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14/10/2009

Jean-Claude Villain: Trois diurnes

JC à Florence (sans micro).JPG( Né en Bourgogne Jean-Claude Villain a très tôt choisi un ancrage au Sud, et après avoir beaucoup fréquenté la Grèce, partage sa vie alternativement sur les deux rives de la Méditerranée entre Var et Tunisie. Depuis 1974 il a publié une vingtaine de livres de poèmes, tous accompagnés de la contribution de plasticiens, ainsi que des chroniques et nouvelles, des pièces de théâtre, des essais, des études critiques, des versions françaises de poètes étrangers, et de nombreux livres d’artistes. Ses deux derniers titres (parus en 2008) sont : Fragments du fleuve asséché (Ed. L’Arbre à paroles) et Vrille ce vertige (Ed.Propos2).)

 

 

Trois diurnes

 


1-      Un jet de lumière traverse la mer. Le ciel n’est plus qu’un arc bandé. Pourtant encore l’aube, à peine. Flux de comète, du blanc gicle. Sans forme. Sans feu. Sans nuit. Traîne luminescente. Se peut-il que les pétales neufs d’une saison s’aventurent à poursuivre le vent ? A l’extrémité de leurs branches, les arbres poudroient une neige fine. Or stellaire aveuglant les oiseaux. Les faisant paraître ivres. Au point du jour sur l’autre rive que sera le chant si aucun migrateur ne le précède?




2-      Le jour est monté. Sous le soleil battent des ailes sanglantes qui étouffent tout cri. Aveugle, une promesse torride touche son terme. Inutile flamboiement. Apothéose, stérile de toute suite. Les désirs consumés se transmutent en calcite noire. Se précipitent dans la froideur du vide. Rouges gouttes glacées. Tombées à l’aplomb de vastes trous. Ouverts dans la terre. Figés ils stagnent en couches. Sédiments. Que la vrille du doute. Taraude.




3-      Il est tard. Un corbeau blanc s’est échappé du jour. Rivé à la terre son œil sait tout. Il cherche désormais un nuage pour se confondre. S’oublier. Ils disent : « c’est Phénix, c’est lui, il était noir ». Au crépuscule le soleil manigance de telles métamorphoses. Pourtant tout vol n’appelle pas le vent. Ce soir, à qui donc se fier ? Le rossignol qui chante, l’as-tu vu ?

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