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02/07/2009

Balise 49 - En marche!

"Sur l'autre versant l'oiseau module ses appels. pour l'atteindre ce ne sont pas des rameaux englués qui porteront secours. Mieux vaut marcher, simplement décidés d'aller à sa rencontre, le sachant, d'arbre en arbre, irréprochable ami. Il est là-bas sur un vieil arbre mort, au sommet de la colline comme un fruit. Alors la procession des choses s'organise et le vent, en tête, la fait vivre. Quel meilleur conseiller que le vent? Je marche donc à nouveau parmi les pierres."

Pierre-Albert Jourdan, La marche, éditions Unes, 1985

10:26 Publié dans Balises | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie

01/07/2009

lu 43 - Bernard Mazo - La cendre des jours

Poète, on sait Bernard Mazo homme de patience. Sa lenteur à publier – son dernier livre, Cette absence infinie, au Dé bleu, date de 2004 – est veille obstinée sur la langue et souci de composer non un recueil mais un livre, bâti comme on choisit les pierres du mur que l’on entend dresser moins pour séparer que pour pouvoir retenir les terres et s’adosser à lui afin que file, libre et tranquille, le regard. Au loin.Couv Mazo- Cendre des jo142.jpg
Armé, La cendre des jours l’est d’abord par les toujours belles reproductions auxquelles Voix d’Encre nous a habitué dans toutes ses productions – Ici, ce sont des lavis d’Hamid Tibouchi dont les tons grisés de mousseuses écumes font vibrer les noirs – ensuite, par les paroles choisies par Bernard Mazo d’Héraclite à Yves Bonnefoy qui ouvrent les différentes sections de cet ouvrage. Lavis et citations sont moins clés qu’armure, et qu’on veuille bien entendre ce mot en son sens musical comme ce qui détermine la tonalité d’une partition.
J’aime la posture de Bernard Mazo, j’en partage la cambrure, c’est celle qui pose en ouverture : « l’espoir est une veilleuse fragile », poème qui « sur cette terre vouée au désastre », « au cœur de la nuit carnassière » lève haut l’endurance de l’homme à tenir comme chance à venir : « nous tenons nous résistons / nous nous arc-boutons / contre vente et marées » à partir de « l’ombre désespérée de la beauté » qui traverse les mots du poème. Les redressant, ils redressent les hommes que nous nous efforçons de toujours plus devenir. « Désespérée » car « le poème / ne peut se fonder / que sur ce qui est / condamné à mourir ». C’est qu’en effet le monde se défait comme travaillé par les forces du déclin. Nous voyons cela. Aussi ne pouvons-nous que tenter – Et c’est toujours à reprendre, à recommencer. C’est pourquoi Bernard Mazo avoue : « C’est toujours / le même poème imparfait / que j’écris et réécris «  - de « nommer ce qui va s’effacer », cette « insaisissable beauté / du monde », soit cela qui nous saisit, nous transit, avec quoi nous fusionnons dans l’instant, cette « inespérée » qui ne cesse de se défaire dans les mots qui prétendent articuler sa présence.
Le poème qui, pour Bernard Mazo, « n’est pas / seulement / le poème / mais la mémoire / préservée / du monde », est cendre où il y a de quoi protéger pour qu’elle dure, la graine du feu.
Bernard Mazo ne pousse pas la voix, ne hausse pas le ton. Il va inquiet et fragile, avec simplicité, amant définitif de la poésie qui à ses yeux reste « la seule à (inscrire) / dans la chair des vivants », « la seule trace durable », celle de « l’obscure rumeur du temps » comme de « l’éblouissement / du premier matin. »
Traverser le monde, traverser la langue, sans « (réveiller) les dieux », sans « renoncer » même si « la vie / nous oppresse », en résistant à tout ce qui nous défait, en espérant « trouver / la parole juste / pour pleinement / exister / combler / le manque / ressusciter / la respiration légère / des choses », c’est traverser certes un champ de ruines mais au moins celui-ci est-il « un labour ensemencé », selon les mots de Jacques Dupin, prêt, dans l’attente de la rencontre avec « l’absente », « l’inespérée », « bel oiseau frémissant / que la beauté foudroie ».
Bernard Mazo l’appelle « Poésie » !

Bernard Mazo, La cendre des jours, Lavis d’Hamid Tibouchi, Voix d’Encre, 18 euros

 

Alain Richer: un homme en marche est une cause libre

ALAIN  RICHER est né à Angers en 1946. Après différents séjours en Languedoc, Lozère, Pyrénées, Rhône Alpes, Cévennes, Normandie, il vit à La_Users_alainricher_Desktop_100_2927.JPG Rochelle depuis 1991. Il a publié dans différentes revues telles que : Phréatique, Laudes, Cahiers de l’Archipel, Encres Vives, Triages, Friches, Arpa etc…
En édition, on relèvera: Economie de l’air (Ed. G.Chambelland 1992); Les îles sont des rivages de sel (Ed. Océanes 1996); Le mûrier dans la mer (Ed. Rumeur des âges  1996); Grande patience de la Loire (Ed. Encres Vives  1997); Les sources du Lathan (Ed. Clapas  2000)


Il vient de publier Chemins du Monde Carré aux Ed. des Vanneaux en 2009, chemins des hommes libres selon Le livre des serfs de l'abbaye de Marrmoutiers (Xème), sur lequel pèse ce "ciel" que j'extrais de cet ouvrage:

Le ciel

 

Petite halte dans la nuit

 

Le chasseur s'est tu

l'if soudain

déchire l'oeil de la biche

 

pur comme le sang

qu'il sale sur les lèvres

le temps siffle sans chair

 

d'un souffle l'arbre se plaint

feuilles arrachées, fables qui montent

restes figés de matins accomplis

 

peut-être le froid plus froid

sur l'éternel vécu du givre