26/03/2007
Turbulence 10 - Clermont-Ferrand-1987/2007- Vingt ans de poésie, et au-delà
Avancer dans l’inconnu
« Enfonce-toi dans l’inconnu qui creuse. »
René Char
René Char
Je reviens de Clermont-Ferrand. Invité par la Semaine de la poésie pour son XXème anniversaire, fêtant pour l’occasion son fondateur, notre ami Jean-Pierre Siméon.
Se faire passeur de poésie est affaire de patience. L’autre rive n’est jamais très visible et la lenteur préside à la traversée. Celle qui n’évite pas l’errance, les doutes, parfois même les chutes mais sait se garder de celles, mortelles, dont on ne se relève que dos maçonné et regard rayé de mauvaise nuit.
Oui Jean-Pierre a raison : « Si l’écriture du poème nous apprend quelque chose, c’est d’abord ceci : il faut du temps pour faire sens et le chemin vers le sens implique les risques du chemin, tâtonnements, fatigues, impasses, éternels recommencements… »
Oui, Françoise Lalot et sa « brigade de fées organisatrices» de la Semaine de la poésie de Clermont-Ferrand ont raison, « il faut que le chemin perdure »
Oui, nous avons raison, nous autres d’ici, Yves Ughes, Raphaël Monticelli, Jean-Marie Barnaud, sophie Braganti d’animer qui La poésie a un visage à Grasse -10 ans en 2008 ! – qui La poésie des deux rives dans les pays du paillon – 7 ans déjà ! – qui les Rencontres des Ecritures Poétiques et leur Lézard amoureux – www.ac-nice.fr/daac/lézard -qui le printemps des poètes à Nice, avec tous ceux enseignants, poètes, bibliothécaires, éditeurs, artistes, enfants, adolescents, élus, bénévoles... dont le compagnonnage est nécessaire pour que rencontrer la poésie d’aujourd’hui, cette langue qui ne se soumet pas à être privé de sens, soit possible de la maternelle au lycée et plus généralement, dans les institutions et la cité.
Je reviens de Clermont-Ferrand . Encore une fois émerveillé par le travail des enseignant(e)s, leur disponibilité,leur générosité, leur inventivité pour que nos textes parlent, étonnent, émeuvent les enfants de la maternelle au CM2 comme en cette école d’Orbeil ou dans ce collège Audembron de Thiers ou le bien nommé Baudelaire de Clermont-Ferrand avant de rencontrer les PEC2 de l’IUFM d’Auvergne pour un échange de plus de deux heures sur la poésie, l’écriture, la poésie, sa transmission, le livre d’artiste.
Je reviens avec le livre des vingt ans édité par la Semaine de la poésie ( prix 10 euros, IUFM d’Auvergne, 36 Avenue Jean Jaurès, CS 20001, 63407 Chamalières cedex)magnifiquement titré Que l’éclair nous dure. Vous y trouverez les courts textes des intervenants de cette année : Marc Blanchet ; Louis Dubost ; Chantal Dupuy-Dunier ; Jean-Pierre Farines ; Alain Freixe ; Albane Gellé ; Jacques Jouet ; Christiane Keller ; Hervé Le Tellier ; Philippe Longchamp ; Jean-François Manier ; Nimrod ; Jean-Baptiste Para ; Emmanuelle Pireyre ; Thierry Renard ; Marie Rousset ; Valérie Rouzeau ; Alain Serres ; Jean-Pierre Siméon ; Claude Vercey.Pensant à René Char, qui s’inquiétait de l’avenir de la rencontre dans lces très beaux bandeaux de « Claire » (La pléiade, p.654/655), repensant à quelques rencontres marquantes, j’ai donné comme titre à mon texte :
Gardez-nous la rencontre !
À Eliot,
Aux femmes et aux hommes – jeunes encore ! - que j’appelais – Dix ans déjà ! – les enfants-du-pied-des-tours de la ZEP La Charme,
À mon sens, l’immense mérite de cette Semaine de la poésie est de donner chance à la rencontre.
Seule, la rencontre est fécondante. Son « angle fusant » ne se résume ni dans la présence du poète, cet intervenant extérieur supposé en savoir plus que les autres sur ce dont il s’agit , dans une classe, ni dans la manière dont cette classe a été préparée par l’enseignant. Encore que pour se rencontrer, il convient que l’on se soit donné rendez-vous et quelque peu apprivoisé, et en ce sens le travail de l’enseignant est tout à fait important - Dirais-je qu’au cours de mes nombreuses interventions, au fil des ans, il n’a pratiquement jamais été pris en défaut? - Il lui appartient de préparer la venue du poète, de soigner cette attente, de la nourrir et la creuser d’interrogations, de lectures, etc...
Mais, ce qui importe ce n’est pas encore cela. Ce qui importe ce n’est ni le poète, ni la classe elle-même, mais leur rencontre, soit cet entre-deux, cette dimension à chaque fois neuve et inouïe d’un je et d’un tu, cet espace tiers entre un toi et un moi, espace autre par où passer est possible.
C’est dans cette rencontre que je définirais volontiers par ses qualités, soit ce sens des entours - timbre, tons, résonances, couleurs... - que se joue la transmission.
Et n’est -ce pas de cela dont il s’agit dans cette Semaine de la Poésie?
Ne s’agit-il pas d’être des passeurs de poésie?
19:15 Publié dans Dans les turbulences, Du côté de mes interventions, Du côté de mes publications | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
êtes vous sûr que la fête de la poésie soit affaire d'écoles ou d'institutions ? n'est ce pas la maintenir dans une sorte de ghetto , doré et confortable , j'étais au printemps des poètes à D (83) une très bonne comédienne lisait des poèmes et nous demandait de reconnaitre les titres et l'auteur , comme à l'école ouais !!!!!!! pour moi la poésie est ailleurs dans l'envie de dire , la rencontre, la passerelle... et surtout pas cette piqure de rappel ,
j'aime beaucoup j p Siméon , il nous faut des lieux où la poésie soit vivante ! qu'elle circule partout et que l'envie , l'en vie fasse chanter
Écrit par : redpurpoise | 31/03/2007
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