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03/03/2008

Turbulence 21 - Mai 68 revient!

Vous avez vu, entendu: tous en ont reparlé, colloqué!

Je me contenterai d'un rappel comme une relève! C'était dans Les Nouvelles Littéraires du 3-9 mai 1984, Gilles Deleuze et Félix Guattari signaient un article au titre provocateur: "Mai 68 n'a pas eu lieu" (article repris aux p.214/217 de Deux régimes de fous, éditions de Minuit,2003). Et certains voulaient le liquider (voir notre Turbulence 12 - Liquider, il a dit...du 02 mai 2007)!Deleuze et Guattari mettaient en place dans les phénomènes historiques la "part d'événement, irréductible aux déterminismes sociaux, aux séries causales".Ils y affirmaient que "l'événement a beauetre ancien, il ne se laisse pas dépasser : il est ouverture de possible. Il passe à l'intérieur des individus autant que des sociétés." Ils poursuivaient : "Mai 68 ne fut pas la conséquence d'une crise ni la réaction à une crise. C'est plutôt l'inverse. C'est la crise actuelle, ce sontles impasses de la crise actuelle en France qui découlent directement de l'incapacité de la société française à assimiler Mai 68 (...) Elle n'a rien su proposer aux gens : ni dans le domaine de l'école, ni dans celui du travail. Tout ce qui était nouveau a été marginalisé ou caricaturé." Ils terminaient en affirmant que: "Les seules reconversions subjectives actuelles, au niveau collectif, sont celles d'un capitalisme sauvage à l'américaine, ou bien d'un fondamentalisme musulman comme en Iran, de religions afro-américaines comme au Brésil : ce sont les figures opposées d'un nouvel intégrisme (il faudrait y ajouter le néo-papismr européen). L'Europe n'a rien à proposer, et la France ne semble plus avoir d'autre ambition que de prendre la tête d'une Europe américanisée et surarmée qui opérerait d'en haut les reconversions économiques nécessaires."

Et vous diriez que pour l'essentiel, ces propos ne sont plus d'actualité? 

Commentaires

Ce que les supplétifs - européens ou non - de Bush cherchent à obtenir, en effet, c'est bien l'impossibilité de tout advenir d'un possible, d'une ouverture d'existence : tenter de faire croire que l'immonde de la "mondialisation" est le seul avenir.
Quant aux "religieux", ne présentent-ils pas l'autre (et donc le même) visage de l'immonde : n'aspirent-ils pas tous, dans leurs différences, à quelque "catholicité", je veux dire à une globalisation du seul espoir : le paradis ailleurs, plus tard, post mortem. Produisez des marchandises ("travaillez plus", de plus en plus) et/ou priez ; ce qui ne veut dire qu'une chose : soumettez-vous. Vous avez dit: il faut détruire mai 68 ?

Écrit par : François Laur | 03/03/2008

Je ne connaissais pas ce texte, mais il est très intéressant. Cela fait réfléchir la jeune femme que je suis née 19 ans après mais 68!! Oui, c'est tout à fait vrai. A l'heure où l'on nous rebâche les oreilles avec le pragmatisme et le principe de réalité, il serait temps de faire cesser l'illusion selon laquelle la mondialisation, le néo-libéralisme, sont les seules voies suprêmes, voire, le progrès ultime de la société. Difficile de s'ouvrir aux possibles lorsqu'il paraît évident à la majorité que "nous n'avons pas le choix", qu'il faut travailler plus pour gagner plus (autant de syllogismes fallacieux qui percutent), qu'il nous faut voir les choses en face. Et oui, il semble que nous n'ayons pas d'autre choix alors que de prier et de travailler, pour mériter.
Mai 68 n'est peut-être pas à liquider puisqu'il "n'a pas eu lieu", il est peut-être aussi symptomatique de notre incapacité à ouvrir des possibles. Il faudrait réenchanter l'ici et le maintenant. S'il y a quelque chose à détruire, ce sont probablement les Disneyland qui vendent du rêve pour faire cesser les nôtres. Curieuse chose qu'une société où on nous martèle qu'il faut être lucide! Se soumettre ou ne pas se soumettre, telle est la question que nous cache les débats sur mai 68....

Écrit par : Lysiane Rakotoson | 06/03/2008

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