14/02/2009
Balise 39 - Mahmoud Darwich: Le palestinien est un être humain!
Je reçois régulièrement la revue de la Fédération des Oeuvres Laïquues de l'Ardèche, la revue Envol . A propos de la mort en août 2008 de Mahmoud Darwich, j'y ai lu ceci, extrait d'un entretien enregistré au Théâtre National Populaire de Lyon le 12/10/07(Traduction d'Elias Sanbar):
"... Honnêtement, je ne sais pas au juste ce qu'est une poésie nationale et je n'aime pas qu'on me désigne ainsi, comme poète national. Je n'ai aucune honte ni de ma nation ni de ma palestinité, mais cette façon de désigner limite mon champ poétique, et à tort, comme si elle conditionnait les lectures de mon oeuvre et ainsi annulait les dimensions multiples du poème. Donc, je suis sorti de ce lieu vers des horizons infiniment plus vastes et j'ai compris que la véritable poésie, la poésie réelle est un voyage entre les cultures, une façon d'ouvrir encore plus largement l'humanité du Palestinien. Parce que le Palestinien n 'est pas uniquement l'objet de la solidarité ou de la pitié ou de la lutte. Le Palestinien ne peut pas être défini uniquement comme l'adversaire de l'Israélien. Parce qu 'il ne faut pas oublier quand même son identité, comme pour n 'importe quel être humain ; son identité humaine précède le conflit. Il n 'est pas né avec le conflit. Donc le Palestinien se pose des questions existentielles, des questions culturelles et la question sur son rapport à la nature, à l'eau, à la vie. Il aime, il déteste et il meurt... c'est un être humain ".
Et que ces mots soient lus comme on regarde des fleurs depuis le toit de l'enfer (Turbulence 27)!
19:22 Publié dans Balises | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie
07/01/2009
Balise 38 - Paul Celan à René Char (1962)
"Voyez-vous, j'ai toujours essayé de vous comprendre, de vous répondre, de serrer votre parole comme on serre une main; et c'était, bien entendu, ma main qui serrait la vôtre, là où elle était sûre de ne pas manquer la rencontre. Pour ce qui, dans votre œuvre, ne s'ouvrait pas - ou pas encore - à ma compréhension, j'ai répondu par le respect et par l'attente : on ne peut jamais prétendre à saisir entièrement - : ce serait l'irrespect devant l'Inconnu qui habite - ou vient habiter - le poète; ce serait oublier que la poésie, cela se respire: oublier que la poésie vous aspire. (Mais ce souffle, ce rythme - d'où nous vient-il ?) La pensée - muette- et c'est encore la parole, organise cette respiration; critique, elle s'agglomère dans les intervalles: elle dis-cerne, elle ne juge pas; elle se décide; elle choisit: elle garde sa sympathie - elle obéit à la sympathie. "
Extrait d'une lettre de Paul Celan à René Char du 22 mars 1962, cité par Andréa Lauterwein, in Paul Celan, édition Belin,
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13/12/2008
Balise 37 - S'entretenir
N'oubliez pas Le quart livre! N'oubliez pas à propos des "paroles gelées" ce que Pantagruel répondit à Panurge: "Donner parolles estoit acte des amoureux"!
19:35 Publié dans Balises | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, poésie
10/12/2008
Balise 36 -
N'oubliez pas ces mots de Al-Mutamar Ibn Al-Farsi, poète soufi de Cordoue (1118-1196):
« Les émissaires qui frappent à ta porte, c’est toi même qui les as appelés et tu ne le sais pas. »
18:53 Publié dans Balises | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, littérature
12/11/2008
Balise 35 -
« Chacun dans sa langue peut exposer des souvenirs, inventer des histoires, énoncer des opinions ; parfois même il acquiert un beau style, qui lui donne les moyens adéquats et font de lui un écrivain apprécié. Mais quand il s'agit de fouiller sous les histoires, de fendre les opinions et d'atteindre aux régions sans mémoires, quand il faut détruire le moi, il ne suffit certes pas d'être un « grand » écrivain, et les moyens doivent rester pour toujours inadéquats, le style devient non-style, la langue laisse échapper une étrangère inconnue, pour qu’on atteigne aux limites du langage et devienne autre chose qu’écrivain, conquérant des visions fragmentées qui passent par les mots d’un poète, les couleurs d’un peintre ou les sons d’un musicien. »
Gilles Deleuze
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11/11/2008
Balise 34 -
Aujourd'hui n'est pas un jour comme un autre. Non, parce que j'ai la possibilité de relancer ce blog mais bien parce que nous sommes un 11 novembre. Et que notre société commémore l'armistice de 14-18.
Je le ferai à ma manière. En convoquant un qui a payé de sa chair : Joë Bousquet qu'une "abeille de plomb" allemande blessa un 28 mai 1918 devant Vailly, sur le front de l'Aisne. Bousquet dont on a quelque peu reparlé ces temps derniers suite à la publication chez Grasset de "Lettres à une jeune fille", ouvrage sur lequel je reviendrai.
"La société, dira Bousquet dans Traduit du silence, dont je fais partie chasse les hommes bons ou les gâte: elle sépare la pensée d'elle-même, assigne la vérité comme solitude à quelques individus dont elle ne fait aucun cas. C'est la honte du temps où je vis qu'il fasse l'existence la moins lourde à ceux qu'il a, comme moi, aux trois quarts démolis. La vie, en me déshumanisant,m'a séparé de ce qu'il y avait de plus abject sous le ciel."
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01/07/2008
Balise 33
"Les pensées déposées sur le papier ne sont rien de plus que la trace d'un piéton sur le sable. On voit bien la route qu'il a prise mais pour savoir ce qu'il a vu sur la route, on doit se servir de ses propres yeux."
Schopenhauer
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30/06/2008
Balise 32 -Roger-Gilber Lecomte et l'amont de la création
(Venu du "phrère simpliste" de René Daumal, ces mots sur l'amont du travail artistique. À méditer!)
"Pour écrire les poèmes de Rimbaud ou de Nerval, pour peindre les tableaux de Chirico, Masson ou de Sima, il faut avoir vécu la grande aventure, donné le coup de couteau dans les décors en toc du sensible, savoir que les formes se métamorphosent, que le monde s'évapore dans le sommeil, que l'hallucination ne se différencie pas de la perception, et qu'on ne peut opposer un état de santé qui serait la norme à d'autres états dits pathologiques (...) Il faut croire ainsi que nous pouvons avoir du réel une autre expérience que celle que nous donnent nos sens."
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02/06/2008
Balise 31 - Kafka et les corneilles
"Les corneilles affirment qu'une corneille à elle seule serait capable de détruire le ciel. C'est indubitable mais cela ne prouve rien contre le ciel car les cieux sont justement le signe de l'inanité des corneilles."
Aphorisme 32
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30/03/2008
Balise 30-
Y entendre notes? Mais quelles?
"Mes poèmes ne sont pas des poèmes. Quand vous aurez compris que mes poèmes ne sont pas des poèmes, alors nous pourrons parler de poésie."
Ryokan (XVIII)
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02/03/2008
Balise 29 - Eloge de l'autre (3)
"Ce que le pied heurte au bord du chemin peut bouleverser le monde, il en a du moins la vocation. Car il n'y a pas de choses subalternes, il n'y a que des chances manquées."
Jacques Dupin
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01/03/2008
Balise 28 - Eloge de l'autre (2)
À propos de la parole de poésie, André du Bouchet écrivait : "parole d'étranger, oui, - de qui, arrivé du dehors, parle mal, ou plutôt n'use pas, comme prescrit, de la lan,gue qui devrait être la sienne."
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