10/10/2007
Turbulence 15 - C'était l'été (2)
Et nous qui pensions que notre temps n’attendait plus rien des livres ! Qu’ils n’étaient plus qu’objets de consommation, vaguement décoratifs, marchandises livrées en pâture à chaque rentrée littéraire – Vous avez-vu les chiffres de Livres-hebdo : 727 romans et 568 esais et documents à paraître entre août et octobre ! – à l’on ne sait trop quelle faim.
Eh bien – Et c’est finalement assez rassurant ! - , les livres font toujours peur!
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Turbulence 14 - C'était l'été (1)
Parti tôt, rentré tard. C'était l'été. Roulis de pierres et de mots, sous un ciel sans voix.
Si ce n'est ces deux chemins. Le premier de René Char dans sa Lettera amorosa : "Je vais souvent à la montagne dormir. C'est alors, en vérité, qu'avec l'aide d'une nature à présent favorable, je m'évade des échardes enfoncées dans ma chair, vieux accidents, âpres tournois"; Le second de Jacques Dupin dans son poème Sang, in Dehors: "alors il va aux montagnes / de préférence; - grises / et rauques, s'aguerrir / et sa vieille torpeur mettre en pièces".
Me voilà de retour "Dans les turbulences"!
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Lu 15 - La mort n'est jamais comme de Claude Ber
( Aller voir dans la catégorie "Mes ami(e)s, mes invité(e)s" en date du 04/04/2007 la présentation et le beau texte que Claude Ber m'avait confié)
J’ai rencontré Claude Ber, comme il se doit, par hasard. J’ai lu son livre dans l’amitié, cet espace où se retrouvent ceux/celles dont on comprend qu’ils sentent davantage ce que veut dire vivre en écrivant.
La mort n’est jamais comme ( Editions de l’amandier, 2006, 12 euros ) est un de ces livres importants qui mettent à mal l’objet verbal qu’ils sont pourtant puisqu’ils proviennent d’un « effondrement / affrontement de la langue dans la langue », pour dans « ce reste » qu’ils sont laisser affleurer l’acte, ce moment de l’existence en mouvement vers son sens, qui a présidé à leur mise sur pied. Ce livre de Claude Ber est un de ces livres qui sont comme autant d’essais pour passer à travers, faire clarté, faire comme un dégagement pour se donner de l’air et retrouver les oiseaux de ces « intimes croyances, de celles qui font vivre à n’importe quel prix ».
Donc la question – la seule – est de savoir comment dire ce qui excède jusqu’au langage lui-même ? Comment dire avec des mots ce qui reste hors des mots ? Comment dire la mort des êtres aimés ? Comment entrer dans les veines du noir, dans la seule nuit dont personne ne trouvera le fond, la nuit du cœur qu’il faut pourtant toucher non des mains mais avec les quelques mots qui nous restent en plongeant au plus profond de l’abîme de l’existence.
C’est à cette expérience que nous invite Claude Ber. À la déroute du comme. Ce que nous traversons dans ce livre, c’est « le déchiré de la parole », l’impuissance de « l’agrafe de l’image » pour réunir « les lobes épars d’une cervelle » et « ramener l’invivable au vivable ordinaire des jours ». Non, la poésie n’a pas ce gluant des pommades qui masquent les plaies. Non, ici, on ne fait le deuil de rien. On a beau travailler, descendre dans la soute, risquer tous les comme possibles, rien ne vient boucher le trou des questions : « comme quoi est la mort ? Qu’est-ce qui est comme la mort ? » jusqu’à l’adresse à celui/celle passé de l’autre côté : « toi qui sais à présent, dis-moi ce qui est comme la mort ? ». Claude Ber qui en découd avec la parole ne fait qu’aggraver le questionnement. Et c’est cela qui tient le livre. Cette montée dans l’obscur. Par soustraction.
Et par composition. En effet, autant Claude Ber sait prendre acte du « crack définitif du langage », mettre à leur place les « (bouées) de l’image » et accepter que le poème ne soit que « ce qui reste », « un bégaiement », autant son « effort de clarté » concerne l’architecture même de son livre. Un territoire, une tour. À tenir. Ce sont ainsi deux pierres levées – Ce qui reste et Fragments in memoriam - qui ouvrent et ferment le livre. Entre elles, 22 « bribes », chacune engageant plusieurs « découpes », soit 50 au total, comme autant de poèmes, de restes, de vestiges, voisins du fantôme, ce vêtement d’absence, garant d’une présence encore et toujours de la vie dans ses aspects les plus kaléidoscopîques.
Claude Ber mêle à une belle tension rhétorique qui vise à porter le langage au plus près de ses limites, les impulsions secrètes de l’organisme, ces mouvements qui nous pressent, nous traversent, nous déchirent. Là où cœur et chair ne s’opposent pas, dans cette zone d’avant la distinction de l’âme et du corps, prend le feu de ce rythme qui bat dans l’écriture de Claude Ber. C’est lui qui oppose les arêtes, unifie et fait tenir ensemble. Cela donne ce ton particulier qui voit Claude Ber parler ici avec des mots au « juste temps » selon l’expression de Jean-Luc Nancy, soit avec des mots qui s’ils ne disaient pas le juste (le sens correct, la vérité) disaient juste !
Claude Ber dit juste. Et dans ce suspens du sens, c’est la vie qui se rue. Ce hors-sens, ce vide s’ajoute au temps pour le faire jouer, tourner. Pour resynchroniser un compte qui manifestement n’est pas bon. Et c’est alors un oui que l’on entend. Un oui « à la vie », au « jouir », à « la chair la mer nues. Et la lumière tierce ». Décidément, le reste, ce peu, est toujours ce qui sauve !
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Lu 14 - Mandala des jours de Dominique Sorrente
Mais c’est ouvrir d’autres routes cela ! D’impossibles routes. Les seules aimées pourtant. Celles qui conduiraient à d’autres jours, un autre temps, à la demeure de haut et profond silence. Quelque chose comme un Mandala, cette perfection géométrique du cercle, qui reste à l’horizon d’un qui, homme parmi les hommes, reste « nu et pèlerin comme à l’heure du premier poème », un qui entend rester dans l’enfance du désir, ses énergies de feu, pour qui vivre se vit dans le risque de vivre. Oui, c’est cela que l’on ressent à la lecture de ce nouveau livre de Dominique Sorrente, après ses sept livres parus chez Cheyne éditeur et une bonne vingtaine de publications.
C’est pour cela que contre ce Mandala, je parierais pour la spirale. C’est son image qui s’impose à moi, lisant Dominique Sorrente. De nouvelles déchirures maintiennent ouvert ce quelque chose qui tourne, pars et revient, évolue et s’involue dans la poésie de Dominique Sorrente, quelque chose qui nous fait « une clairière pour l’habitation » et qui « nous invite à tenir parole avec quelques bouts de sagesse méridienne à partager. »
Je sais bien que Dominique Sorrente a voulu architecturer son Mandala des jours (éditions PubliBook, 13 euros) selon les cinq éléments de l’antique sagesse chinoise : « bois, feu, terre, métal et eau…cinq moments. Cinq graphies » écrit-il. Mais si ce livre de poèmes est du côté du Mandala, dans sa rondeur par exemple ; la poésie, elle , est du côté de la spirale, cercle que toujours « dénoue le matin futur ». Elle est du côté de ce qui « désoriente la braise », « disperse les cendres » et déshabitue l’œil car toujours la violence du monde fait déchirure : « ce qui se passe au loin, si près, / - tous ces anneaux de flammes - / t’empêchent de dormir », écrit Dominique Sorrente. La poésie toujours excède le poème, cette retombée transcriptive, cette traduction. C’est elle la passagère qui nous voue à la spirale. Et dominique Sorrente le sait : « la boucle retrouvée / enjoint le jour qui s’étonne / de ne pas achever le poème ».
Reste qu’une vie qui s’est vouée à une « parole pour éveiller » se joue entre lucidité et trouble, sagesse et folie, mandala et spirale.
Reste, cela qui n’échappera à aucun lecteur, cette ferveur dans l’écriture de Dominique Sorrente. Quelque chose comme un soutien intime du vrai. Car ce n’est pas avec ses mains que l’on saisit la vérité mais c’est en parcourant la nuit où notre cœur garde les éclairs qui ont éblouis nos jours, où « le feu certain qui déroulera ses spirales n’a pas encore logé ses bruits ».
Reste cette posture du poète qu’est Dominique Sorrente : « La tâche du poète, écrivait-il dans Le petit livre de QO, n’est pas d’embellir l’instant, pas plus que de le mimer. Son plaisir et son risque seront toujours de faire route vers la source du réel où vivent nos eaux mêlées ». Celle d’ »un homme / ses deux mains fouillant un chantier / face au hoquet du ciel ».
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27/06/2007
Salah Stétié - Lampe du sens sur le sentier obscur
( Cet entretien que j'ai mené en février 2004 avec Salah Stétié est paru au printemps de la même année dans le N° 86 de la revue Friches, Cahiers de poésie verte, Le gravier de Glandon, 87500 Saint-Yrieix, que dirige mon ami Jean-Pierre Thuillat. Daniel Aranjo avait participé à la mise sur pied de ce dossier. )
Alain FREIXE. - Vous me pardonnerez, mais je ne puis commencer cet entretien sans vous poser la même question que celle que vous posait, en 1995, Daniel Leuwers, dans la revue Europe: « Salah Stétié, comment vivez-vous cette "question arabe" dans ses développements récents les plus tragiques ? ».
Salah STÉTIÉ. -Question pour moi douloureuse –plus douloureuse encore qu'elle ne se posait en 1995. Jamais le monde arabe, sous l'apparence calme qu'en donnent certains Etats, sous celle, ô combien tumultueuse, qu'en fournissent d'autres, n'a été aussi fragile, aussi peu maître de son destin, aussi réduit à l'impuissance, aussi livré à l'autodestruction et aux macérations amères qui en découlent. J'avais, aux divers postes de responsabilité où je m'étais trouvé par la force des choses (Ambassadeur à l'UNESCO, aux Pays-Bas, au Maroc, Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères à Beyrouth), très mal vécu sur plus de quinze ans la guerre « civile » libanaise. On appelle « civile » la guerre la plus incivile qui soit, c'est là l'une des dérisions du sens dont je n'ai pas fini d'épuiser le non-sens. Il est vrai que la guerre libanaise, à part quelque soixante mille hommes recrutés et armés par des puissances extérieures, n'avait de libanais que le fait d'avoir pour théâtre le territoire qui lui servait de scène au quotidien: meurtres, violences de toute nature, attentats, assassinats, bombardements aveugles, tout ce que le monde devait voir par la suite se reproduire dans l'ex-Yougoslavie, au Rwanda, en Iraq, et, par-ci, par-là, sur le inode mineur, dans d'autres régions du monde. Mon pays avait pourtant le privilège d'avoir derrière lui une longue, très longue histoire, et il a de ce fait réussi, au bout de quinze ans de délires et d'exactions de toute sorte qui lui ont été imposées, à retrouver sa sagesse millénaire et, dans la mesure du possible, se reprendre en main et réorganiser son système politique qui doit gérer, dans l'équilibre, le destin commun de dix-huit communautés différentes sur le plan religieux et, jusqu'à un certain point, culturel. Pour le reste, à savoir la question arabe en général, j'ai - tout en me félicitant de l'élimination de l'affreux Saddam Hussein - le plus grand mal à accepter l'occupation, par la coalition créée autour des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, d'un pays de vieille civilisation comme l'Iraq. J'attends aussi avec impatience et colère, oui: colère, la fin de ce qui se passe actuellement en Palestine: il faut que ces deux peuples, le palestinien et l'israélien, trouvent enfin le chemin du dialogue, du respect mutuel, du droit international, que justice soit rendue au dépossédé et que le bon voisinage remplace la méfiance et la haine réciproques: « Si tu veux la paix, prépare la paix », dit Platon.AF - « Satah Stétié, poète arabe », c'est là le titre du livre que Daniel Aranjo vous a consacré aux éditions Autres Temps (l septembre 2001). Le substantif dit un droit, droit à l'exil de tout homme qui, parce qu'il parle, perd le monde et tente obstinément d'y reprendre pied, souffle et sens; I'épithète un fait, difficile à cerner. Existe-t-il un « pays arabe », une patrie linguistique et culturelle arabe ?SS - Il existe une langue arabe, une culture arabe, une civilisation arabe, complexe, qui a produit, à travers et au-delà du fait religieux, une littérature, une philosophie, une architecture, une poésie, une musique, un art de vivre, que sais-je, et c'est tout cela qui alimente la conscience et l'inconscient collectifs. Je suis le fils de cet héritage-là comme je suis le fils de ma culture française. J'ai la chance-je l'ai souvent écrit d'être un métis intellectuel et spirituel, un homme à cheval sur deux mondes. C'est cela que Daniel Aranjo a compris et c'est cela qu'il met en évidence dans son livre aussi renseigné qu'intuitif.
AF- Je ne me souviens plus dans lequel de vos articles consacrés à la poésie vous rappeliez ce mot de Flaubert: « la civilisation est une histoire contre la poésie ». Cette guerre, de quoi est-elle fondatrice à vos yeux ?
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Balise 21 - Qu'est-ce que partir?
« - Où vas-tu, maître ?
-Je ne sais pas, dis-je, je ne veux que partir d’ici, seulement partir d’ici. Sans cesse partir d’ici, ce n’est qu’ainsi que je pourrai atteindre mon but.
-Donc tu connais ton but ?
-Oui, répondis-je, ne te l’ai-je pas dit : partir d’ici, tel est mon but. »
Franz Kafka
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25/06/2007
Emmanuel Laugier - Crâniennes (extraits)
Emmanuel laugier est né en 1969 à Meknès (Maroc). Il vit à Nîmes. Travaille aux Belles Lettres. il fait partie du comité de rédaction de la revue L’Animal (Metz), où il écrit, entre autre, sur le cinéma. Il est un collaborateur régulier du Matricule des anges pratiquement depuis les débuts de ce mensuel.
parmi ses dernières publications, on relèvera
* Strates, Cahier Jacques Dupin (sous la direction d'E. L), Édition Farrago/ Léo Scheer, 2000
* Singularités du sujet (8 études sur la poésie contemporaine), sous la direction de Lionel Destremau et E. L, (Prétexte éditeur,2001)
• Pluralités du poème (8 études sur la poésie contemporaine), sous la direction de Lionel Destremau et E. L, ( 2003)
* Suivantes, Didier Devillez, 2004
* Mémoire du mat, Ulysse Fin de Siècle, 2006,
Mon ami Emmanuel Laugier pratique cet exercice vertical de la langue fait de pastilles noires, ces points de pitonnage ; de parenthèses vides qui au lieu d’ajouter semblent au contraire ouvrir l’espace vide où la parole trouverait à se retourner ; de tirets comme autant de jonctions / disjonctions de plans d’écriture, autant de prises à saisir / lâcher pour se hisser, passer un ressaut. Jusqu’au surplomb. Ecrire, non plus comme marcher, mais comme grimper.Et sentir le vent du dehors emporter les dernières poussières. Dans le ciel ouvert. Alors tout peut alors continuer.
Il me confie aujourd'hui ces quelques Crâniennes inédites.
*
25
est dans le bleu sec du serpent
de loire — est encore une autre image —
mais large (panoramique)
et froide loire elle-même avec lui jacques
lisant au travers du carreau du train lui
[qui lisait] ses yeux
que je ne voyais pas que
que je ne pouvais voir tournés tournés
vers je ne sais quel
autre varech encore
plus encore enroulé dans du noir-plastique
brillant échevelé
venteux dans le loin
là
où je n’étais pas
lui
regardant une embuscade —
un grand brasier un feu âcre blanc enrouler le ciel
26
jour le 7 demain
le 8 dans le soleil pas loin
montauban — en décembre deux-mille quatre
glisse avec claude l’ongle où
je le voyais ô
ton sourire beau donné
donné — que même au fils pas
sinon
adieu —
te revoir au fond courbe du crâne
lové de la douceur de la
douceur que le jour
continuant enfin le dire le lâcher — )
ce jour pas
le même
non
jamais
27
est jeté en travers de soi ce-
lui
là
pas autrement
est
fracassé
dans ton jour à toi un
vase
a
coulé
son noir jusqu’
ici
ton temps
y
fait
tâche
tatouage
indélébilité du feutre lent
dans la mémoire voulue fermée
vacante
car pas pour aujourd’hui
son insistance
non
28
aujourd’hui
pas ce jour de venir
déconner
avec ça qu’il
faut (faudra)
bien passer de l’autre côté
pour
quoi :
sortir
revenir nous
oui
un peu avec
la rue qui passe son
bruit dans le
tien grand
blanc vide
d’esprit
alors
alors
29
terminé — dit
fin
fini
plié
parti — dit
cela qu’il — non
pas
seulement
soit chassé
dans le coin de tête le plus
lointain reculé — non —
mais
qu’il (ce jour)
commence cent
fois sans
insistance à
ré-exister sa mort à lui
passée
disparue
pschtt
envolée
avec le lent signe que je fais
de la main au revoir )
te dire
adieu
très bas le dire
et le faire
© Emmanuel Laugier
© Didier Leclerc pour la photographie. Pou en savoir plus sur son travail, voir le site contact@atelier-n89.com
22:20 Publié dans Inédits, Mes ami(e)s, mes invité(e)s | Lien permanent | Commentaires (1)
19/06/2007
Balise 20 - S'en sortir?
Quelques cairns pour un chemin possible:
Cairn de Scott Fitzgérald:
"On devrait pouvoir comprendre que les choses sont sans espoir et cependant être décidé à les changer."
Cairn de Maurice Blanchot:
"Je crois que nous le savons : que les choses en leur fond soient sans issue, je ne vois rien qui me détournerait de le dire avec vous (Il s'adresse à Georges Bataille); j'ajouterai seulement que ce "sans issue" ne peut s'affirmer que par la nécessité de toujours chercher une issue, par la décision, inexorable, de ne jamais renoncer à en trouver une."
Cairn de Henri Michaux:
"Ne désespérez jamais : laissez infuser davantage."
Cairn d'Antonin Artaud:
"Nul n'a jamais écrit ou peint, scupté ou modelé, construit, inventé, que pour sortir en fait de l'enfer."
Cairn de Gilles Deleuze:
"Il n'y a pas d'oeuvre qui n'indique une issue à la vie, qui ne trace un chemin entre les pavés."
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15/06/2007
Lu 13 - André Velter et la "fée des glaciers"
11:05 Publié dans Du côté de mes interventions, Du côté de mes publications | Lien permanent | Commentaires (1)
11/06/2007
Lu 12 - Jacques Dupin, critique? Oui, parce que poète!
Et certes de 1953 à 2006 que de répliques à la nuit. Que de dépenses d’énergie, de coups de foudre pour illuminer et laisser la nuit reprendre possession de son domaine.
37 textes - Ainsi va-t-on de Pierre Reverdy à René Char en passant par Francis Ponge et le encore trop peu connu Jean Tortel sans oublier Philippe Jaccotet et, proche d’entre les proches, « compagnon dans le jardin » : André du Bouchet. Mais aussi Paul Celan, Maurice Blanchot, Georges Schéhadé, Guy Levis Mano, Charles Racine, Octavio Paz,, Edmond Jabès, Jacques Prévert, Paul Auster, Claude Royet-Journoud, Adonis, Vadim Kozovoï, Faraj Bayrakdar, Pierre Chappuis et des plus jeunes tels que Nicolas Pesquès, philippe Rhamy et Jean-Michel Reynouard auteur de cette eau des fleurs, inclassable – 37 commandes/demandes. 37 coups, pioche ou bêche, dans la terre et les pierres des poèmes pour la fracturer, retourner, labourer. 37 prises incertaines de ce qui se joue dans ces « histoires » de désir et de mort dans l’obscurité des mots et la nuit de la langue.
Ces textes de Jacques Dupin nous parlent tous de quelque chose d’essentiel : de « l’incorporation du vide à la poésie » , de « l’énergie de l’angoisse qui oblige d’écrire pour ne rien dire d’autre que l’autre, l’inconnu au féminin, dans le mouverment qui porte à se jeter à l’inconnu, l’inconnu de l’autre et du monde. »
Rarement on aura lu autant de paroles qui nous redressent et nous tiennent. Debouts ? Mieux qui nous « (grandissent) sans nous attacher ».
19:55 Publié dans Du côté de mes interventions | Lien permanent | Commentaires (0)
10/06/2007
Turbulence 13- Se souvenir du "singe de Zarathoustra"
C'était en 1967, dans le Nouvel observateur, le 5 avril, Gilles Deleuze répondait à Guy Dumur à propos de l'édition des Oeuvres complètes de Nietzsche pour laquelle Deleuze et Foucault avaient rédigés ensemble une préface.
Au détour d'une question, ces mots dont je vous laisse méditer l'écho:
"Il ne suffit pas de prendre le pouvoir pour être, comme dit Nietzsche "un maître". Ce sont même le plus souvent les "esclaves" qui prennent le pouvoir, et qui le gardent, et qui restent des esclaves en le gardant.
Les maîtres selon Nietzsche, ce sont les intempestifs, ceux qui créent, et qui détruisent pour créer, pas pour conserver."
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08/06/2007
Balise 19
J’étais dur et froid, j'étais un pont, un pont jeté sur un ravin. Les orteils plantés d'un côté, les mains s'agrippant de l'autre, je m'étais encastré fermement dans l'argile gluante. Les basques de ma veste me battaient les flancs. Glacé, au fond du gouffre, grondait le torrent à truites. Nul touriste ne s'aventurait à ces hauteurs inaccessibles; le pont n'avait jamais encore été mentionné sur aucune carte. J'étais donc là et j'attendais; je ne pouvais qu'attendre. À moins de s'écrouler, aucun pont, une fois jeté, ne saurait cesser d'être un pont.
Franz Kafka, extrait de Le pont
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