31/01/2010
Lu 48 - Figures d'Haïti, 35 poètes pour notre temps de Jacques Rancourt
( C'était en 2005. Les éditeurs Le temps des cerises/ L' Ecrit des forges publiaient dans la collection Miroirs de la Caraïbe du Temps des Cerises ces
Figures d'Haïti, ces 35 poètes pour notre temps présentés par Jacques Rancourt (16 euros).
Que la reprise de cette note ancienne soit vu comme un signe d'amitié et de solidarité à l'égard des haïtiens après le désastre que l'on sait. )
Se lancer dans la mise sur pied d’une anthologie, c’est forcément prendre parti. Et à moins d’une neutralité pour le moins désobligeante si ce n’est coupable, il le faut ! Mais toute prise de parti ne tourne pas forcément au parti pris avec ce que ces mots supposent d’arbitraire et surtout d’esprit borné et obtus. Prendre parti, c’est choisir une certaine logique d’exposition, la justifier dans une préface et s’y tenir, ce que fait Jacques Rancourt pour les Figures d’Haïti .
Les 35 poètes présentés sont « 35 poètes de la modernité », 35 figures de la poésie Haïtienne - l’une des plus vives et fécondes de la poésie du monde francophone – Dans cet ouvrage, la poésie en langue créole n’est pas prise en compte – que Jacques Rancourt fait se succéder chronologiquement en distinguant trois grands moments sur la ligne du temps . « La révélation de l’identité » de l’âme haïtienne regroupe les poètes de la première génération de Léon Laleau à René Depestre. « Le déploiement du lyrisme personnel », second temps, commence dans les années soixante au sein du mouvement « Haïti littéraire ». Les voix originales de Antony Phelps, Serge Legagneur, Roland Morisseau, René Philoctète…se retrouveront dans la revue « Semences ». Celle de Jean Metellus restera proche de celles de la première génération continuant à interroger la mémoire et l’âme « pareille / à la mer tropicale » selon les mots de Roussan Camille et à invoquer « les dieux d’Afrique ». Tous auront à s’inquiéter des « hommes en noir » de François Duvalier, les 40000 tontons macoutes du sinistre papa Doc. Tous connaîtront prisons et exil. « Libres parcours » est le moment actuel partagé entre ceux qui pratiquent une poésie d’expérimentation et ceux qui, au plus près d’eux-mêmes, manifestent le désir de « fixer le lyrisme mouvant et émouvant de la réalité » selon les mots de Pierre Reverdy.
La francophonie est l’affaire des poètes. Eux seuls remuent la langue française de tout l’insolite de leur imaginaire, l’engrossent de tout le lointain de leur mémoire. Les poètes francophones la tisonnent à l’aide de vents inconnus d’ici. Ils entretiennent ses feux. Puissent nos lectures attiser leurs braises !
15:30 Publié dans Du côté de mes publications | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, haïti
29/01/2010
Turbulence 43 - Haïti
En pensant à Haïti, aux haïtiens et tout particulièrement aux enfants,
En pensant à la simplicité meurtrière de la nature, à sa "force qui va", ni bienveillante, ni hostile... ces quelques lignes de Marguerite Duras:
"Tout est devenu BLEU.
C'est bleu.
C'est à crier tellement c'est bleu. C'est du bleu venu des origines de la Terre, d'un cobalt inconnu. On ne peut pas arrêter ce bleu, ces traînées de poussières bleues des cimetières des enfants.
On souffre. On pleure. Tout le monde pleure.
Mais le bleu reste là. Acharné.
Le bleu des enfants comme celui d'un ciel."
15:12 Publié dans Dans les turbulences | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, haïti
17/01/2010
Balise 56- Le rythme, contre l'or
"L'or a un rythme, c'est celui de la ruée. Un rythme qui est un poids. Social. Donc une métrique. Car tout rythme social est une métrique. Les mains à l'usine comme les pieds qui marchent au pas. L'or a une métrique, beaucoup plus qu'un rythme. Une métrique internationale. La métrique de l'internationale de l'or. L'or a tout de la métrique, les unités de mesure, l'espace abstrait, le temps abstrait, hors tout sujet. Ce qui ne veut pas dire hors histoire. Mais dans une histoire qui ne connaît rien des sujets. Inaltérable, il n'est pas dans le temps vécu. Quand il y a un objet ancien travaillé, en or.
C'est le travail qui lui donne un rythme, et qui compte, plus que l'or. Mais l'or est un soleil qui ne se couche jamais. Qui supprime le temps. L'or, contre le rythme.
Il y a les amas, la thésaurisation, l'usure. Qui ont des rapports physiques et symboliques avec l'or. Là, il y a des structures, des fréquences, des régularités : tout ce qui fait la définition traditionnelle du rythme. Qui suggère sa cohérence avec l'or comme signe. Une cohérence qui a fait que, de Marx à certains structuralistes, l'argent a été comparé au signe linguistique. La critique de cette analogie a déjà été faite. Cette fausse monnaie a longtemps eu cours. Elle avait cependant cet intérêt de montrer qu'elle tenait à une notion abstraite du langage, à une méconnaissance significative du langage ordinaire, et, par là, autant à une méconnaissance de l'art et de la littérature que de l'homme ordinaire. Ainsi l'or n'est pas par hasard solidaire de la théorie traditionnelle du rythme, au bénéfice de la métrique, et de la théorie traditionnelle du signe, théorie du pouvoir autant que de la langue. L’or et le signe partagent une même stratégie. Une théorie critique du langage, qui retravaille le rythme non plus comme alternance métrique, mais comme l'organisation du sens en mouvement, l’historicité du sens, dans le discours comme activité des sujets, passe par une critique de la socialisation des rythmes. Une critique des métriques sociales. Le rythme, contre l'or.
Henri Meschonnic, Rythme de l’or in La rime et la vie, Verdier, 1989
10:33 Publié dans Balises | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, meschonnic henri
15/01/2010
Eric Dubois - Deux poèmes
Eric Dubois est né en 1966 à Paris. Poète, lecteur-récitant et performeur avec l’association Hélices et le Club-Poésie de Champigny sur Marne. Auteur de plusieurs recueils dont « L’âme du peintre » ( publié en 2004) , « Catastrophe Intime » (2005), « Laboureurs » (2006), « Poussières de plaintes »(2007) , « Robe de jour au bout du pavé »(2008), « Allée de la voûte »(2008), « Les mains de la lune » »(2009) aux éditions Encres Vives, « Estuaires »(2006) aux éditions Hélices ( réédité aux éditions Encres Vives en 2009), « C'est encore l'hiver » aux éditions Publie.net, « Le canal », « Récurrences » (2004) , « Acrylic blues »(2002) aux éditions Le Manuscrit, entre autres. Participations à des revues : « Les Cahiers de la Poésie », « Comme en poésie », « Résurrection », « Libelle », «Décharge », « Poésie/première », « Les Cahiers du sens », « Les Cahiers de poésie », « Mouvances.ca », « Des rails », « Courrier International de la Francophilie »
Il est le responsable de la revue de poésie « Le Capital des Mots ».
coordonnées internautiques:
http://www.ericdubois.fr
http://ericdubois.over-blog.fr
http://le-capital-des-mots.over-blog.fr
*
Poème 1: ATTENDRE, extrait de C'est encore l'hiver, publie.net
Il faut attendre
prolonger
La présence
l'absence
La chair ouverte
fermée
Quand le ciel est
attendre quand même
Noir
que les jours aient un sens
Drapé dans un hiver
comment dire?
Opaque
quand on cherche la transparence
Oui
la transparence
Attendre
c'est notre part d'humanité.
*
Poème 2: (Inédit)
La mort suce le cerveau
dans les rêves du chagrin
Que fait le temps dans cette histoire?
Il accompagne
nos pas
© éric Dubois
15:52 Publié dans Mes ami(e)s, mes invité(e)s | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, poésie, eric dubois
Lu 47 - Revue faire part, N°24/25 - Parcours singuliers
Jusqu’à ce numéro double 24/25, les numéros de la revue faire part étaient des monographies. On se souvient parmi les dernières publications des N°22/23 consacré à Henri Meschonnic ; le 20/21, à Jacques Dupin ; le 18/19, à Hubert Lucot et le 16/17 tout entier dédié à revisiter l’aventure de la revue Change des années 70/80. On se souvient surement aussi des couvertures toujours particulièrement soignées et confiées à un artiste contemporain : Joël Leick, Antoni Tapiès, christian Sorg ou encore Gérard Titus-Carmel pour les dernières livraisons. On cherchera chez quelques bouquinistes ou sur internet parmi les numéros épuisés ceux sur Christian Prigent (N°14/15) ou Bernard Noël (N°12/13) ou Philippe Jaccottet (N°8/9) ou encore Michel Butor (N°4).
Nos amis Alain Chanéac, Alain Coste, Christian Arthaud, Jean-Gabriel Cosculluela innovent avec ce N°24/25 puisqu’ils inscrivent quatre poètes à son fronton - Jean-Marc baillieu ; Patrick Beurard-Valdoye ; Nicolas Pesques ; Caroline Sagot Duvauroux – intitulé Parcours singuliers. Quatre poètes et pour chacun un entretien, des approches critiques et des textes. Toujours, la proportion est heureuse .
Multiple est la singularité du sujet comme divers les chemins ouverts par chacune de ces écritures. Leur hétérogénéité, les choix de langue de ces quatre poètes s’il détermine bien des croisements, il interdit en revanche tout commun, toute communauté autre que celle d’être quatre aventures littéraires, soit être sur les routes d’une création attentive aux formes de saisie du réel de notre temps toujours hors de lui.
Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas là de représentants de courants ou de tendances de la poésie française contemporaine mais de quatre voix ou mieux de quatre espaces de voix. Quatre territoires de langue. Il faut aller y voir. Là s’invente la littérature !
Ce numéro de faire part est un belvédère. Depuis ses pages, passionnante est la vue !
Revue faire part, 8 chemin des teinturiers7160 Le Cheylard. Prix du N°24/25 : 25 euros
Site de la revue : http://perso.orange.fr/revue.faire.part/
© Alain Freixe
15:35 Publié dans Du côté de mes publications | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, revues