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02/04/2007

Balise 15

Nous sommes dans Le meneur de lune, ORC, T II, Albin Michel et Joë Bousquet parle de cette chambre où il vécut, noyé dans les couleurs des plus belles toiles du monde:

"C'était le calme de l'abîme et du danger, un endroit où tout était possible et où rien n'arrivait : peut-être le lieu où s'élaborait une nouvelle idée de l'amour." 

Et vous diriez qu'il ne parlait pas aussi de la littérature? 

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11/03/2007

Balise 14

 ( Quand le printemps n'est pas la cinquième saison. Celle qui opère syncope dans la quaternaire. Et brise le cercle des saisons. Leur ronde. Quand il n' est pas bris de clôture, déchirure, clé des champs sous les nuages.Alors...)
 
« À chacun sa saison maléfique (« je hais l'été qui me tue» écrit quelque part Rimbaud). Pour moi, c'est le printemps qui me mine et me désunit de fond en comble : l'aigre printemps de France, acide, mordant, quinteux, giflé de grêle et d'orages. Ni la débâcle sauvage de la vie au travers des eaux et des airs qui est le printemps du Canada, ni la tiédeur fleurie des collines de l'Ombrie ou de la Galilée, mais seulement un entre-deux-gelées balayé de grains cinglants, le culte du printemps est en France un stéréotype d'emprunt, un implant pur, en milieu étranger, de la poésie de l'Antiquité et de la Bible. Je n'en excepte que les quelques jours de juin, juste avant la fenaison, où la terre tout entière est devenue tendrement pelucheuse, et quelques fins d'après-midi de mai couvertes où au soir tombant la pluie cesse et où une tiédeur surnaturelle qui se dilate sous le ciel brouillé me fait penser au mot d'Aragon dans Le Paysan de Paris: «J'en étais là de mes réflexions lorsque, sans que rien en eût décelé les approches, le printemps entra subitement dans le monde. »

Julien Gracq, Carnets du grand chemin, La Pléiade, T.II,p.1022/1023

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07/01/2007

Balise 13

« Il n’est pas à la beauté d’autre origine que la blessure, singulière, différente pour chacun, cachée ou visible, que tout homme garde en soi, qu’il préserve et où il se retire quand il veut quitter le monde pour une solitude temporaire mais profonde (…) l’art de Giacometti me semble vouloir découvrir cette blessure secrète de tout être et même de toute chose, afin qu’elle les illumine. »

Jean Genet

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05/12/2006

Balise 12

Depuis la Renaissance jusqu au romantisme, il y a eu un effort impressionnantet souvent sublime pour réduire l'art au génie, la poésie au subjectif et donner à entendre que ce que le poète exprime, c'est lui-même, son intimité la plus propre, la profondeur cachée de sa personne, son « Je » lointain, informulé, informulable. Le peintre se réalise par la peinture, comme le romancier incarne en des'personnages une vision où il se révèle. L'exigence de l'œuvre serait alors celle de cette intimité à exprimer : le poète a son chant à faire entendre, l'écrivain son message à délivrer. « J'ai quelque chose à dire », voilà finalement le plus bas degré des rapports de l'artiste avec l'exigence de l'œuvre, dont le plus haut paraît être la tourmente de l'impétuosité créatrice à laquelle on ne peut trouver de raison. Cette idée que, dans le poème, c'est Mallarmé qui s'exprime, que dans Les Tournesols Van Gogh se manifeste (mais non pas le Van Gogh de la biographie) semble pouvoir nous expliquer ce qu'à d'absolu l'exigence de l'œuvre et cependant le caractère privé, irréductible à toute obligation générale, d'une telle exigence. Cela se passe entre l'artiste et lui-même, personne du dehors ne peut intervenir, c'est secret, c'est comme la passion que nulle autorité extérieure ne peut juger ni comprendre. Mais en est-il ainsi ? Pouvons-nous nous contenter de croire que la passion taciturne, obstinée et rabâcheuse qui commande à Cézanne de mourir le pinceau à la main et de ne pas perdre une journée à enterrer sa mère, n'ait d'autre source que le besoin de s'exprimer ? Plutôt qu'à lui-même, c'est au tableau que le secret qu'il recherche se rapporte, et ce tableau, de toute évidence, n'aurait pour Cézanne aucun intérêt s'il lui parlait seulement de Cézanne, et non pas de la peinture, de l'essence de la peinture dont l’approche lui est inaccessible. Appelons donc cette exigence peinture, appelons-la œuvre ou art, mais l'appeler ainsi ne nous révèle pas d'où elle tire son autorité, ni pourquoi cette autorité ne demande rien à celui qui la supporte, l'attire tout entier et l'abandonne tout entier, exige de lui plus qu'il ne peut être exigé, par aucune morale, d'aucun homme, et en même temps ne l'oblige en rien, ne lui fait grief ni avantage de rien, ne se rapporte pas à lui tout en l'appelant à soutenir ce rapport – et ainsi le tourmente et l'agite d'une joie sans mesure.

Maurice Blanchot, La question Littéraire, in Le livre à venir

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12/11/2006

Balise 11

"Il y a des ulcères dans la pureté, nous allons

du visible à l'invisible.

 

Sur cette erreur repose notre coeur."

Antonio Gamoneda 

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30/10/2006

balise 10

"Il n'y a que l'homme comme silence qui puisse faire face."

Paul Celan 

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23/10/2006

Balise 9

"Ecrire de la poésie, n'était-ce pas une transaction secrète, une voix répondant à une autre voix?...Quoi de plus secret, songea-t-elle, de plus lent, de plus semblable au commerce des amoureux que la réponse bégayante qu'elle avait faite pendant toutes ces années à la vieille mélopée des bois, aux fermes et aux chevaux bruns qui, col contre col, sont arrêtés devant la grille, au forgeron, à la cuisine, aux champs qui, si laborieusement, portent l'orge, les raves, l'herbe, et au jardin enfin qui fait s'épanouir iris et fritillaires?"
Virginia Woolf 

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21/10/2006

Balise 8

Ces mots de Montaigne à propos de la poésie:

"Quiconque en discerne la beauté, d'une vue ferme et rassise, il ne la voit pas, non plus que la splendeur de l'éclair, elle ne pratique point notre jugement, elle le ravit et le ravage." 

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16/10/2006

Balise 7

"La réalité aujourd'hui nous ne la reconnaissons plus. Elle nous apparaît sous une forme nouvelle...(réductible à aucune autre...résiste de toute l'opacité de sa nouveauté ). Tout dans l'univers, en dehors de cette qualité, a un nom. Elle seule en est dépourvue; seule, elle est neuve. Nous nous efforçons de lui donner un nom.Ainsi commence la poésie."

Boris Pasternak 

 

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12/10/2006

Balise 6

"Lire exige un don qui n'est pas donné à l'avance, qu'il faut chaque fois recevoir, acquérir et perdre, dans l'oubli de soi-même."
Maurice blanchot

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29/09/2006

Balise 5

"La réalité sans l'énergie disloquante de la poésie, qu'est-ce?"
René Char

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25/09/2006

Balise 4

« Ange et muse viennent du dehors. L’ange donne des lumières. La muse donne des formes (…) En revanche, le duende, c’est dans les ultimes demeures du sang qu’il faut le réveiller (…) le duende blesse et dans la guérison de cette blessure qui ne se ferme jamais réside l’insolite originalité d’une œuvre. »
Federico Garcia Lorca

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