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09/12/2006

Turbulence 7 - Jérôme Bonnetto, Vienne le ciel et le personnage de roman

Le 18 novembre 2006, à la Bibliothèque Municipale à Vocation Régionale Louis Nucéra de Nice, Jérôme Bonnetto après une très belle lecture, retenue et juste, d’extraits de son livre Vienne le ciel publié dans la collection Thoth des éditions de l’Amourier, a énoncé une idée bien intéressante concernant la création littéraire recoupant celle d’inspiration, de plan de travail, etc…La question était celle de savoir si Vienne le ciel était un roman. Jérôme Bonnetto a accepté l’idée que s’il y avait une chose dont on pouvait être sûr, c’était que le personnage était essentiel au roman – Y compris après les divers décapages du Nouveau Roman encore que nous ne lui ayons pas posé cette question – Du coup, il nous a présenté sa manière à lui – difficile et de type chantier entre décombres, gravats et matériaux divers– de chercher et de faire naître un personnage .Deux possibilités, a dit Jérôme Bonnetto , soit on part d’une structure préétablie, une architecture de récit et des personnages déjà à peu près définis, à l’armature psychologique forte…- Et avec quelque talent, on écrit – soit – et c’est la voie de Jérôme Bonnetto – la langue est première. Ainsi pour Jérôme Bonnetto il lui faut errer dans la langue et par tâtonnements, essais d’écriture, mots, tours syntaxiques, rythme, remuer la langue jusqu’à trouver une langue, celle du personnage, celle qui mettra au monde le personnage.
Le personnage comme être de langue, c’est là une voie de poète. Le personnage qui en sort ne peut qu’en demeurer marqué. D’où l’importance pour lui des monologues intérieurs. Ada est d’abord un phénomène de langue. Du coup les autres personnages de Vienne le ciel, le photographe surtout, Alexandre même ont moins de présence.
Pour les poètes, le langage n’est pas un simple instrument de communication, il est ce qui toujours naît au point de friction de notre conscience et du monde. Là, des images, un rythme qui s’habille de mots, naissent.
Dirais-je qu’une fois trouvée la langue et donc le personnage, le danger que court un romancier tel que Jérôme Bonnetto, c’est de tomber amoureux de son personnage. Pourquoi danger ? Parce qu’il risque de s’enivrer de sa musique et oublier le drame du sein duquel est né le personnage, non ?
© Alain Freixe

Commentaires

J'avais en première intention commencé une bafouille générale sur le roman et la langue. Puis j'ai pris la question plus personnellement, en faisant un point sur ma manière de constituer une histoire. Et puis un grand vide, je me demandais pourquoi dire quelque chose sur ce sujet et à ce moment précis.
Après un long moment de rêverie, je me suis rendu compte que cette triade (comme dit papa) personnage-lieu/intrigue-drame/langue-style est insécable, ça marche ensemble dans le roman. Après, on peut, peut-être, mesurer tout ça au potentiomètre, mais je vois pas en quoi y'a du danger là-dedans. A part ne plus faire un roman mais autre chose...

Écrit par : Ian | 10/12/2006

La fameuse triade est insécable si l’auteur parvient à la rendre insécable. Sur l’intrigue, la trame de DON QUICHOTTE, on peut écrire une infinité de romans, avec une infinité de langues. Je ne suis pas sûr que tous ces romans seraient des chefs d’œuvre. Avec Alain, nous avions envisagé le roman du point de vue de l’auteur plus que de la réception. Chercher une langue avant de penser à l’intrigue est une façon de faire parmi d’autres, une façon qui renvoie davantage, peut-être, à l’écriture poétique. Ca ne condamne en rien les autres approches.

Écrit par : JB | 10/12/2006

PARLER EN LANGUES

Armé de mots rabots et d'une langue burinée, le poète sculpte l'essence de la beauté, taillant au chalumeau dans l'azur éthéré pour en extraire des pépites de loyauté. Des silex dans les yeux, il imprègne de feu les traces du cancer heureux pour en repeindre les allées fréquentées par les moribonds hallucinés. Déchirant les styles alambiqués pour les remplacer par la torture onctueuse aux doigts de fée, des arabesques arbitraires s'élèvent de sa main amputée, redéfinissant les contours de la parole qui jaillit de son intime alvéole, vortex humide par lequel s'écoulent les laves silencieuses d'infinies trinités désentravées. Maculé d'Amour, il postillonne des chariots de cathédrales fraîches, des trains de satin ruisselant des embruns de la nuit, des vagues de mercure ornées d'ivoire et de jaspe. Ses katioushas équipées de verts lasers stroboscopisent les décors poussiéreux et néantisent les reliefs obturant les écoutes blafardes. L'écho d'un soir lui répond en souriant pendant que la danse des sabres s'émerveille de joie.

Écrit par : gmc | 10/12/2006

qu'importe s'il oublie le drame si il devient poète et le devenant s'entoure ou entoure le drame

Écrit par : mm | 10/12/2006

Nous avons un ami commun, Michel Balat et plus peut être encore. Tu devais être en terminale à Arago à Perpignan , et n'étais ce pas toi qui jouait au tennis de table au foyer de la JEC ?

Je ne connais pas Jérôme Bonnetto, mais tout cela me fait penser à J.L Godard.
Ce dernier pose des questions en donnant des réponses, et en invoquant la littérature, à cet endroit des arts où l'image s'efface dans les ténèbres du créateur et où Godard doit figer la langue muette du commentaire dans l'écrit tombal des poètes.
Avec de la musique, de Bach, et d'autres.

Peut être à bientôt.

Benjamin Sisqueille.

Écrit par : Sisqueille Benjamin | 15/12/2006

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