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27/02/2008

Balise 27 - L'éloge de l'autre (1)

« Le poème tend vers un Autre, il a besoin de cet Autre, il le recherche et s’offre à lui. Toute chose, tout être humain devient, pour le poème qui tend vers l’Autre, une figure de cet Autre. »

Paul Celan, Le Méridien

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13/02/2008

Lu 22 - Jours Déchaux de Jean-Vincent Verdonnet, J

f1b91b37424f7812f82369099366eedd.jpgJours déchaux, et certes l’on pense à ces jours qui vont déchaussés par le temps qui se fait de plus en plus prégnant. Né en 1923, riche d’une œuvre importante publiée pour l’essentiel par les éditions Rougerie qui sous le titre Où s’anime une trace en ont repris l’essentiel en quatre tomes, Jean-Vincent Verdonnet n’en continue pas moins à « interroger / ce frémissement dans les arbres / qui ne (l’) aura jamais lassé ».
Pour « déchaux » qu’ils soient ces jours, le poème leur assure encore une prise au sol comme les entours dont Jean-Vincent Verdonnet a toujours eu un sens aigu permettent de « pressentir l’invisible » au « trouble » qui mêle les couleurs d’octobre en un timbre inouï dont le poète s’est si souvent demandé s’il a « un nom / et dans le fond de quel abîme ».
L’essentiel me semble dit là. Jean-Vincent Verdonnet est le poète attentif à ce qui dans le cœur battant d’un paysage se donne à entrevoir dans l’écoute attentive pour peu que nous sachions nous oublier de nous-mêmes ces oripeaux imaginaires qui nous tiennent lieu de moi. C’est cela qui laisse trace, une vibration qui passe sur les choses, une lumière déjà passée, « lueur intermittente / où les extrêmes se rejoignent ».
Déchaux pouvait paraître comme un étrange adjectif, on voit combien il est ajusté aux deux principales caractéristiques de Jean-Vincent Verdonnet : sa cambrure, d’une part, soit cette manière d’aller dans le monde avec légèreté, court chaussé et porteur d’un regard qui laisse venir jusqu’à lui les choses et les êtres du monde jusqu’à épanouir d’autres yeux dans nos yeux et d’autre part, son écriture toujours aussi fluide, fruit d’une lutte amoureuse au sein du langage, qui sait se rendre poreuse aux sollicitations du dehors qui finit par affleurer entre les noirs de l’encre.
Oui, Jean-Vincent Verdonnet est un marcheur déchaux ! Il va sandales sans bas depuis toujours. Mal chaussé eu égard aux chemins empruntés. Non balisés. Mal assurés. Chemins toujours en avance sur nos pas. Chemins en quête de la piste perdue qui mènerait au lieu où l’invisible prendrait visage et où cesserait notre exil.
Déchaux certes mais obstiné. Tremblant certes mais espérant. Patient. De là cette douceur qui se dégage de la poésie de Jean-Vincent Verdonnet. Sa fraîcheur. Celles des braises sous cendres.

© Alain Freixe

05/02/2008

Jacques Ancet - Je reviens (extrait d'un travail en cours)

( Jacques Ancet  est né à Lyon en 1942. Longtemps professeur d’espagnol en classes préparatoires, il vit près d’Annecy. c30ab010146fd929e92105459d927b3e.jpg
Il est l’auteur d’une trentaine de livres (poèmes, romans, essais) dont, récemment, Diptyque avec une ombre (Arfuyen, 2005), Prix Charles Vildrac 2006 de la SGDL et prix Heredia 2006 de l’Académie Française, La ligne de crête (Tertium éditions, 2007), Entre corps et langage, anthologie d’Yves Charnet, (L’idée bleue/Ecrits des forges 2007) et Journal de l’air (Arfuyen, 2008).
Traducteur de langue espagnole (Jean de la Croix, Aleixandre, Cernuda, Valente… ) il  vient de publier  Clarté sans repos (Arfuyen), Cecilia (Lettres Vives), d’Antonio Gamoneda,, L’homme et le divin de María Zambrano (José Corti), Lettres aux hirondelles et à moi-même, de Ramón Gómez de la Serna (André Dimanche) et L’opération d’amour de Juan Gelman (Gallimard).
Il a obtenu le Prix Nelly Sachs en 1992,, le prix Rhône-Alpes du Livre en 1994 et la Bourse de traduction du Prix Européen de Littérature Nathan Katz en 2006.)

J'écrivais à propos d'un morceau de lumière (Voix d'encre) que c'était un livre d’encre et de chair dont on tournait les pages et qu'entre elles, une lumière filtrait et passait vibrante pour aller rayonner plus loin. Que cette lumière, on la retrouvait dans La dernière phrase (Lettres Vives)comme celle qui nous restait, nous manquant toujours. Elle passe dans les poèmes de Jacques Ancet, rayonne comme un fil de jour s’obstine à accompagner « ce qui s’en va », cette vie qui passe sans se retourner, » comme un passage d’oiseaux » éclaire le ciel, « comme le jour commence ».

 

 Je reviens
 
 


    Je reviens, j’ai été absent des semaines, le vent pourtant n’a cessé de souffler & la lumière d’éclairer les visages

    je reviens le ciel retombe sur mes yeux avec une lenteur d’enfance, je ne sais plus si c’est bien moi

    qui parle ou si de moi ne reste que ce peu de paroles éparpillées que je ne reconnais plus

    mais je reviens, écoutez, le monde me traverse toujours, il a des flaques de sang, des mouches, une douleur trop grande pour     être dite    

    le monde est noir & il fait mal, le monde, il a des petits yeux méchants, ils vous regardent, vous épient

    vous entrez dans une histoire sans queue ni tête, on dit c’est la vie, elle vous regarde de loin déjà, elle vous mange

    alors comment revenir comment dire c’est moi regarde c’est moi encore je suis là

    pour la montagne et pour l’herbe, pour le cri de la corneille, le chêne & la clôture

    pour tout ce que j’ignore, mais qui réclame un peu de place entre mes mots, un fil luisant entre feuille & pierre

    un peu de terre sous la semelle, ce numéro de téléphone sans visage & sans voix, trop de feuilles sèches pour la saison

    je reviens, mais qui m’a attendu, les pièces sont vides, quand j’y entre, je ne trouve qu’un peu de poussière au bord des fenêtres

    & les taches pâles des tableaux absents sur les murs, le jour est un désert trop encombré de phrases & d’objets

    les vaches broutent dans nos chaussures

    leur souffle chaud fait une buée où nos yeux s’évaporent

© Jacques Ancet

02/02/2008

Lu 21 - Giacometti/Dupin -Eclats d'un portrait

( Est paru chez André Dimanche éditeur (39 euros) de Jacques Dupin, Alberto Giacometti Eclats d’un portrait avec des photographies de Ernst Scheidegger ) 2a428670285a56c9f067f5feeda51b7c.jpg



Dans ces Eclats d’un portrait, Jacques Dupin ne nous livre pas le simple compte-rendu, toujours lacunaire, d’un souvenir. Par delà l’anecdote qui concerne le 46 rue Hippolyte-Maindron à Paris (14ème), l’automne 1965 qui vit Giacometti accepter, par amitié pour Jacques Dupin, l’intrusion de la camera de Ernst Scheidegger et le hasard qui permit de retrouver à Zurich, dans les studios de Scheidegger,  une caisse remplie des photos du film, ce qu’on lit dans ce très beau livre est une relève.
Il ne s’agit pas pour Dupin de dire on ne sait trop quelle vérité sur ce qui s’est passé dans cet atelier mais dans le jeu entre les images reproduites ici et les mots de Jacques Dupin de dire au plus juste. De reprendre. Porter plus avant le souvenir, cela est relever. Porter hier dans un futur.
Le porter au plus près de cette avancée dans l’inconnu, après que le premier trait comme le premier pas ait introduit le porte-à-faux d’un déséquilibre. Et c’est alors comme un souffle toujours là à tisonner le feu qui à brûler toujours plus, s’effondre braise sur braise. Et c’est cet éboulement, celui d’une interrogation qui s’entretient interminablement elle-même, qui tient, trait à trait, comme tiré du vide et devant nous porté comme devant le regard perdu de Giacometti. Qu’il dessine ou sculpte – les deux séries de photographies sont superbes de complicité attentive – une tête – celle de Dupin, « tête d’un autre dans le regard d’Alberto » écrit-il – surgit moins qu’elle ne se déclôt, sur la toile ou dans le bloc de terre, trait pour trait, pétale de terre après pétale de terre, comme autant de saetas, flèches sonores qui déchirent le ciel vide,  à partir d’un tout perdu, ce fantôme de tête que Giacometti a perdu, explique Dupin, à peine s’est-il emparé du pinceau ou de la terre.
Il est ainsi très émouvant de suivre Giacometti et Dupin avancer dans l’ignorance de la fin sans souci d’arriver. Etrange voyage vers la figure ! Vers ce qui se dérobe toujours alors même qu’elle s’affirme, se cache alors qu’elle se montre, se détruit alors qu’elle se construit. Etrange construction dont le processus est de démolition ! Ici travaille la ruine. C’est elle qui édifie, trait contre trait ; coup de pouce contre coup de pouce. Ce qui élève abaisse, ce qui amoindrit relève.
Ce livre est l’autre scène d’une danse . Celle de mains funambules, amoureuses du vide.
 
© Alain Freixe 


Balise 26 - La santé par les livres

« Il y a toujours une joie indescriptible qui jaillit des grands livres, même quand ils parlent de choses laides, désespérantes ou terrifiantes. Tout grand livre opère déjà la transformation, et fait la santé de demain. »  Gilles Deleuze

Si j'ai une âme de Vincent Peyrel (collection Thoth, éditions de l'Amourier. Contact : amourier.com) est de ceux-là. Il faut lire l'article sur remue.net de Claudine Galea : Le festin et les restes à ce sujet. (Claudine Galea qui nous avait confié L'Heure blanche. Texte inédit que vous trouverez dans la catégorie "Mes ami(e)s, mes invité(e)s" de novembre 2007.)

18:10 Publié dans Balises | Lien permanent | Commentaires (1)

Jeanne Bastide - L'intimité de la lumière

e2f05452944985b5ae34add0489b6d1a.jpgVient de paraître L'intimité de la lumière avec des sérigraphies de Yves Picquet aux éditions Double95727e2be5d3086969a2f5120c3ed120.jpg cloche (contact: edition.double.cloche@orange.fr).
24 exemplaires sur vélin d’arches 250g au format 26x18 cm ont vu le jour. Ils sont présentés dans un emboîtage réalisé par Jeanne Frère. (prix unitaire T.T.C :330 euros).

On trouvera dans la catégorie "Mes ami(e)s, mes invité(e)s de Janvier 2008 un extrait du texte de Jeanne Bastide: La lumière arrive.