20/01/2008
Lu 20 - Avec Guillevic sur le chemin des sèves
( cet article est paru dans une version abrégèe dans L'Humanité du jeudi )
Il s'agissait de fêter le centenaire de la naissance de Guillevic et de faire signe vers deux publications importantes:D'abord, Possibles futurs, Poésie/Gallimard, cat 2; puis, Relier, poèmes (1938-1996) NRF, Gallimard,29 euros.)
2007 : que de centenaires ! De René Char à Maurice Blanchot en passant par André Frénaud, Georges Schéhadée , comment pourrais-je oublier Eugène Guillevic dont s’est aussi le dixième anniversaire de la mort ? À côté de colloques, exposition, rencontres – j’écris cette chronique alors que se déroule bien loin de mes montagnes un Hommage à Guillevic à Saint-Arnoult-en-Yvelines, Maison Elsa Triolet et Aragon - des publications. Si je commencerai par signaler Du pays de la pierre aux éditions de la différence qui réunit le poète, Lucie Guillevic-Albertini et le sculpteur Boris Lejeune, les deux livres des éditions Gallimard retiendront mon attention. Le premier, c’est la réédition de Possibles futurs dans la collection Poésie/Gallimard ; le second, Relier est un fort volume – quelques 800 pages ! – que nous devons aux soins attentifs de son épouse qui a réuni les recueils ou poèmes parus entre 1938 et 1996.
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11/10/2007
Vient de paraître : Alain Freixe - Dans les ramas
Aux éditions de l'Amourier, route du col Saint Roch, 06390 Coaraze vient de paraître dans la collection Grammages (19 euros) mon troisième livre après Comme des pas qui s'éloignent (1999) et Avant la nuit (2003). Je l'ai intitulé Dans les ramas.
J'ai demandé à mon amie Anne Slacik de m'accompagner au moyen d'un frontispice. Plus tard dans un tirage de tête.
J'ai risqué le mot « ramas » pour aller contre le sens péjoratif qui s’attache aujourd’hui à l’idée de « ramassis », amas informe, tas et pour valoriser au contraire l’idée d’ajustement qui préside à cet art de confectionner ces fagots de bois tombé à partir des brisées abandonnées au sol soit par les vents et les orages, soit par les bêtes de la nuit en leurs passées et qu’on laisse en forêt au pied de quelques arbres.
Histoire de faire signe vers ce bois partageable qui attend en nos forêts et sur lequel aucun pouvoir n’a de prise. Ici donc cinq ramas, passeurs de feu, de silence, de sens. Qu’un vent tisonnier avive.
*
Extrait de la note de Jean-Marie Barnaud mise en ligne sur le site remue.net:
On ne progresse pas, en écriture: on endure une expérience qui, peu à peu, apprend qui l'on est. Appelons ce creusement une fidélité, et acceptons qu'il donne quelque chose d'autre encore à endurer, s'il est vrai que le poème ne prétend à aucune solution mais enseigne simplement l'évidence d'une sorte de cogito de l'énigme. Le poème ouvre la parole à toujours plus d'incomplétude, en effet, à plus d'incertitude, dès lors qu'il se refuse aux plaisirs esthètes et qu'il accueille et fait entendre l'inquiétude d'une voix qui habite et interroge ses apories.
Je me suis redit cela, lisant ce dernier livre d'Alain Freixe, et y retrouvant une telle inquiétude dans le frémissement si particulier que procure chez lui la rencontre du halètement des phrases, de leurs coupes brutales, de leurs intermittences, avec la surprise d'images violentes ou complexes, et que soutiennent plus particulièrement tout au long de ce texte-ci le jeu insistant de couleurs opposées (...)
*
On lira une présentation et quelques larges extraits de Dans les ramas sur le site de l'écrivain Claude Ber: http:/www.wmaker.net/claudeber2/
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27/06/2007
Salah Stétié - Lampe du sens sur le sentier obscur
( Cet entretien que j'ai mené en février 2004 avec Salah Stétié est paru au printemps de la même année dans le N° 86 de la revue Friches, Cahiers de poésie verte, Le gravier de Glandon, 87500 Saint-Yrieix, que dirige mon ami Jean-Pierre Thuillat. Daniel Aranjo avait participé à la mise sur pied de ce dossier. )
Alain FREIXE. - Vous me pardonnerez, mais je ne puis commencer cet entretien sans vous poser la même question que celle que vous posait, en 1995, Daniel Leuwers, dans la revue Europe: « Salah Stétié, comment vivez-vous cette "question arabe" dans ses développements récents les plus tragiques ? ».
Salah STÉTIÉ. -Question pour moi douloureuse –plus douloureuse encore qu'elle ne se posait en 1995. Jamais le monde arabe, sous l'apparence calme qu'en donnent certains Etats, sous celle, ô combien tumultueuse, qu'en fournissent d'autres, n'a été aussi fragile, aussi peu maître de son destin, aussi réduit à l'impuissance, aussi livré à l'autodestruction et aux macérations amères qui en découlent. J'avais, aux divers postes de responsabilité où je m'étais trouvé par la force des choses (Ambassadeur à l'UNESCO, aux Pays-Bas, au Maroc, Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères à Beyrouth), très mal vécu sur plus de quinze ans la guerre « civile » libanaise. On appelle « civile » la guerre la plus incivile qui soit, c'est là l'une des dérisions du sens dont je n'ai pas fini d'épuiser le non-sens. Il est vrai que la guerre libanaise, à part quelque soixante mille hommes recrutés et armés par des puissances extérieures, n'avait de libanais que le fait d'avoir pour théâtre le territoire qui lui servait de scène au quotidien: meurtres, violences de toute nature, attentats, assassinats, bombardements aveugles, tout ce que le monde devait voir par la suite se reproduire dans l'ex-Yougoslavie, au Rwanda, en Iraq, et, par-ci, par-là, sur le inode mineur, dans d'autres régions du monde. Mon pays avait pourtant le privilège d'avoir derrière lui une longue, très longue histoire, et il a de ce fait réussi, au bout de quinze ans de délires et d'exactions de toute sorte qui lui ont été imposées, à retrouver sa sagesse millénaire et, dans la mesure du possible, se reprendre en main et réorganiser son système politique qui doit gérer, dans l'équilibre, le destin commun de dix-huit communautés différentes sur le plan religieux et, jusqu'à un certain point, culturel. Pour le reste, à savoir la question arabe en général, j'ai - tout en me félicitant de l'élimination de l'affreux Saddam Hussein - le plus grand mal à accepter l'occupation, par la coalition créée autour des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, d'un pays de vieille civilisation comme l'Iraq. J'attends aussi avec impatience et colère, oui: colère, la fin de ce qui se passe actuellement en Palestine: il faut que ces deux peuples, le palestinien et l'israélien, trouvent enfin le chemin du dialogue, du respect mutuel, du droit international, que justice soit rendue au dépossédé et que le bon voisinage remplace la méfiance et la haine réciproques: « Si tu veux la paix, prépare la paix », dit Platon.AF - « Satah Stétié, poète arabe », c'est là le titre du livre que Daniel Aranjo vous a consacré aux éditions Autres Temps (l septembre 2001). Le substantif dit un droit, droit à l'exil de tout homme qui, parce qu'il parle, perd le monde et tente obstinément d'y reprendre pied, souffle et sens; I'épithète un fait, difficile à cerner. Existe-t-il un « pays arabe », une patrie linguistique et culturelle arabe ?SS - Il existe une langue arabe, une culture arabe, une civilisation arabe, complexe, qui a produit, à travers et au-delà du fait religieux, une littérature, une philosophie, une architecture, une poésie, une musique, un art de vivre, que sais-je, et c'est tout cela qui alimente la conscience et l'inconscient collectifs. Je suis le fils de cet héritage-là comme je suis le fils de ma culture française. J'ai la chance-je l'ai souvent écrit d'être un métis intellectuel et spirituel, un homme à cheval sur deux mondes. C'est cela que Daniel Aranjo a compris et c'est cela qu'il met en évidence dans son livre aussi renseigné qu'intuitif.
AF- Je ne me souviens plus dans lequel de vos articles consacrés à la poésie vous rappeliez ce mot de Flaubert: « la civilisation est une histoire contre la poésie ». Cette guerre, de quoi est-elle fondatrice à vos yeux ?
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15/06/2007
Lu 13 - André Velter et la "fée des glaciers"
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02/04/2007
Lu 11 - La lettera amorosa de Jean-Pierre Siméon
( Jean-Pierre Siméon, Lettre à la femme aimée au sujet de la mort, Cheyne Editeur, 2005, 13, 50 euros)
Et voilà que m’arrive cette Lettre à la femme aimée au sujet de la mort de Jean-Pierre Siméon. Une lettre d’amour, cela s’ouvre un peu à contre jour. À l’abri, dans le calme et le repos. Pour une joie.
Les poèmes de Jean-Pierre Siméon « (ôtent) la pierre sur (nos) souffles ». oui, dans l’excès de leurs coups de vent – ce lyrisme qui « (sait) être dans le cri / sans le cri » - ils nous aident à déchirer l’asphyxie qui nous menace. Avec eux, l’air accourt, la fraîcheur, la tendresse de « cet autre cœur / qui n’est pas un muscle ». Oxygéné de cet air autre qui fait claquer les mots des poèmes, il s’ouvre « au sens inexprimé des choses ».
Lyrique, Jean-Pierre Siméon ? Oui, c’est un grand remueur et rumineur de mots. En images, ils remontent des quatre coins : Amour, révoltes, mort, vie. Saturés de richesse, ils se clarifient au feu de l’effusion. Alors la verdeur du chant se prend à eux. On reconnaît bien là le directeur artistique du Printemps des poètes, sa fougue mise au service de la poésie, cette manière bien à lui de traverser le monde avec étonnement et générosité, ferveur et fermeté. Poésie qui sous toutes ses formes « mets les pieds dans le plat de l’existence » !
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26/03/2007
Turbulence 10 - Clermont-Ferrand-1987/2007- Vingt ans de poésie, et au-delà
René Char
Je reviens de Clermont-Ferrand. Invité par la Semaine de la poésie pour son XXème anniversaire, fêtant pour l’occasion son fondateur, notre ami Jean-Pierre Siméon.
Se faire passeur de poésie est affaire de patience. L’autre rive n’est jamais très visible et la lenteur préside à la traversée. Celle qui n’évite pas l’errance, les doutes, parfois même les chutes mais sait se garder de celles, mortelles, dont on ne se relève que dos maçonné et regard rayé de mauvaise nuit.
Oui Jean-Pierre a raison : « Si l’écriture du poème nous apprend quelque chose, c’est d’abord ceci : il faut du temps pour faire sens et le chemin vers le sens implique les risques du chemin, tâtonnements, fatigues, impasses, éternels recommencements… »
Oui, Françoise Lalot et sa « brigade de fées organisatrices» de la Semaine de la poésie de Clermont-Ferrand ont raison, « il faut que le chemin perdure »
Oui, nous avons raison, nous autres d’ici, Yves Ughes, Raphaël Monticelli, Jean-Marie Barnaud, sophie Braganti d’animer qui La poésie a un visage à Grasse -10 ans en 2008 ! – qui La poésie des deux rives dans les pays du paillon – 7 ans déjà ! – qui les Rencontres des Ecritures Poétiques et leur Lézard amoureux – www.ac-nice.fr/daac/lézard -qui le printemps des poètes à Nice, avec tous ceux enseignants, poètes, bibliothécaires, éditeurs, artistes, enfants, adolescents, élus, bénévoles... dont le compagnonnage est nécessaire pour que rencontrer la poésie d’aujourd’hui, cette langue qui ne se soumet pas à être privé de sens, soit possible de la maternelle au lycée et plus généralement, dans les institutions et la cité.
À Eliot,
Aux femmes et aux hommes – jeunes encore ! - que j’appelais – Dix ans déjà ! – les enfants-du-pied-des-tours de la ZEP La Charme,
À mon sens, l’immense mérite de cette Semaine de la poésie est de donner chance à la rencontre.
Seule, la rencontre est fécondante. Son « angle fusant » ne se résume ni dans la présence du poète, cet intervenant extérieur supposé en savoir plus que les autres sur ce dont il s’agit , dans une classe, ni dans la manière dont cette classe a été préparée par l’enseignant. Encore que pour se rencontrer, il convient que l’on se soit donné rendez-vous et quelque peu apprivoisé, et en ce sens le travail de l’enseignant est tout à fait important - Dirais-je qu’au cours de mes nombreuses interventions, au fil des ans, il n’a pratiquement jamais été pris en défaut? - Il lui appartient de préparer la venue du poète, de soigner cette attente, de la nourrir et la creuser d’interrogations, de lectures, etc...
Mais, ce qui importe ce n’est pas encore cela. Ce qui importe ce n’est ni le poète, ni la classe elle-même, mais leur rencontre, soit cet entre-deux, cette dimension à chaque fois neuve et inouïe d’un je et d’un tu, cet espace tiers entre un toi et un moi, espace autre par où passer est possible.
C’est dans cette rencontre que je définirais volontiers par ses qualités, soit ce sens des entours - timbre, tons, résonances, couleurs... - que se joue la transmission.
Et n’est -ce pas de cela dont il s’agit dans cette Semaine de la Poésie?
Ne s’agit-il pas d’être des passeurs de poésie?
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24/03/2007
Lu 11 - René Char, Lettera amorosa
C’est ce mouvement là qui anime cette Lettera amorosa que nous donne à lire aujourd’hui Poésie/Gallimard. L’érotique est ici éthique de la parole. Femme et langue sont là comme absentes. La langue parce que reclose sur elle-même, figées dans ses notions prédéfinies. L’écriture de Char l’attaque, la malmène jusqu’à l’ouvrir sur cette jouissance secrète qui s’accomplit en un « merci » par lequel le poète donne congé à sa « fleur de gravité », « iris d’Éros, iris de Lettera amorosa ». Celle qui continue à « (accompagner) le retour du jour sur les vertes avenues libres. »
Cette édition présente l’intérêt de nous offrir non seulement les deux versions du texte, celle de 1952 sous le titre de Guirlande terrestre et celle de 1964 parue dans l’anthologie Commune présence, qu'on trouvera également dans la collection Poésie/Gallimard, mais également la reproduction des 16 collages de Jean Arp qui accompagnaient la première version et les 24 lithographies de Georges Braque qui allaient l’amble avec la deuxième. Quand on sait combien René Char fut attentif à ceux qui furent ses « alliés substantiels », ces peintres qui à l’instar de Picasso en 1939 lui offrirent – et continuent à nous offrir – « mille planches de salut », on mesure l’importance du dialogue ici offert.
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25/02/2007
Hommage à Jacques Dupin à Privas
Ami avec des écrivains dont Maurice Blanchot, André Frénaud, Francis Ponge, Pierre Reverdy, il est l'un des fondateurs de l'importante revue L'Ephémère en 1966, avec Yves Bonnefoy, Paul Celan, André Du Bouchet, Louis-René des Forêts , Gaétan Picon. Il en assuré la coordination.
Ami avec des artistes, il organise des expositions, écrit des articles ou des préfaces pour les catalogues, ou encore avec lesquels il crée avec eux des livres singuliers, des livres d'artistes : Constantin Brancusi, Victor Brauner, Georges Braque, Alberto Giacometti, Jean Hélion, Wifredo Lam, André Masson, Joan Miro, Henri Michaux, Pablo Picasso, Nicolas de Staël, Bram van Velde, et plus près de nous, Valérie Adami, Pierre Alechinsky, Francis Bacon, Jean Capdeville, Eduardo Chillida, Colette Deblé, Joan Mitchell, Raquel, Paul Rebeyrolle, Jean-Paul Riopelle, Antonio Saura, José Maria Sicilia, Antoni Tapies, Gérard Titus-Carmel, Raoul Ubac, Jan Voss.
Comme avec les écrivains, la compagnie et l'accompagnement des artistes sont déterminants pour le travail de Jacques Dupin, dans la lumière de l'autre qu'il recherche ardemment, dont il devine la tension. Ses écrivains et artistes contemporains, qui ont tous marqué l'histoire de la littérature et de Fart, sont ses « alliés substantiels ».
De Cendrier du voyage (GLM, 1950, réédition Fissile en 2006) à Coudrier (POL, 2006), en passant par Gravir (Galllimard, 1963), Dehors (Gallimard, 1975), Les Mères (Fata Morgana, 1986), Echancré (POL, 1991), Eclisse (Spectres Familiers, 1992), Ecart (POL, 2000), cinquante-six ans et de très nombreux livres. A côté des livres courants , il y a aussi ces livres d'artistes importants : La Nuit grandissante, avec Antoni Tapies ( Erker Press, 1968), Proximité du murmure, avec raoul Ubac (Maeght, 1971), L'Issue dérobée, avec Joan Miro (Maeght, 1974), Matière du souffle, avec Antoni Tapies (Lelong & T, 1991), Nacelle, avec Jan Voss ( Leiong, 1995), Impromptu, avec José Maria Sicilia (Michael Woolworth,1995), Combe osbscure , avec Jean Capdeville (Ecarts, 1999).... qui jalonnent l'histoire des livres d'artistes.
En 1988, Jacques Dupin reçoit le Grand Prix national de Poésie.
En 1998 , les éditions Gallimard reprennent plusieurs de ses livres dans Le Corps clairvoyant: 1963-1982.
Le n° 20 / 21 de la revue faire part est une reconnaissance, au sens de reconnaissance d'une œuvre forte, intense, « lieu hors de tout lieu » pour reprendre les mots de Claude Esteban, reconnaissance au sens aussi de gratitude, tant nous sommes reliés à l'œuvre de Jacques Dupin et lui sommes redevables. Quelque chose comme un exercice d'admiration.
« Matière d'origine, Jacques Dupin » vient parcourir et reconnaître son travail, après d'autres reconnaissances : les expositions à V Ecole des Beaux-Arts de Quimper (1986), au Musée de Gravelines (1996), au Cipm à Marseille (1988 et 1992), à la Cité du Livre/Ecritures croisées à Aix-en-Provence (2001), ainsi que des cahiers et numéros de revues ; Revue des Belles Lettres n°3-4 (1986), Le Cahier du Refuge n°22 (CIPM, 1992), L'Injonction silencieuse, cahier Jacques Dupin (La Table ronde, 1995), Prétexte n°9 (1996), Cahiers de la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet n°2 (1998), Strates, cahier Jacques Dupin (Farrago, 2000), Méthode ! n°8 (Vallongues, 2006). Ainsi que les livres de Michael Brophy, Maryann De Julio, Valéry Hugotte, John E. Jackson, Seiji Marukawa,
Nicolas Pesquès, Georges Raillard, Dominique Viart.
Le n° 20 / 21 de la revue faire part paraît au même moment qu'un livre « Mélanges pour Jacques Dupin » aux éditions POL, sous la direction de Nicolas Pesquès : de nombreux écrivains et artistes d'aujourd'hui y affirment la présence forte de cet écrivain, qui est plus que jamais notre « extrême contemporain ».
Jacques Dupin écrit dans « le bonheur de vivre à l'affût d'être touché par l’infime », il «écrit ce qu'il ignore », il « attend très bas la première goutte d'eau souterraine qui décomposera la lumière. L'éparpillement dans la terre des lettres d'un nom éclaté ». Il écrit, dans l'un éclaté, et s'adressant à l'autre, inventant sa présence, « à l'inconnu de tout lecteur».
Il écrit l’abrupt, l'aride, d'une lettre à l'autre, d'un mot à l'autre, d'un livre à l'autre, il laisse toujours un mot, dehors, une « matière du souffle », une « matière d'infini », pour ainsi dire une matière d'origine, de commencements, il reprend le fil, il revient à la ligne, comme au seuil de l'autre. La poésie et la pensée s'y défient dans l'attrait et l'affront proche du silence, tout à leur extrême solitude et à l'empoigne du réel, dans la recherche, coûte que coûte, de la lumière.
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17/02/2007
René Char - "J'habite une douleur", dit le prince...
(Ce texte est paru dans le N°21 de la Revue Trames, actualité de la psychanalyse : Souffrance d'être, douleur d'exister,en Mars 1996. L'occasion est belle de saluer mon amie Francine Beddock, âme et corps de cette revue, que la mort a effacée de ce côté-ci du monde pour la garder toujours présente à ces horizons où s'affronter à l'impossible signe l'humain en l'homme.)
"Le devoir d'un prince est, durant la trêve des saisons et la sieste des heureux, de produire un Art, à l'aide des nuages, un Art qui soit issu de la douleur et conduise à la douleur"
René Char
Nous sommes si malheureux, souvent, et si heureux, parfois. Tristesse que déchire une joie soudaine, joie qui, inexplicablement, se plisse très vite de quelques chagrins. Etrange cercle où l'asphyxie nous guette, pareillement. Et c'est alors cette sourde fatigue d'un côté, près du château, là-bas, par exemple chez Kafka; cette tendresse un peu fade de l'autre, si prompte à gouverner nos coeurs, proche parente de cet automne dont parle Char. Tristesse ou joie comme deux ports où nous jetons l'ancre, comme deux forteresses que les obscurs sou¬terrains de la léthargie joignent et dont les meurtrières hypnotisées n'ouvrent que sur le paysage dévasté de la misère ou du festin, "ornières des résultats" où s'enlise une existence moins négative que pleine, toujours redoutablement effi¬cace à s'établir, à boucher le trou où se creuse son sens - Et j'entends moins sa signification que sa direction - promise à l'usure, résignée à la douleur sans âge et sans voix de l'ordinaire, autre que l'hébétude de quelques mots vides, voués à se perdre dans les flots de cet "universel reportage", dont parlait Mallarmé. Ainsi passe la vie sans que rien ne s'y passe. Dans un monde qui s'envase dans l'actualité d'un flot d'images où vulgarité, bassesses, horreurs et violences se mêlent jusqu'à dévaster le regard, un monde où la lumière éventre tout l'espace, défie toute intimité, un monde comme un enfer blanc, sans fourche, ni pal, ni flamme, tant tout y est là si proche qu'il ne reste plus rien qu'un désert qui s'accroît et où le coeur entre comme en narcose. Les poètes ne protègent pas le désert où tout se voit. Ils savent, avec Char, que "supprimer l'éloignement tue" et que "sans inconnu devant soi", vivre ne peut que perdre sens et saveur "malgré l'espoir matériel grandi et l'aiguillon du verbe humain". Parce que la poésie est résistance, encore et toujours, et sous toutes ses formes, même si dans le cadre de cet article je privilégierai celle de Char, parce que "Hors d'elle (...) le monde est nul", c'est à partir d'elle que je ris¬querai ces quelques mots avec pour seul souci de parler "de ce qui aide à vivre, de ce qui est bien", selon les mots d'Eluard à propos de son ami Picasso.
*
Je quitterai donc les rivages de cette douleur qui nous habite et nous tire toujours comme en arrière, nous enfonçant dans une résignation qui se fait toujours plus sourde, colmatant toute ouverture de ses buées opaques, sapant insidieusement le procès de subjectivation, pour tenter d'aborder ceux où un sujet dit habiter une douleur. "J'habite une douleur" est le titre d'un poème de Char qui appartient au recueil Le poème pulvérisé, depuis qu'il parut aux éditions Fontaine en 1947. L'histoire littéraire retiendra qu'il vit le jour d'abord dans la revue Poésie 45, puis dans Les Cahiers du Sud en 1946 sous le titre "Le poème pulvérisé", que donc ce transfert de titre légitime l'idée qu'il est comme le centre actif et rayonnant du recueil de 1947.
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30/09/2006
Alain Freixe & Anne Slacik – Arbres et neiges, l’hiver
Les Cahiers du Museur ont assuré l’édition originale non paginée de ce texte manuscrit par Alain Freixe et accompagné de 6 peintures d’Anne Slacik sur 5 feuillets d’Arches de 270g.
La vignette originale de couverture est de Martin Miguel. L'ouvrage est présenté sous un étui toilé violine de format 20x28cm sorti des ateliers À fleurs de peaux de Claude-Adélaïde Brémond en 2005.
Les 13 exemplaires sont tous signés au colophon par l’auteur et l’artiste.
Prix unitaire de 450 euros
A propos d'Anne Slacik:
Anne Slacik est née à Narbonne (France) en 1959. Elle vit et travaille en région parisienne et dans le Gard.
Très nombreuses expositions personnelles et collectives en France et en Europe . Son oeuvre est présente dans quantité de collections publiques . Anne Slacik a travaillé avec beaucoup d'auteurs. Sa collection des livres manuscrits-peints compte plus de 120 titres. Une véritable "constellation"!Elle a publié une quarantaine d'ouvrages chez Fata Morgana, Aencrages, plus récemment chez André Benoit éditons...
Dans un entretien avec Benoît Lecoq, conservateur du Carré d'art à Nîmes, elle déclare : "je suis un peintre qui fait des livres. On peut les appeler « Livres de peintre », en reprenant la définition de Tériade qui récusait le terme de « livre illustré », puisque le livre de peintre est un livre qui engage entièrement le peintre. Pour moi, le texte n'est pas au second plan. Il doit y avoir rencontre ; on ne sait qui est au premier plan, qui a commencé : l'un est le support de l'autre. Même si l'idéal du livre réussi est toujours à venir, on peut tenter de croiser les choses au point qu'on ne puisse plus les dissocier. Ceci dans la plus grande liberté. Mais il n'y a pas de fusion pour autant. La rencontre est un jeu autrement subtil et difficile."
"Quelques auteurs ont voulu donner à leur écriture un élan ou des inflexions plastiques : ils ne réussissent qu'à montrer l'impuissance de notre alphabet à devenir visuellement expressif. Seuls, les auteurs américains le font au moins avec naturel. Mais sans doute le problème n'est-il pas de donner à notre graphie une allure qui n'est pas dans sa nature : à quoi bon ? Puisqu'Anne Slacik réussit à faire du livre peint l'espace révélateur de l'évènement poétique."
Bernard Noël
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29/09/2006
Alain Freixe & Maria Desmée – Comme on tombe amoureux
Texte d’Alain Freixe manuscrit par l’auteur accompagné de 2 gravures et 3 peintures de Maria Desmée. Publié dans la collection à la main petit format des éditions L’Attentive en 2006 sur Vélin d’Arches et sous couverture rempliée ornée d’une vignette de Maria Desmée. Format 17,20 x 22cm.
Prix unitaire : 230 euros
A propos de Maria Desmée:
Maria Desmée est née en roumanie en 1952 où elle fait des études d'art et de littérature. Peintre et graveur, elle vit et travaille en France de puis 1982. Nombreuses expositions en France et aux Etats-Unis, participations à des salons, collaboration à des éditions de livres avec des poètes qu'e'lle accompagne en image.
Gilbert Desmée a écrit à son propos : "La peinture de Maria Desmée est non-figurative, mais loin d'une abstraction, elle nous parle de feu, de roche, de faille, de fusion, d'arrachement, de pénétration, de rencontre, d'émotion, de sentiments, d'infimes moments de vie et, naturellement, de l'être dans ce qu'il a de pénétrant, de sa faiblesse, de sa grandeur, de ses incohérences, de ses désirs et de ses jouissances."
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Alain Freixe & Martin Miguel – Dire Non
Poème d’Alain Freixe manuscrit par l’auteur sur une prise au noir de Martin Miguel sur une feuille de papier dessin blanc à grains de 224 g/m2, pliée en quatre au format 11,5 x 29,7 cm.
Ces 36 exemplaires, présentés sous jaquette papier calque , sont signés au colophon par le poète et l’artiste.
Prix unitaire : 65 euros
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