15/02/2009
Balise 40- Question de rythme (1)-Virginia Woolf
Henri Meschonnic m'ayant donné son accord pour un entretien à paraître dans l'Humanité,j'engrange tout ce qui tourne autour de la question du rythme . Ainsi ces mots de Virginia Woolf:
"La nature du rythme, voilà qui est très profond et va bien au-delà des mots. Un spectacle, une émotion, déclenchent une vague dans l'esprit bien avant qu'ils ne suggèrent les mots qui s'y adapteront. C'est cet élan qu'il faut tenter de saisir quand on écrit, de mettre en mouvement 'et qui n'a apparemment rien à voir avec les mots) et c'est au moment où cette vague déferle et s'écrase dans la tête que naissent les mots qui l'accompagnent."
12:26 Publié dans Balises | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie
Commentaires
Bonjour aAain
puisque tu t'es engagé dans un échange avec H Meschonnic envers qui j'ai une grande reconnaissance puisque son "Pour la Poétique" (no 1) avec son Vivre/Lire/Ecrire a beaucoup compté pour l'élaboration de ma propre méthode critique (celle que j'ai utilisée pour toutes mes interventions de d'enseignement ou de recherche), voici comment j'avais proposé d'introduire la question du rythme lors du séminaire qu'avait organisé B Bonhomme sur ce thème en 2002. La démonstration qui suivait a paru dans mon article intitulé "Stratégies du déséquilibre"
"qu'est-ce que le rythme en poésie? La question en appelle à la fois à la philosophie et à la musique, à l'esthétique et à la sémiotique, à la linguistique et à la stylistique. Pour pouvoir proposer une réponse reprenons d'abord quelques définitions qu'ont données des poètes ou d'autres critiques. Valéry: " Je crois que le rythme est la loi d'une suite, mais d'une suite multiple" , ou bien encore: " Le mouvement plus ou moins caché par lequel ce qui n'est pas encore est déjà, ou est entièrement dans ce qui est, s'appelle rythme" . Monique Parent qui parle " d'un mode de succession tel qu'une périodicité y est sensible. [...] C'est le retour de l'accent de durée ou d'intensité et le retour du groupe de mêmes sonorités qui permettent d'apprécier le rythme". Ou encore Henri Meschonnic: "Le rythme n'est pas seulement un secteur du langage parmi d'autres, un niveau linguistique comme le lexique ou le symbole mais [...] plus puissamment il peut être pris comme la structuration d'ensemble de tous les signifiants. Il est l'inscription du sujet dans l'ensemble de l'œuvre comme système des valeurs du langage à travers le sens" . Et, pour dire de façon plus catégorique son importance dans le texte poétique: "Il ne s'agit que de comprendre sans dévier que la conscience poétique est, organiquement, de l'alexandrin au poème en prose, conscience rythmique" .
Comme l'hypothèse que j'avance ici est que le rythme en poésie est le produit d'un déséquilibre plus ou moins régulé par une mesure, j'ajouterai à ces définitions une paraphrase de Wittgenstein qui déclarait: "Quand on fait de la philosophie, il faut descendre jusqu'au chaos primordial et s'y sentir chez soi". Cela donnerait: "Quand on écrit de la poésie, il faut descendre jusqu'au chaos primordial et s'y inventer une mesure"
Écrit par : Eveline Caduc | 16/02/2009
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