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01/01/2012

lu 73 - Carl Sandburg, Chicago Poems, Le temps des cerises, 15 euros

 

letempsdescerises_L813c - copie.jpgAu Temps des cerises, on ose dire – par les temps qui courent, c’est nager contre le courant ! – qu’on est pour « une poésie engagée », une poésie qui prend à bras le corps le monde, ses horreurs, ses odeurs de sang et de poudre, ses opacités, ses brumes .« J’ai écrit un poème sur la brume / Et une femme m’a demandé ce que j’entendais par là (…) J’ai répondu : / Le monde entier n’était que brume il y a longtemps et un jour il retournera tout entier à la brume » écrit Carl Sandburg (188-1967). Aussi, on a décidé au Temps des cerises de revisiter la collection « la petite bibliothèque de poésie » et d’en renouveler l’aspect et la tenue. A côté des rééditions du Nuage en pantalon de Maïakovski, Chansons du peuple de Jean-Baptiste Clément, Le tambour de la liberté d’Henri Heine, une belle nouveauté : les Chicago Poems de Carl Sandburg. Proposés avec beaucoup d’à propos en bilingue, ils sont traduits par Thierry Gillyboeuf qui, dans une précieuse préface, fait du poète américain le « chaînon manquant entre Whitman et la Beat Generation ». Les Chicago Poems sont publiés en 1916. Le livre connut un gros succès . Carl Sandburg choisit le peuple. Il fait de la ville – Chicago « la dépravée », la « malhonnête », Chicago qui pourtant « chante la tête haute, aussi fire d’être vivante, vulgaire, forte et roublarde » qui va « démolissant / concevant, / construisant, cassant, reconstruisant » - un travailleur fait de tous les travailleurs ; une âme faite de toutes les âmes comme « la gratte-ciel » qui « se dessine dans la fumée et le soleil » ; une langue faite de toutes les langues qui ici se mêlent. Parce que rien de ce qui est humain et jusqu’à la prostitution, jusqu’au crime n’est omis par Carl Sandburg, ses poèmes lèvent « un visage d’homme le regard plongé dans ces mâchoires et la gorge de la vie ».

 

1916 : l’Amérique, Chicago, ses rues, leur atmosphère, les hommes et leurs activités, leur vie difficile bordée de toutes les misères, toutes les joies, toutes les beautés, en quoi cela nous concernerait-il aujourd’hui ? C’est justement parce que Carl Sandburg n’écrit pas de la poésie-écho que ses poèmes n’ont pas ce ton blafard que l’on connaît aux voix réverbérées. Ici, on ne paraphrase pas le monde mais on retourne ses événements vers le ciel pour les matérialiser dans les bouleversements d’un langage où vibre l’inspiration du futur.

 

 

 

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