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18/11/2007

Frédéric Lefeuvre, constructeur d'images

7d54123767274bc0a4d49809514160e6.jpgMon ami Frédéric Lefeuvre m'envoie ses ombres frontières,sa reconquête du regard. C'est un livre d'artiste à douze exemplaires comportant 15 images originales.Il prend place dans cette belle collection des Cahiers du chêne rouge qu'il a fondé il y a quelques années à Seglien, 56160 (Tel: 0297280199) et dont le site est en construction: http://monsite.wanadoo.fr/lechenerougeeditions

 Dix volumes déjà:

-Les caresses de la terre, chant baroque d'Italie et d'Espagne (juin 2004)

-Les chemins du seigle, paysages de Bretagne, I (juin 2004)

-Les chemins du seigle, paysages de Bretagne II (juin 2004)

-De ballades en complaintes, Antonin Artaud, septembre 2004

57ed1784d257a28b3416f93b2fd1a723.jpg-Le passeur solitaire, Joë Bousquet, préface d'Alain Freixe (janvier 2005)

-Sous les drapeaux de l'illusoire, texte de Line Clément (Avril 2005)

-Raconte-moi un mouton!, vendanges 2005 (Octobre 2005, Hors série N°1)

-Sulle colline bruciante, Cesare Pavese, texte d'Yves Ughes, (novembre 2005)

-Faits d'hiver, Paris février/mars 1983 (mai 2006)

-L'odeur du granit, Territoires intimes d'Armorique, février 2007 

 Frédéric Lefeuvre est l'homme du juste loin. Il sait la bonne distance, celle qui laisse la lumière circuler parmi les visages. Et lève leur présence. On pourra se reporter à mes Archives du mois de novembre 2006 à la date du 01 /11/06 pour lire L'oeil de la main, texte que j'ai consacré au travail de Frédéric Lefeuvre.

Dans son Odeur du Granit, ses Territoires intimes d'Armorique, il faisait précéder ses12 photographies d'un texte où il revisite sa démarche de constructeur d'images au plus près de son "désir photographique". Eclairant!

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   "Le photographe tranche dans le réel, communément on dit qu'il écrit avec la lumière. Derrière la toile des apparences que capte la rétine, avant que les dès ne soient jetés, il a le pouvoir d'offrir une  face  visible au vécu  intime des choses.


    Je construis des  images en passant, en passeur si possible, tout en laissant disponible ma pensée,   et  en   pansant  les  plaies  du   temps  à   partir d' une géographie intérieure et muette. Aucune chapelle esthétique ne se cache derrière elles. Elles se veulent l'union d'une rencontre et d'une émotion. De celle qui est marquée par une quête de l'insaisissable.


    Tout d'abord, au niveau de l'acte de  prise de vue, mon cheminement se nourrit d'histoires anciennes et de la vibration des lieux ; c'est une forme de photographie contemplative à l'écoute des silences et des signes de ce qui « a été ».  On fait toujours les mêmes photographies, on marche toujours vers le même horizon, on creuse toujours le même trou pour faire  naître  toujours  plus  d'apparitions. Il faut toujours chercher ce qui est derrière le cadre assassin  du  photographe.


    Ce qui m'émeut, c'est le contact direct de la main avec les fibres du papier bromure qui révèle le négatif exposé par la chambre noire. Je procède avec des  produits actifs par tamponnage, par caresses et par glissements successifs d'arabesques sur le support baryté. Les vapeurs murmurent avec le hasard. Parfois l'émulsion dégage des saveurs délétères, elle fume, elle brûle, elle irrupte des ombres sorties de mes mirages ; ce qui doit « être » depuis mes chaudrons infernaux,  persistera et existera.


    Dans mes paysages de Bretagne, j'espère renouer avec l'authenticité et la beauté d'un territoire qui souffre d'un déficit esthétique dans sa perception. Je recherche le lien, puis l'empreinte. La pensée ne se détruit pas,  elle remonte toujours le puits du temps. C'est tout le contraire d'un système : le mode opératoire est aléatoire et détaché de la technique ; le  but est de se perdre en chemin, de se mettre en danger parmi une mosaïque de paysages et de nouvelles frontières.    


    En fait, j'opère en utilisant une forme d'écriture automatique portée par une sensibilité en rupture. C'est une histoire de respiration et de fenêtres ouvertes sur  une ballade poétique. Ma démarche est  une oeuve de « déconstruction » des images telles que la société les conçoit.  Notre regard est devenu économique et sous contrôle. Aussi, il m'importe plus que jamais de maintenir mes désirs photographiques dans la magie et le souffle  si  vulnérable de la vie."


© Frédéric Lefeuvre
  

 

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