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05/11/2007

Lu 19 - A propos de l'art du bref

 (Deux livres, d'ici et d'ailleurs: Anthologie de l’épigramme de l’antiquité à la renaissance Edition de pierre Laurens NRF Poésie/Gallimard, cat 5 et  Anthologie Haïkus Texte français de Roger Munier Préface de Yves Bonnefoy PoésiePoints, 6,50 euros )

 

939aa21bccfbca49c8bb9b02adfeb19c.jpgMoins de mots, plus d’intensité. L’art du bref est difficile. Pourtant , « la génialité fragmentaire » -l’expression este6bb4f7715fb55a1082d528facd44c69.jpg de Schlegel –est à la mode : l’aphorisme de Char comme les poèmes de Guillevic si concis, clairs et nus, et dont on fête aussi cette année le centenaire de la naissance. Comment oublier le haïku et comment ne pas faire signe vers l’épigramme ?
On se souvient que retour du Japon Roland Barthes dans L’empire des signes, publié en son temps dans la belle édition des Sentiers de la création chez Skira, opposait ces deux genres brefs comme caractéristiques de l’Orient et de l’Occident.
D’un côté, un art du moins dire pour mobiliser l’attention et susciter un élan de la pensée vers « la chose comme elle est dans l’instant de sa révélation soudaine et là », selon Roger Munier. Quelques mots qui cherchent à aller plus loin que les mots. Des mots tels qu’ils se fassent oublier comme chez Bashô ou Shiki, Buson ou Issa. Des mots poreux – véritables puits artésiens – par où remonterait le « ah ! » des choses quand, étonnés, elles surgissent comme elles sont, moins peut-être dans leur être que dans les rapports qu’elles peuvent entretenir entre elles, quand ceux-ci sont justes, quand ils reposent dans une mesure qui les illumine. Des mots court-circuit, tels qu’ils viennent déconnecter notre esprit de ses types où il est comme à demeure := sourd, chaud et aveugle.
De l’autre, le fruit d’une rhétorique étincelante couvrant les domaines amoureux, narratif, descriptif, moral, comique, politique…peau élégante et chair subtile ! Lorsqu’il passera de la Grèce à Rome, il recevra de Catulle, l’ébranlement de la violence, et de Martial, ce rétrécissement en pointe qui voit briller sa lame dans la satire. À la brièveté s’ajoute comme trait distinctif du genre, « la pointe latine », la pique. Cette « agudeza » qui continuera à « battre son plein, selon Pierre Laurens » au grand siècle et au siècle des lumières ».
Poèmes courts d’ici et d’ailleurs. Poèmes du séjour terrestre de l’homme.

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