime aux grondements du monde. Robert Lobet, fondateur des Éditions de la Margeride, est peintre et graveur, il vit et travaille à Nîmes dans le Gard. Entre Nord et Sud, Norvège et Moyen Orient, ses œuvres nourries d'humanisme portent la marque du voyage et des paysages qu'il affectionne.

 

Contact : alain.freixe@ wanadoo.fr ou robert-lobet@wanadoo.fr

Sites : http://www.robert-lobet.com/ et http://editionsdelamargeride.com

 

12/04/2010

Jalel El Gharbi- Prière du vieux maître soufi le lendemain de la fête (extrait)

photo.jpgJalel El Gharbi : universitaire tunisien, critique littéraire auteur d’essais sur Deguy, Baudelaire, Supervielle, Claude Michel Cluny, José Esnch.
Il se sent fortement concerné par le dialogue des cultures et œuvre pour ce qu’il nomme Orcident ou Occirient.

Il est également traducteur et poète. Il vient de publier un recueil  Prière du vieux maître soufi le lendemain de la fête couvert.jpgaux éditions du Cygne, Paris.) Il nous en a confié un extrait:

 

Extrait de l'Abécédaire du vieux maître soufi Alif

 

J''aurais pu en rester à l'alif

Au seuil de l'alphabet

Au seuil des chiffres

Parce que l'alif est le un

La droite ligne du matin

La taille élancée de l'amour

Que je n'ai pas encore étreint

La première lettre du Livre

Et du verbe lire à l'impératif

L'alif est dans toutes les lettres

J'aurais pu en rester au seuil

Trouver le pain dans une miette

J'aurais pu n'avoir qu'un amour d'alif

Parce que l'alif dit que toute lettre

Peut devenir alif, que tout peut devenir un

Il suffit que chaque lettre pense très fort

Au grand Amour pour devenir un alif

Alif alif alif

 

Balise 60 - Pierre Legendre

" Les espaces infinis, les sciences à profusion, la^ surabondance industrielle, mais aussi l’effroi de vivre, l’individu périssable, et les dieux, mortels eux aussi.

Inlassable et solitaire, l'humanité jamais ne se renie. Elle vit, elle meurt sans compter.

Mais il ne suffit pas de produire la chair humaine pour qu'elle vive, il faut à l’homme une raison de vivre.

 

*

 

La raison de vivre, l’homme l’apprend par les emblèmes, les images, les miroirs. Qui manie le Miroir tient l’homme à sa merci."

 


Florence Pazzottu -

( Florence Pazzottu vit à Marseille. Elle a animé pendant 10 ans la revue Petite qu'elle avait fondée avec Christiane Veschambre en 1995. FloPanierNB15*22.jpgElle a publié dans de nombreuses revues et anthologies et est membre du comité de rédaction d'Action poétique. Expositions de dessins et de gribouillis à l'IME "les grands laviers", en Picardie, en 2007, à Casteldo Caldeiras et à Saint-Jacques de Compostelle, en Galice, en 2008 (commissaire d'exposition : Emilio Araùxo). Elle vient d'achever la réalisation d'un film, la Place du sujet, et son récit, la Tête de l'Homme, qui a été créé par François Rodinson à la Manufacture (CDN) de Nancy en janvier 2009, est repris à la maison de la Poésie de Paris du 3 mars au 4 avril 2010. Participe à la demande de l'artiste Giney Ayme à un projet d'exposition-film-performance qui sera présenté à la galerie la Traverse et à la Compagnie, à Marseille, en novembre 2010.

 

Livres parus :

L'espace blanc (gare maritime, maison de la poésie de Nantes, juin 2009)

S'il tranche, (Inventaire/Invention, sept. 2008)

La tête de l'homme (Seuil, collection déplacements, 2008)

Sator… (Cadastre8zéro, 2007)

La place du sujet (L'Amourier, 2007)

L'inadéquat (le lancer crée le dé) (Flammarion, Poésie, 2005)

L'Accouchée (récit, avec une postface d'Alain Badiou) (éd. Comp'Act, 2002)

Vers ce qui manque, in Venant d'où, 4 poètes, (Flammarion, 2002)

Petite, (L'Amourier, 2001)

Les heures blanches (éd. Manya, 1992 )

 

*

Pour le quotidien l'Humanité, à la faveur du Printemps des poètes 2010 dont le thème était le très discuté "couleur femme", j'ai demandé à quelques poètes de répondre à la question suivante: Quelle interprétation donnez-vous au titre de cette douzième édition du Printemps des poètes « couleur femme ? À cette volonté déclarée de louer la créativité féminine d’hier et d’aujourd’hui ? Introduiriez-vous quelques bémols dans cette partition ?

De Florence Pazzottu, nous avons publié, à côté de celles de Marie-Claire Bancquart, Patricia Castex-Menier, Valérie Rouzeau, Fabienne Courtade, Véronique pittolo, Liliane Giraudon, Suzanne Doppelt, dans l'Humanité (www.humanite.fr) du 8 mars 2010 - voir  la réponse suivante:

 

"En 2007, Florence Trocmé avait pour le site de Poezibao lancé une enquête dont la première question était : "Pourquoi si peu de femmes poètes de grande stature?" La question me semblait, avais-je dit, à la fois étrange et nécessaire. Sans doute, sont-ils moins nombreux aujourd'hui ceux qui affirment comme Shopenhauer que, "dénuée de tout esprit", la femme est tout juste "bonne à la préservation de l'espèce", — même si cette pensée persiste et revient sous la forme édulcorée d'une féminité tout épanouie dans sa domesticité moderne, si bien occupée à procréer et à veiller sur son petit monde que la "création" justement ne pourrait être son affaire car elle ne verrait pas plus loin que la rondeur charnelle de son cercle terrestre. Sans doute serions-nous quelques-uns, hommes et femmes, à pouvoir partager une analyse radicalement différente : ce n'est ni par carence de génie ou de talent, ni par absence de nécessité à inventer, mais pour des raisons historiques, sociologiques, politiques, que les grandes figures de l'art, mais aussi de la science, de la découverte et de la conquête, sont essentiellement des figures masculines. Il ne fait pour moi aucun doute que ceux qui, partant de ce constat, décident de donner alors, en ce printemps, la parole aux "femmes poètes", sont animés des meilleures intentions, qu'ils sont convaincus sincèrement qu'il s'agit maintenant de "d'affronter la question et de passer à l'action". La difficulté — et elle est de taille — c'est que la question ici est mal posée, se manque dans sa formulation même. C'est que le poète Dominique Fourcade est une femme et que je suis un homme. C'est que la femme que je suis aussi ne respire que dans la mixité.  C'est que je revendique le droit pour chacun d'être étranger à soi-même. C'est que je ne sais pas ce qu'est une femme (ni, donc, un homme). C'est que d'être ainsi sans cesse renvoyée à sa "féminité" (comme l'est aussi le banlieusard à sa banlieue, l'homosexuel à sa sexualité, la musulman à sa religion, etc.), la femme, surtout si elle est poète, bondit, fait un pas de côté, sent monter en elle le cri, l'élan d'une pensée qui ne peut s'écrire que contre — contre ce qui dans la langue fige et assigne,  contre la main qui se levant pour vous aider (car "il est scandaleux, n'est-ce pas, que vous n'ayez pas plus de place!"), vous montre dans le même geste quelle place est la vôtre : femme parmi les femmes en ce nouveau printemps. C'est qu'à vouloir partir d'un constat, on s'y enlise, et n'est pas long à faire retour ce dont on voulait exorciser la menace. (Comme si on avait soudain redonné consistance aux frontières que tant d'auteurs, de lecteurs, de revues, d'éditeurs, patiemment, audacieusement, déplacent et brouillent). C'est que l'émancipation est ailleurs justement, dans l'ailleurs, dans le déplacement, dans le risque et dans le tremblement des espaces. Et ce "couleur femme" semble soudain très vieux, incroyablement immobile et rouillé, et il produit alors un petit grincement... — ah, ce doux murmure pourtant qu'il voulait être à votre oreille : "femme", n'entendez-vous pas? c'est une tonalité particulière! c'est une sensibilité, une variation délicate!... "Couleur femme" déploie devant vous, et vos yeux d'homme en sont tout émus, un panel de nuances, un miroitement d'images, si délicieusement familières : ah! que la femme est belle, exposée sur une scène ou charmant le public, ah, que la femme est précieuse et, voyez, voyez comme elle est tranquille... quand on lui fait un peu de place...

"Mais nous ne manquerons pas d'explorer également les "représentations féminines" dans la poésie (des hommes)". Ouf! ( C'est quand même sacrément bon de se retrouver chez soi, non?) "

 

 

18/03/2010

Balise 59 - Effets de Poésie

Mr Higginson, retour d'Amherst, en 1870, rapporta à son épouse les propos suivants d'Emily Dickinson à qui il venait de rendre visite:

« Si je lis un livreet qu’il rend mon corps entier si froid qu’aucun feu ne pourra jamais me réchauffer, je sais que c’est de la poésie. Si je ressens physiquement comme si le sommet de ma tête m’était arraché, je sais que c’est de la poésie. Ce sont les deux  seules façons que j’ai de le savoir. Y en a-t-il d’autres ? »

08/03/2010

Lu 52 - Quelqu'un plus tard se souviendra de nous - Anthologie de 15 femmes-poètes

POESIE COUV Quelqu'un plus tard se souviendra de nous - copie.jpgCouleur femme, sous ces mots, le printemps des poètes 2010 entend d’une part, rendre hommage aux femmes-poètes, à leur présence et à l’originalité de leur apport dans l’histoire de la poésie et d’autre part, célébrer les représentations du féminin dans l’imaginaire poétique. Le présent volume dont le titre Quelqu’un plus tard se souviendra de nous reprend un vers de Sapphô, la grecque de l’île de Lesbos, répond avec bonheur au premier souhait de l’équipe du Printemps des poètes qu’anime Jean-Pierre Siméon.

Il a suffi à la collection Poésie / Gallimard de puiser dans son fonds pour nous proposer cette anthologie de sorcières du verbe. De Sapphô à Kiki Dimoula, de la Grèce du VIIème à la Grèce du XXème siècle, ce sont 15 poètes – Pernette du Guillet, Gaspara Stampa, Louise Labé, Marceline Desbordes-Valmore, Elizabeth Browning, Emily Jane Brontë, Emily Dickinson, Catherine Pozzi, Marie Noël, Anna Akhmatova, Marina Tsvétaïeva, Louise de Vilmorin, Sylvia Plath - qui dévident le fil rouge de l’amour et du désir, chacune chantant à sa manière « Aphrodite au sein couvert de violettes », selon l’expression de celle que Platon appelait la « dixième muse ».

On sort de la lecture de ce livre en se disant que pas plus qu’il n’y a de poésie masculine, pas plus il n’y a de poésie féminine ! Il y a juste des poètes et leurs poèmes. Et en eux, cette force de la poésie qui troue la langue – ces mots à l’arrêt – pour libérer la parole. C’est cette voix que l’on entend, sous leurs textes, voix singulière qui demeure dans toute son intensité.

C’est elle qui donne raison à Sapphô : oui, quelqu’un plus tard se souviendra de (vous).

En ce printemps, soyez celui-là !

 

Quelqu’un plus tard se souviendra de nous, Anthologie de 15 femmes-poètes, Collection Poésie/Gallimard

( article paru dans le Patriote Côte d'Azur - 05 au 12 mars 2010 )

Balise 58 - Se souvenir d'Olympe De Gouges

XXème année - Journée internationale de la femme. Chacun en dira ce qu'il voudra. Juste l'occasion pour moi de mettre en avant la parole decelle qui monta sur l'échafaud le 13 brumaire 1793 et qui 2 ans auparavant avait rédigé une Déclaration des droits de la femme:

"Femme, réveille toi! Le tocsin de laz raison se fait entendre dans tout l'univers. Reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstitions et de mensonges. L'homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne."

11:28 Publié dans Balises | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie

07/03/2010

Béatrice Machet - Un poème venu des Etats-Unis

IMG_4502.jpg

Béatrice Machet : Vit dans le Var, Sud de la France, depuis vingt cinq ans. Et désormais vit aussi quelques mois de l'année aux Etats-Unis. Après un détour dans les milieux de la danse contemporaine et de la science fiction française, elle rencontre Jean-Hughes Malineau (poète alors responsable chez Gallimard de la section Folio jeunesse ) qui le premier saura lui donner confiance pour "oser" proposer ses textes à la publication. B.Machet aime à collaborer avec les plasticiens, avec les compositeurs dont Michel Chaupin le bassiste de l'ex groupe STARSHOOTER avec qui elle a fondé le groupe HADZIIN pour faire tourner un certain répertoire sous forme de récital musical, ou autres pour des improvisations, ainsi qu‘avec des danseurs. Elle est régulièrement publiée dans les revues Françaises mais aussi à l'étranger. Depuis longtemps plongée dans l’univers des Indiens d’Amérique du nord, elle s'est mise en relation avec des auteurs Indiens contemporains dont elle traduit poèmes et romans. Fait partie de l'association Le Scriptorium de Marseille, animée par Dominique Sorrente.

Traduite en Albanais , en Anglais, en Anglo-Américain. et en Espagnol. Présente sur hadziin.canalblog.com, bribes-en-lignes.fr, la toile de l'un. Ses ouvrages récents, recueils poétiques comme traductions, sont édités par les éditions VOIX et par les éditions l'Amourier

Vanderbilt University, Women’s center

Pour Nora et son zèle


Ses poings souvent se sont abattus sur moi.

Je les ai faits glisser couler …………rien n’a pénétré dans ma chair.

Seuls les mots cognent ....

Contre les lèvres au plafond du palais de ma bouche.

Ma langue ne peut les ravaler.

Je n’avais pas de larmes mais des mots oui.

Des ecchymoses bleuies sur ma peau télégramme…

Des mots rapides et sûrs.

Des voix me disaient :

écris le poème celui qui s’adresse et celui qui appelle.....

Celui qui me parle est un poème en visite par les innombrables prisons 
tues… bien que devinées.

Les mots du poème disent le cœur des femmes pardonnant aux hommes humiliés qui ensuite les battent …
et les hommes le lendemain pleurent et se confondent en excuses ...

J’écris les poèmes perdus que mon oreille par hasard recueille.

Ceux qui cherchent un toit. un abri au creux d’une guitare, d’un saxo, les égarés trompettés tambourinés …

J’écris le poème qui me cherchait comme on cherche une épaule les jours de cafard …quand l’urgence d’échapper aux coups fait voler....

Le poème du cœur où le rêve fait lever l’arc-en-ciel des mots. Il défie le soleil et embrasse le vent. … le poème n’aura ses ailes ……mais ce 
sourire.



© Béatrice Machet

06/03/2010

Lu 51 - Rouge Rothko de Françoise Ascal

Couv-Rouge Rothko434.jpgPoète, Françoise Ascal aime la peinture. C’est d’un compagnonnage qu’il s’agit. Non qu’il s’agisse de fréquenter, les préoccupations, les œuvres, l’atelier de tel ou tel peintre – en ce sens, il ne s’agit pas ici pour Françoise Ascal d’écrire sur l’art, de chercher le régime de paroles qui convient au silence qui coude les productions de l’art – mais de dialoguer avec ces images d’images, aussi diverses qu’images découpées dans des revues ou cartes postales achetées au sortir d’une exposition, que Françoise Ascal collectionne et qui sont comme son « atelier intérieur », un chantier ouvert sur le rêve. Pauvreté du support donc mais intérêt pour l’œil et la main car ces images secondes, elle va pouvoir les tourner, les retourner ; les approcher, s’en éloigner ; les faire jouer les unes avec les autres jusqu’à trouver la bonne distance, la bonne position qui en fasse comme autant de fenêtres ouvertes sur la peintures certes mais surtout dans la peinture sur la lumière.

On trouvera dans ce livre 16 reproductions, 16 vignettes et 16 textes où ce qui importe c’est moins de savoir s’il s’agit d’une lettre – à Joseph Sima par exemple – d’un poème où prose et vers se mêlent que de se laisser prendre par la pente de la rêverie qui suppose des accélérations, des sauts d’une image à l’autre, d’un bruissement à un autre jusqu’à vouloir « devenir torche ou tornade / qu’enfin tombe en cendres le trop qui m’entrave ». 16 vignettes qui s’ouvrent sur Rembrandt, Portrait de la mère assise à table que Françoise Ascal reconnaît comme sa « terre natale » et qui se terminent par Rothko, « toile de feu », « la plus rouge, la plus incandescente », celle qui appelle à « traverser les parois » jusqu’à un « là-bas, derrière les pigments », pays de la joie. Ce « dialogue secret » avec ces images où « l’intime et le collectif se rejoignent », Françoise Ascal le mène de façon non pas à nier « le noir de la peur, de la perte et du deuil », celui de la violence du monde, de la fureur des temps mais à « désencombrer la vue » afin de garder toujours vif cet « instinct de ciel » que la vie même exige.

J’aime que ces 16 cases jouent à partir d’une case vide, celle d’un « Bonnard perdu » alors que fument dans la nuit de la lucarne les bombes incendiaires et les balles traçantes sur « Bagdad, Bassorah, Nejma » - Rappelez-vous l’opération « tempête du désert » déchainée en janvier 1991 ! Manque un Bonnard « aux aubes lumineuses ». Et c’est heureux ! Comme au jeu de pousse-pousse, la case manquante permet la venue des mots possibles, c’est ici l’image perdue qui permet le libre jeu des images et que passe l’air qui au livre va donner sa respiration. Case vide comme « un interstice, une tangente », une poterne ouverte sur le dehors où il y aurait « de quoi (se) dissoudre dans les pigments colorés d’un maître en lumière ». C’est cela que cherche cette dormeuse éveillée qu’est Françoise Ascal : « abandonner son sac de peau », sortir, s’en sortir, trouver une issue ni par le bas, ni par le haut mais en se jetant à côté. Du côté où c’est toujours « de l’âme pour l’âme (…) de la pensée accrochant la pensée et tirant » selon la belle expression d’Arthur Rimbaud.

Françoise Ascal, Rouge Rothko, Editions Apogée, 12 euros

 

17/02/2010

Jeanne Bastide - La Vieille qui prie

Nouvelle image-2.jpg(A propos de Jeanne bastide, nous renvoyons nos lecteurs aux Archives du 08 janvier 2008 et à notre rubrique "Mes ami(e)s, mes invité(e)s. Elle a publié depuis un silence ordinnaire, aux éditions de l'Amourier, collection Thoth en 2009 et des livres d'artiste dont Intimité de la lumière avec Yves Picquet aux éditions Double cloche en 2007;  Le ciel n'a pas de peau, encres de Jean Millon, collection À côté des Cahiers du Museur en 2008; Un silence très clair, encres de Jean Millon aux éditions Des Cent regards en 2009.

mail : janine.bastide@club-internet.fr )

 

*

La vieille qui prie

 

Tous les matins – Debout - la vieille prie

C’est ce que tu voies

Elle prie à une fenêtre que tu ne voies pas

 

Elle prie, le front plissé – les yeux fermés - les mains cousues

Elle prie, tu crois qu’elle prie –

Les jours se répètent et elle prie

Tous les matins à sa fenêtre une vieille femme prie.

 

***

 

D’elle à toi, c’est une étendue longue à traverser – tu n’en vois pas le bout. Mais tu y arriveras. Le plus difficile, c’est le flou tout au fond. Tu entends sa voix de l’autre côté …

 

Ah oui, traverser.

Affronter la pente et cette force qui t’entraîne trop vite. Les jambes qui se mettent à courir avant que tu ne le veuilles.

Tu entends une voix… un mot que tu ne reconnais pas.

 

Le pays respire en toi – avec ses creux de souffrance - son balancement intérieur.

Il y a une joie sourde à savoir la terre immobile et constante.

Tu te surprends avec un désir de marcher ou de rire en plein vent. Tu veux voir vieillir l’arbre du chemin. Sentir les entrailles du sol sous tes pas.

Ta peau s’éveille.

Ton cri devient souffle. Le corps prend les rênes.

 

 

***

 

Puis il y a eu le jour de l’escalier.

La grand-mère n’était pas là.


 

 

 

 

 

 

Lire la suite

Lu 50 - Et si le rouge n'existait pas (Anthologie poétique)

couv si le rouge.jpgEt si le rouge n’existait pas…les poètes l’inventeraient ! Dans cette anthologie que publie Le temps des cerises, ce sont 67 poètes qui ont été réunis par Françoise Coulmin – impossible de les citer tous, vous l’imaginez ! 67 couleurs du rouge, 67 nuances pour 67 poèmes entre lesquels circule une belle énergie avec quelques sauts à pratiquer ici ou là pour maintenir vive la course.

Françoise Coulmin a eu la bonne idée de placer à la clé de cette anthologie cette affirmation de James Sacré : «  le mot rouge convient parfaitement pour tout dire » qu’elle développe en ces termes : « C’est un rouge de tous les sangs : sang des vignes et des arts, sang des corps et des femmes et sang de la colère des rues. Bain de rouge : volcans, couchant, jardins et feux. Rouge cœur et violence, sang prisons, sang martyrs. Rouge amour, rouge exil, rouge histoire, un sang puissant de vie et mort est ici décliné. Rouge. »

Si Jean Métellus montre combien on peut prendre « littéralement et dans tous les sens » ce rouge comme disait celui du « i » tant il est « propre à servir toutes les opinions / à célébrer toutes les religions », « disponible pour toutes les causes », parce qu’il est mouvement, qu’ il se prête à toutes les métamorphoses, il est force.

Rencontre de la lumière et de l’obscurité selon Goethe, il a le tranchant de tout ce qui sépare. Nous jette à côté. Dans la confusion. La déroute.

Rouge, la surprise, le heurt, l’arrêt. Rouge du poème quand en lui de l’inconnu surgit. Rouge, rupture. Déchirure. Entame. Et déjà la fraîcheur.

( Et si le rouge n'existait pas, Anthologie poétique, Le temps des cerises, 10 euros )

© Alain Freixe