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11/11/2008

Balise 34 -

Aujourd'hui n'est pas un jour comme un autre. Non, parce que j'ai la possibilité de relancer ce blog mais bien parce que nous sommes un 11 novembre. Et que notre société commémore l'armistice de 14-18.

Je le ferai à ma manière. En convoquant un qui a payé de sa chair : Joë Bousquet qu'une "abeille de plomb" allemande blessa un 28 mai 1918 devant Vailly, sur le front de l'Aisne. Bousquet dont on a quelque peu reparlé ces temps derniers suite à la publication chez Grasset de "Lettres à une jeune fille", ouvrage sur lequel je reviendrai.

"La société, dira Bousquet dans Traduit du silence,  dont je fais partie chasse les hommes bons ou les gâte: elle sépare la pensée d'elle-même, assigne la vérité comme solitude à quelques individus dont elle ne fait aucun cas. C'est la honte du temps où je vis qu'il fasse l'existence la moins lourde à ceux qu'il a, comme moi, aux trois quarts démolis. La vie, en me déshumanisant,m'a séparé de ce qu'il y avait de plus abject sous le ciel."

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01/07/2008

Balise 33

"Les pensées déposées sur le papier ne sont rien de plus que la trace d'un piéton sur le sable. On voit bien la route qu'il a prise mais pour savoir ce qu'il a vu sur la route, on doit se servir de ses propres yeux."

Schopenhauer 

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30/06/2008

Balise 32 -Roger-Gilber Lecomte et l'amont de la création

 (Venu du "phrère simpliste" de René Daumal, ces mots sur l'amont du travail artistique. À méditer!)

 "Pour écrire les poèmes de Rimbaud ou de Nerval, pour peindre les tableaux de Chirico, Masson ou de Sima, il faut avoir vécu la grande aventure, donné le coup de couteau dans les décors en toc du sensible, savoir que les formes se métamorphosent, que le monde s'évapore dans le sommeil, que l'hallucination ne se différencie pas de la perception, et qu'on ne peut opposer un état de santé qui serait la norme à d'autres états dits pathologiques (...) Il faut croire ainsi que nous pouvons avoir du réel une autre expérience que celle que nous donnent nos sens."

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02/06/2008

Balise 31 - Kafka et les corneilles

"Les corneilles affirment qu'une corneille à elle seule serait capable de détruire le ciel. C'est indubitable mais cela ne prouve rien contre le ciel car les cieux sont justement le signe de l'inanité des corneilles."

Aphorisme 32 

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30/03/2008

Balise 30-

Y entendre notes? Mais quelles?

"Mes poèmes ne sont pas des poèmes. Quand vous aurez compris que mes poèmes ne sont pas des poèmes, alors nous pourrons parler de poésie."

Ryokan (XVIII) 

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02/03/2008

Balise 29 - Eloge de l'autre (3)

"Ce que le pied heurte au bord du chemin peut bouleverser le monde, il en a du moins la vocation. Car il n'y a pas de choses subalternes, il n'y a que des chances manquées."

Jacques Dupin 

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01/03/2008

Balise 28 - Eloge de l'autre (2)

À propos de la parole de poésie, André du Bouchet écrivait : "parole d'étranger, oui, - de qui, arrivé du dehors, parle mal, ou plutôt n'use pas, comme prescrit, de la lan,gue qui devrait être la sienne."

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27/02/2008

Balise 27 - L'éloge de l'autre (1)

« Le poème tend vers un Autre, il a besoin de cet Autre, il le recherche et s’offre à lui. Toute chose, tout être humain devient, pour le poème qui tend vers l’Autre, une figure de cet Autre. »

Paul Celan, Le Méridien

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02/02/2008

Balise 26 - La santé par les livres

« Il y a toujours une joie indescriptible qui jaillit des grands livres, même quand ils parlent de choses laides, désespérantes ou terrifiantes. Tout grand livre opère déjà la transformation, et fait la santé de demain. »  Gilles Deleuze

Si j'ai une âme de Vincent Peyrel (collection Thoth, éditions de l'Amourier. Contact : amourier.com) est de ceux-là. Il faut lire l'article sur remue.net de Claudine Galea : Le festin et les restes à ce sujet. (Claudine Galea qui nous avait confié L'Heure blanche. Texte inédit que vous trouverez dans la catégorie "Mes ami(e)s, mes invité(e)s" de novembre 2007.)

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08/01/2008

Balise 25 - Marx et la "parole d'étranger"

(C’était en exergue des Cahiers de la Folie que se trouvaient ces mots de Marx. Je n’ai jamais pu savoir d’où ils étaient extraits ! J’ai toujours pensé que la parole poétique, cette « parole d’étranger » (André du Bouchet), trouvait là son enjeu.)


« Le seul langage compréhensible que nous puissions parler l’un à l’autre est celui de nos objets dans leurs rapports mutuels.
Nous serions incapables de comprendre un langage humain : il resterait sans effets. Il serait compris et ressenti d’un côté comme prière et imploration, et donc comme une humiliation : exprimé honteusement, avec un sentiment de mépris, il serait reçu par l’autre côté comme une impudence ou une folie et repoussé comme telle.
Nous sommes à ce point étrangers à la nature humaine qu’un langage direct de cette nature nous apparaît comme une violation de la nature humaine ; au contraire, le langage aliéné des valeurs matérielles nous paraît le seul digne de l’homme, la dignité justifiée, confiante en soi et consciente de soi. »

Karl Marx

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Balise 24 - La lettera Amorosa de Julien Gracq

( Dans une édition hors commerce tirée à 63 exemplaires en juillet 1952, Julien Gracq publiait cette Prose pour l’étrangère, suite de 12 poèmes en prose que l'on trouvera dans La Pléiade, tome I. J'ai choisi le premier de cette suite pour rendre hommage à l'auteur d'Au château d'Argol, un de mes grands souvenirs de lecture de jeune homme et pour lier le thème de la "Lettera amorosa" du Printemps des poètes de l'an passé à "l'éloge de l'autre" à venir entre le 3 et le 16 mars 2008 )

 

J'ai respiré ton air acide, je suis entré dans ta saison hasardeuse comme un voyageur qui reconnaît les routes à l'heure imprudente où tout craque encore dans la montagne d'avril tigrée de jacinthes et d'avalanches. Tu m'as giflé de ton printemps sans tiédeur, tu m'as ameubli de ton sourire enfondu de perce-neige, tu traverses ma prévoyance comme la fleur désastreuse épanouie aux doigts mêmes des saints de glace. J'aime ton visage qui brouille les repères du cœur et les saisons de la tendresse — ton visage en désarroi, plus frais, plus emmêlé, plus trouble que les chantiers bousculés du dégel, pareil à la mue du ciel de juin et à l'alpage qui boit sa neige — ton front buté de voleuse de cerises, et ta bouche court bridée de jeune épouse — ton rire qui secoue toute la neige des jardins de mai, et ta voix sombrée de parterre nocturne — et, comme un creux d'eau de glacier au bord d'une joue de prairie neuve, le bleu durci de tes yeux de pensionnaire qui saute le mur du couvent.

 

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18/11/2007

Balise 23 - Voyager en intensité

Vertigineuse, cette phrase de l'homme immobile de Carcassonne Joë Bousquet : "l'immobile est toujours ailleurs"!
Tournant autour, c'est encore une fois Gilles Deleuze qui m'a mis sur la voie de la deterritorialisation de Joë Bousquet:
« On sait bien que dans nos régimes les nomades sont malheureux : on ne recule devant aucun moyen pour les fixer, ils ont peine à vivre. Et Nietzsche vécut comme un de ces nomades réduits à leur ombre, allant de pension meublée en pension meublée. Mais aussi, le nomade, ce n'est pas forcément quelqu'un qui bouge ; il y a des voyages sur place, des voyages en intensité, et même si historiquement les nomades ne sont pas ceux qui bougent à la manière des migrants, au contraire ce sont ceux qui ne bougent pas, et qui se mettent à nomadiser pour rester à la même place en échappant aux codes. »
Gilles Deleuze, Pensée nomade, L’île déserte et autres textes, Les éditions de Minuit

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