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28/01/2011

Lu 58 - Michel Baglin - L'alcool des vents, éditions Rhubarbe

Couv Baglin665 - copie.jpgMichel Baglin n’est pas seulement l’infatigable passeur de poèmes que l’on connaît. Celui qui après avoir animé la revue Texture en sa version papier, vient de la ressusciter sur le net, http://baglinmichel.over-blog.com. Michel Baglin est poète. Un poète attaché à « faire redescendre sur terre la poésie ».

Sur terre, mais quelle ? Pas celle « puritaine et frigide » des réalistes qui ne voient la réalité qu’au travers de sa représentation, mots et images qui l’éloignent et tiennent à distance cela seul qui importe, le réel, soit éveillée, la présence.

Cet Alcool des vents, que les éditions Rhubarbe ont la bonne idée de rééditer – il était paru… - sait libérer la part des anges de sa bonne nouvelle : le vent, figurant de ce qui par déchirure donnera accès à ce réel, soit le présent et son « bruit de source » dont parlait Georges Braque.

Ce livre de Michel Baglin est le chant d’Actions de grâces d’un incroyant. C’est un hymne à la vie, à toutes les ivresses qui la rendent toujours vive et toujours jaillissante. Rendre grâce, remercier, célébrer mais en restant l ‘œil aux aguets, lucide et prompt à se défaire de cette molle tendresse qui fait entrer le cœur en narcose.

Rendre grâce, mais « à des riens » : fragments, éclats de souvenirs, événements, désirs, éclairs qui par instants et hasard toujours heureux viennent trouer, déchirer le cours du monde comme il va. Rendre grâce ainsi, c’est rendre grâce « aux coups de vent, de chance et de tabac ».

Au réel, le vent met une majuscule ! Il est principe d’ivresse. C’est lui qui vous jette hors de vous-même, obligé à tenir si ce n’est le pas gagné du moins est-ce le pas de côté. C’est lui qui vous jette dans « le vertige pour relancer la marche » vers « des lendemains moins froids »<. Toujours en avant de nous, le vent, en ses retours, souvent imprévisibles, coupe, interrompt, appelle à la traversée, à garder un contact puissant avec la vie.

95 poèmes dans ce livre, 4 chapitres, 4 coups de vent, 4 coups de cœur, 4 coups à boire en hommage à la vie, la toujours nouvelle. Si ivresse il y a à lire Michel Baglin, c’est celle qui ouvre sur la fraternité, celle qui nous fait trinquer «  à tous les vertiges qui font l’homme incertain », qui nous permet de « nous agrandir de l’autre ».

Avec Michel Baglin, comme le voulait René Char, le poète sait se faire « le conservateur des infinis visages du vivant » !