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07/05/2009

Balise 47 - C'était en 1936, et pour Paul Eluard, cela s'appelait "l'évidence poétique"

« ô vous qui êtes mes frères parce que j'ai des ennemis ! » a dit Benjamin Péret.
Contre ces ennemis, même aux bords extrêmes du découragement, du pessimisme, nous n'avons jamais été complètement seuls. Tout, dans la société actuelle, se dresse, à chacun de nos pas, pour nous humilier, pour nous contraindre, pour nous enchaîner, pour nous faire retourner en arrière. Mais nous ne perdons pas de vue que c'est parce que nous sommes le mal, le mal au sens où l'entendait Engels, parce qu'avec tous nos semblables, nous concourons à la ruine de.la bourgeoisie, à la ruine de son bien et de son beau.
C'est ce bien, c'est ce beau asservis aux idées de propriété, de famille, de religion, de patrie, que nous combattons ensemble. Les poètes dignes de ce nom refusent, comme les prolétaires, d'être exploités. La poésie véritable incluse dans tout ce qui ne se conforme pas à cette morale qui, pour maintenir son prestige, ne sait construire que des banques, des casernes, des prisons, des églises, des bordels. La poésie véritable est incluse dans tout ce qui affranchit l'homme de ce bien épouvantable qui a le visage de la mort. Elle est aussi bien dans l'œuvre de Sade, de Marx ou de Picasso que dans celle de Rimbaud, de Lautréamont ou de Freud. Elle est dans l’invention de la radio, dans l'exploit du Tchéliouskine, dans la révolution des Asturies*, dans les grèves de France et de Belgique. Elle peut être aussi bien dans la froide nécessité, celle de connaître ou de mieux  manger, que dans le goût du merveilleux. Depuis plus de cent ans, les poètes sont descendus des sommets sur lesquels ils se croyaient. Ils sont allés dans les rues, ils ont insulté leurs maîtres, ils n'ont plus de dieux, ils osent embrasser la beauté et l'amour sur la bouche, ils ont appris les chants de révolte de la foule malheureuse et, sans se rebuter, essaient de lui apprendre les leurs.
Peu leur importent les sarcasmes et les rires, ils y sont habitués, mais ils ont maintenant l'assurance de parler pour tous. Ils ont leur conscience pour eux.

14:37 Publié dans Balises | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésoie

Commentaires

Oui, cher Alain, la poésie, paradoxalement, est "UTILE quand le discours dominant n'en finit pas de proclamer qu'il n'est point de salut en dehors de l'économisme ambiant!", comme dit Lucien Wasselin.

Écrit par : François Laur | 11/05/2009

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