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24/11/2006

Dominique Sorrente - Hypothèses du feu (extrait de Mandala des jours - à paraître)

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Dominique Sorrente est né en 1953 à Nevers. Enfance vécue sous le signe d'une double influence, arrière-pays celtique et présent méditerranéen. 
Il vit aujourd'hui à Marseille. Il

écrit depuis l'âge de 16 ans, époque où il se lie d'amitié avec le poète Christian Guez-Ricord (1948-1988). 
Il participera à la vie de la revue SUD jusqu’ en 1998. 
Il a fondé et anime aujourd’hui l’ association de poésie Le Scriptorium.

Ses principales publications
se trouvent dans la collection verte de Cheyne Editeur.:
La Lampe Allumée sur Patmos (1982)
La Combe Obscure (1985)
Les Voix de Neige (1988, Prix Louis Guillaume 1988)
Petite Suite des Heures (1991, Prix Antonin Artaud 1992)
Une Seule Phrase pour Salzbourg (1994)
La Terre Accoisée (1998) 
Le Petit Livre de Qo (2001)

 

 

 

Fougères d’amnésie. Se souvenir est comme un bruit de porte. L’ancien monde du bois.

                     *

Air disséminé, toujours en lisière de ce qui candidate au langage. Tout un monde autour de la peau, muet encore.

                       *


Aléatoires, les fuites du temps. Où nous passons sans retenir, cela crépite.

                       *


Dire qu’il suffit d’un oiseau de feu pour réfuter l’épaisseur sans horizon des choses.

 

 *

On donne des mots en pâture au maître intérieur qui les broie peut-être ou les ingurgite. Quand on les récupère, ils ont un drôle d’air d’introuvables.                       


 
   Bien avant déchiffrer, il y a l’œil qui s’égare. Il y a l’assoiffé multiple qui erre à la recherche des mots de survivance. Le monde qui proclame est bien loin de ces scènes-là.                         

 

                        *

Pourquoi te fuir ? dit la patience, chauffée à blanc, comme si elle ne reniflait pas l’imminence de la dévoration.


                        *



Situation nomade des flammes. Ces mots - là ne capteront rien. Ils font le guet devant l’épilogue des sables. Ils sont hors de destination.

Etres en déplacement comme nous tous.

                        
                        *



Près de la cheminée. Un chien renifle. On le console. Lequel des deux protagonistes interprète justement l’ordre du monde ?

                        *


On voudrait dire n’importe quoi, juste pour en sentir l’effet dans l’univers infime. N’importe quoi pourtant se refuse.
Il ne sort pas vivant de l’intervalle de brûlure que nous faisons.


                        *


Je réfute ou j’atteste, disent les édifices qui se dérobent à notre insu.

Quand le rêve du souffleur s’écorche, on reçoit un éclat de verre en plein sommeil.

                        *



Tronçons de réalité, restés à l’arrière du feu.
Ici tranché.
Je suis un homme à l’envers, observant la gueule archaïque qui glisse
sans repli vers ma gorge.

 

                        *

                        
Ce qui grésille, ce qui va craquer. L’histoire sans fin des boîtes qui en contiennent d’autres. Jusqu’à ce que survienne l’embrasement.


                        *


Résine, première flambée.

Quelle est cette sauvagerie intime que les poèmes viennent border ?


                        *


Il y a tout plein de lampes dans la faille, tout plein d’emblèmes d’ignorance. Du jaune au bleu, ils assistent à l’œuvre de combustion
de leurs actes. Echauffement  local du jugement dernier.

De guerre lasse, les points ne mesurent plus.


                        *


Tu as rangé les fleuves sous ton oreiller, passé les montagnes à la machine à laver, vidé quelques plaines dans la corbeille. Tout cela pour y voir plus clair en toi. Et tu t’émerveilles que le paysage, beau seigneur inexpugnable, se paie d’une allumette ton remue- ménage précaire.
                         *


Sous l’éteignoir, à distance d’une main.

La trace fauve d’un souvenir, le triangle d’un songe, le sel informulé.

Le feu certain qui déroulera ses spirales n’a pas encore logé ses bruits.



                        *



Désormais est le petit nom de cette terre lucide qu’on pose sur mes yeux, à la fin des questions. Désormais fait provision de chansons et nettoie allègrement devant la porte de l’irréversible.

                        
      
                        *


Sous l’âtre, nous les sentons si proches.

Bien installés à leur durée, ceux qu’on appelle nos morts sont tout sauf des « jamais plus ». Ils gardiennent nos pensées, tirent les ficelles, remettent en place les signes manquants. Ils attisent nos yeux de leurs pas dédouanés.

Vous n’imaginez pas le travail d’une paire de lunettes hors de la vue.


                        *

Quand l’argile démesuré calmera-t-il enfin ces images ?

Toi, peur gnomique, happée par la roue fatale, tu lâches en sueurs blanches ton renversement intime.

                        *


Bûcher du vent.
Je me replie d’un point d’orientation à l’autre.

Le turbulent midi va encore faire des siennes.




                              
 


Commentaires

Merci, Alain, d'avoir placé cette suite dans ce blog
fort bien outillé.

Une requête: rajouter le "o" dans le mot hypothèses,
cela nous aidera au moins à les poser, si ce n'est à les résoudre !

Une énigme: la formule que je lis en ce moment sur cette page "voici l'url pour faire un trackback" . Est-ce le début d'un poème blogueur ?

O la magie des virtuelles...

Bien à toi.

Dominique

PS: Prochain Scriptorium, ce samedi 9 à 17 heures à Marseille "écrire entre sacre et massacre"...

Écrit par : Sorrente | 06/12/2006

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