04/05/2009
Turbulence 33 - Mais Martine Broda vient de mourir...
"Nie vie, ni mort/ vie-mort à jamais",
disais-tu
Martine Broda
Fabienne Courtade m'apprenait le décès de Martine Broda. C'était hier. Au moment de boucler sacs et valises pour mes montagnes.
Je ne la connaissais qu'à travers ses poèmes - je pense à celui intitulé Tholos - ses essais - et c'est le très bel article sur Vie secrète de Pascal Quignard qui me saute à la plume - ses traductions de Paul Celan - de La rose de Personne en 1979 à La grille de Parole en 1991- et parce que j'aimais son travail pris entre lire, traduire et écrire, je la connaissais donc.
Poèmes, essais, traductions, un même amour de la langue, du sein même de "ce siècle incompréhensible et saignant", porte la langue de l'amour au lyrisme. Un lyrisme débarassé de tout ce que le subjectif peut avoir de fadasse au profit du désir qui même réalisé sait demeurer désir - oui, Char n'est pas loin - figure même de cet impossible qu'elle savait devoir aimer.
"sur la tombe la plus fraîche
amas de fleurs cueillies
mauve obscur
et des lys à foison
blanc pur
vert immortel"
Martine Broda
19:24 Publié dans Dans les turbulences | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, poésie
Commentaires
les coquilles sont brisées
l'encre noire des nuits
coule d'un sein brillant contre la mort
meurtrissure de soie sur la peau des mers
un miroir rond se tend
nacré sauvagement contre la mort
vergéture de soie sur la peau
du ventre où j'étais
lovée où l'hippocampe
mit ses oeufs
mon nom rêvé m'engendre
je retourne à la mer
Martine Broda (Eblouissements)
Écrit par : Françoise Oriot | 04/05/2009
Le haut lyrisme n'est ni mièvre, ni attendri. Il est, au contraire, "terrible", comme les "Anges" de Rilke. Il surgit d'une perte avec laquelle il se tient dans un rapport d'horreur et de joie.
Jacqueline Risset, Le Monde, 13 mars 1998.
Écrit par : François Laur | 05/05/2009
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