14/09/2025
Vous avez dit retour?
Plutôt reprise! Au moins pour cette projection vers l'avant que je suppose portée par ce mot.
Reprendre, réactiver les principales "catégories" de ce blog.Ancien et délaissé, un temps.
Offrir à nouveau au partage notes le lectures (anciennes et nouvelles), annonces d'événements et autres publications, reprendre balises et turbulences, ces éléments de la route!
On va essayer!
AF
10:22 Publié dans Dans les turbulences, Du côté de mes interventions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alain freixe
Lu 120 - Patrick Laupin et Thierry Renard aux éditions La rumeur libre
« Les lois du cœur demandent des passeurs, des traducteurs ». Si Patrick Laupin est deceux-là, Thierry Renard poète, infatigable animateur de l’Espace Pandora à Vénissieux est bien de cette trempe-là !
Je présentais ici même Patrick Laupin dans ma XVIIIème Chronique poétique, proposant
aux lecteurs du Patriote Côte d’Azur de faire un pas de côté avec lui en découvrant son écriture à propos de son livre La mort provisoire publié en 2022 à la rumeur libre.
Retrouvons-le aujourd’hui à propos de Les Visages et les voix. Ce livre vient de loin. Cette troisième édition date de 2008 - la première chez Cadex avait vu le jour en 1991, la deuxième en 2001 chez Compa’Act – c’est à Lyon, en mars dernier, à l’occasion d’un salon du livre que Patrick Laupin me l’a offert. C’est « bouleversé d’humain » que l’on sort de sa lecture. Dans ce livre se tressent l’écriture de Patrick Laupin aux prises avec son enfance dans ces Cévennes aimées, avec celle en italique qui rapporte les propos de ceux qui vécurent la mine et ses travaux entre dignité, tendresse et solidarité ouvrière, et ces 46 photographies d’Yves Neyrolles, magnifiques images de paysages, d’hommes, de femmes et d’enfants. J’ai plaisir de proposer à voir et à lire à tous ceux, ami(e)s et camarades, prêts à se reconnaître en d’autres humains – ici ces mineurs de fond des Cévennes – ces Visages et ces Voix car je les crois capables d’être habités par cet écart : « trinité des larmes, de la chair et du soleil ».
« Comment se rendre proche du non-dit, de l’informulable, de l’indéchiffrable, de l’intransmissible (…)» se demande Patrick Laupin alors même que c’est cet inexprimable-là qui nous touche car ce n’est pas seulement dans les mots mais bien tout entre les mots, comme ces fumées, « étoile noire du puits émergeant dans l’amoncellent de «collines jaunes de genêts ». Tout dans ce livre résonne comme dans les fonds de ces ravins des cévenols, dans leurs plis de terre où le moindre bruit, la moindre voix trouve à multiplier ses ondes et sous le ciel desquels passent les merveilleux nuages des visages aimés.
Si En première ligne est un livre d’entretiens - il s’agit pour Christophe La Posta d’amener Thierry Renard à remettre ses pas dans plus de 40 ans d’écritures et d’actions diverses : lectures, conférences, édition, création d’événements dont l’actuel Magnifique printemps, festival pluridisciplinaire qui en mars déferle sur la région lyonnaise - c’est aussi un livre rythmé par des poèmes, contrepoints verticaux, trous d’air par où se dit, y compris dans l’émoi, cette manière singulière qu’à son auteur d’arpenter le monde et ses terres les plus arides comme les plus fertiles.
J’aime voir, dans ce livre, un homme attaché à réduire la fracture culturelle, soucieux toujours de ne pas oublier les publics défavorisés, attentif à éveiller les consciences et « travailler d’arrache-pied à l’émancipation humaine ». J’aime les deux visages de cet homme : mélancolie et refus d’un côté et enthousiasme et consentement de l’autre, quelqu’un qui sait prendre la mesure des murs sans oublier qu’il doit toujours y avoir une porte, « une porte ouverte sur l’espoir », porte que l’on peut toujours dégonder, comme le rappelle souvent le poète Serge Pey, pour la transformer alors en table afin de partager nourritures diverses avec les ami(e)s en ménageant une place libre pour celui ou celle qui viendrait !
Alors que l’argent-roi et ses dévastations, guerres ici et là, massacres et famines, nihilisme généralisé, perte générale du sens courbent toujours plus l’humain en nous, pour Patrick Laupin comme pour Thierry Renard, « il n’est qu’un seul poème, celui de la dignité de l’homme ». Pour eux, pour nous, il est de toute nécessité de résister à ses sourdes, pernicieuses, brutales et violentes poussées et aider au désenvoûtement du monde et des consciences en se faisant ramasseur et colporteur de vent, passeurs de poésie !
Note parue dans le Patriote Côte d'Azur du 11-17 septembre 2025)
- Patrick Laupin, Les Visages et les Voix, photographies de Yves Neyrolles, la rumeur libre éditions, 20 euros
- Thierry Renard, En première ligne, conversations avec Christophe La Posta, la rumeur libre Editions, 18 euros
10:21 | Lien permanent | Commentaires (0)
Rencontre Yvette Iché et Alain Freixe au Centre Joë Bousquet et sontemps - Carcassonne - le samedi 27 septembre 2025 à 15h
10:07 Publié dans Du côté de mes interventions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alain freixe, yvette iché, centre joë bousquet et son temps
Avec du ciel en plus, Esdée-Manie avec des collages de Gislaine Lejard, éditions Esdée
10:07 Publié dans Du côté de mes publications | Lien permanent | Commentaires (0)
Présentation / Signature de Si le vent du nord... livre d'artiste Alain Freixe - Ernest Pignon-Ernest à la librairie Blaizot à Paris le 16 octobre 2025 à partir de 17h
10:06 Publié dans Du côté de mes interventions, Du côté de mes publications | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alain freixe, ernest pignon-ernest, librairie blaizot
Lu 119 -Ossip Mandelstam Œuvres poétiques, Œuvres en prose Le coffret, 1500 p, 59 euros
Ossip Mandelstam, poète rebelle, étranglé petit à petit par la censure stalinienne. Poète intransigeant, sans concession vis-à-vis des mensonges du pouvoir, de sa terreur grandissante au fur et à mesure que « le montagnard du Kremlin » et sa « racaille de chefs au son frêle » étouffaient la révolution. Le « siècle chien-loup » finira par avoir raison de celui qui se disait être l’ami de tout ce qui vivait sur terre. Sa vie prendra fin, après avoir été condamné à 5 ans de travaux forcés à Vladivostok, dans un camp de transit où il souffrit tous les froids.
Jean-Claude Schneider, traducteur, a « cheminé dans l’obscur », accompagné d’Anastasia de la Fortelle dont les notes et commentaires sont particulièrement éclairantes, pour donner « une voix française à Mandelstam », un « apocryphe de l’original » qui sait « respecter « le buissonnement des significations » en conservant à la parole l’ombre dont elle s’habille et qui la tient.
Il y a chez Mandelstam constamment réaffirmées une volonté de vivre au plus près des réalités du monde sensible et des forces qui le traversent – ce qui pourrait expliquer son émerveillement à la découverte des terres nouvelles de sa vie errante, notamment cette Arménie que pendant 8 mois en 1930 il parcourra – mais « les discordes enflammées des hommes » dans ce temps où « tout de par le monde est sans dessus dessous » font tomber sur les jours un hiver toujours plus féroce qui s’impose à lui et dont il ne pourra détacher les yeux, le vouant à « épier les pas du siècle, le bruit et la germination du temps » et donc à une solitude toujours plus grande : « seul je regarde le gel en face » notera)-t-il. Dès lors, écrire sera mener une guerre sans merci pour « soulever les paupières douloureuses du siècle ». Cette guerre, c’est « la volonté d’ouvrir les yeux, de voir en face ce qui arrive, ce qui est » écrira ailleurs Georges Bataille ; c’est ne pas se dérober, faire face à son temps, s’efforcer de voir ce que l’on nous invite à ne pas voir, ce qu’on nous interdit de voir ou ce qu’on nous cache. Dans ses poèmes comme dans ses proses, écrire est cette traversée risquée d’une parole capable d’affronter le présent pour que sous les masques de l’actuel on entende les remugles du temps, ses sourdes germinations.
Pour tenir tête à la violence de l’histoire, Mandelstam mobilisera cette autre violence, celle de la mémoire – « La mémoire, c’est la guerre » affirmera Walter Benjamin – il ira chercher dans hier, ses amis – ses vrais contemporains - Villon, Dante, Verlaine… - non pour pleurer les beaux jours anciens ni par vaine nostalgie régressive mais bien pour y creuser et amener au jour quelques graines survivantes – il faut lire l’admirable Entretien sur Dante ! – Chez Mandelstam, le rapport au passé est toujours de tension. Il s’agit de ramener dans l’aujourd’hui certaines questions restées là en dormance, certaines valeurs oubliées ou non encore advenues pleinement.
La poésie – poème comme prose ! C’est même là le mérite de ces 2 tomes de nous permettre de sentir combien c’est le rythme qui fait sous-sol et fait exister cette parole – se montre bien ici, d’une part, en diane, l’éveilleuse. Elle tonne et claironne ses réponses au siècle, appelle au sursaut, au réveil. Et, d’autre part, en Diane, la provocatrice qui enjoint Actéon à dire ce qu’il a vu – Diane se baignant nue avec ses suivantes – « s’il le peut » ! Comment ne pas se souvenir de ce « oui, je le peux » qu’Anna Akhmatova, l’amie de Mandelstam, répondit à la femme aux lèvres bleues devant la prison de Leningrad sous le terrible règne de Iéjov. C’est un tel « oui » que l’on entend chez Mandelstam et que mène jusqu’à nous ces deux volumes : « oui, je gis sous terre » mais « vous n’avez pas mis fin au remuement des lèvres ». Cela sonne comme s’épanouit un sourire par où passe toute l’humanité, cette exigence qui donne à la poésie la ferme conscience de sa légitimité.
10:05 Publié dans Du côté de mes publications | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ossip mandelstam
Balise 98-
"Le vrai lieu d'un poète est son travail"
Ossip Mandelstam
10:02 Publié dans Balises | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ossip mandelstam
Balise 97-
« Je ne fais pas grand-chose contre le démon :
je travaille, et levant les yeux parfois de mon travail,
je vois la lune avant qu'il fasse clair. »
Philippe Jaccottet
09:22 Publié dans Balises | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe jaccottet
Balise 96-
Se souvenir des mots de Rilke dans sa lettre à Rodin du 11 septembre 1902 :
"Ce n'est pas seulement pour faire une étude que je suis venu chez vous, c'était pour vous demander: comment faut-il vivre? Et vous avez répondu: en travaillant. Et je le comprends bien. Je sens que travailler, c'est vivre sans mourir".
09:21 Publié dans Balises | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rilke, rodin
01/09/2025
Lecture Georges Ribemont-Dessaignes par Patrice Delbourg, Christian Arthaud, Alain Freixe dans le cadre de l'exposition ouverte jusqu'au 15 novelmbre 2025-Galerie Chave à Vence
09:23 Publié dans Du côté de mes interventions | Lien permanent | Commentaires (0)
Exposition Eric Massholder à la Galerie Quadrige à Nice du 5 septembre au 4 octobre 2025
09:19 Publié dans Du côté de mes interventions, Du côté de mes publications | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alain freixe, galerie quadrige
28/08/2025
LU 118 - Damages de Christian Viguié, éditions Rougerie, 2021
Pour « sanglant » que soit toujours « le dernier acte » selon les mots de Blaise Pascal, le peu de terre sur la tête, la crémation et ses cendres loin de fermer la question sur elle-même, l’ouvre au contraire. Quoi faire de la douleur ? Avec la douleur ? En faire l’aiguille qui va coudre les mots, un manteau de mots non pour recouvrir, pour suturer le trou ouvert par la mort mais pour entourer comme on le fait quand il fait froid et que l’on pose un manteau sur les épaules de ceux que l’on aime.
C’est avec cette tendresse que Christian Viguié sait déplacer la douleur vers ce « point d’équilibre entre ce qui a toujours été de l’ordre du prévisible et celui qui relève à tout jamais de l’inconcevable » comme il l’écrit dans son propos liminaire.
« La mort déclare chaque fois la fin du monde en totalité » a écrit Jacques Derrida. Comment ceux qui sont morts, les morts aimés, participent-ils à l’approche, au travers du langage et contre ses lois de langage, que tente ici Christian Viguié ? Qu’en est-il de cet adieu du fils ?
On le sait, parler est souvent peu de choses, c’est toujours très tôt que l’on ressent l’insuffisance du langage, son « infirmité native » disait Jean-Baptiste Pontalis, mais se taire serait éteindre le chant du monde , « faire mourir les choses / détacher tous les noms du monde / jusqu’à effacer la couleur d’un papillon / qui se pose sur un brin d’herbe / et sur les mots », se taire serait ne pas prendre soin du trou creusé par la mort pour le garder vivant, chose parmi les choses du monde
Ainsi Damages est-il un « chant de deuil, un presque murmure, la ligne brisée d’un horizon ». Ceux que l’on aimait et qui nous aimaient sont morts, père et mère notamment. A la minute de silence, Christian Viguié préfère celle du poème. Deux poèmes : le premier dédié à son père ; le second à sa mère, la reproduction d’un dessin de l’ami Olivier Orus faisant charnière, coupure et lien. Deux poèmes mais un chant qui « relierait / le sommeil et le silence des choses » et qui porterait leur mort avec cet amour qui ne retient pas ceux qui sont partis mais qui les accompagnent avec cette délicatesse qui nous voit « (attacher) un soleil / à une patte d’oiseau ».
Ceux qui sont morts sont passés de l’autre côté non dans un ailleurs mais bien ici, de l’autre côté d’ici, dans « le monde du dehors » écrit Christian Viguié. Cette mort du père comme de la mère est invite à « ouvrir une nuit dans la nuit », une parole dans la parole pour parler de leur mort « aux ruisseaux / qui vont suivre leur cours / au vent quand il s’affole dans l’herbe / à cette pierre que je tiens dans la main » parce que c’est de ce côté-là que sont passés ceux qui sont morts.
Christian Viguié sait ne pas ajouter de la mort à la mort. Il sait porter la mort de ceux qui « ont emmené avec eux le plancher et le plafond d’une incroyable maison, lieu où nous avions appris à marcher, à rêver, à combattre la fatalité du monde ». Il les sait là dans « la matérialité des choses » qui fait paysage. Cela suppose une inversion du regard, « une autre façon de regarder / apprendre l’absence et le rien / qui commencent à naître / à l’intérieur de chaque chose ». Dès lors c’est comme enfanter les morts aimés, les « (désolidariser) du brouillard et de l’ombre » et les « (confier) au nuage / qui se défait pour être nuage / et mémoire de nuage » ou « à la patience d’une pierre » ou encore « à ce filet d’eau qui coule de la montagne » bref au monde. C’est les marier avec « la matérialité des choses ».
Deux poèmes, un chant, disions-nous, un chant qui parle de la mort d’un père et d’une mère qui « relierait / le sommeil et le silence des choses », qui « annulerait la sentence lente / de naître ou de mourir ».
Un chant à écouter comme on se surprend à écouter « celui d’un merle / ou d’un rouge-gorge » ou encore celui plus ténu d’« un froissé de coquelicot ». La poésie de Christian Viguié est rouge-gorge. Elle porte « son chant / et son silence » ensemble comme « un immense soleil rouge ».
On pose le livre. On écoute. Le monde est sauf.
(Note parue dans la revue Europe)
19:15 Publié dans Du côté de mes interventions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christian viguié, europe