Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/08/2012

Lu 83 - Jean-Pierre Siméon, Traité des sentiments contraires, Cheyne éditeur

Couv siméon-2012549 - copie.jpgIntempestif, c’est ainsi que Jean-Pierre Siméon présente son dernier livre, composé de quelques 88 dizains répartis selon les deux sentiments contraires : douleur et joie, dans une préface/explication sur la circonstance qui présida à la mise en route de ces  poèmes, à savoir une commande d’écriture pour accompagner le fameux forellequintett de Schubert pour les Estivales de Court en Suisse.

 Intempestif car n’obéissant pas aux mesures du temps. Y contredisant même avec retour de la métaphore, recherche d’une harmonie rythmique, retour à un lyrisme certes mesuré et assumé.

 Intempestif car renversant le cours des heures comme pour se hisser sur elles. Car si tout a commencé par cette occasion qui l’amènera à affirmer la joie comme  truite par le bond quand elle incendie l’âme, joie qui advient quand vous saisit la beauté, soudaine venue du ciel / dans la bouche, printemps sans preuve qui vous accorde au monde ; c’est une avalanche de larmes qu’il met en ouverture de ce livre tant douleur et joie sont liées à ses yeux, tant la joie ne vient jamais que trouer le ciel sombre d’un monde qui n’en finit pas de finir.

 Qu’on y prenne garde toutefois cette théorie n’est pas savoir clos sur lui-même mais mouvement vers la prise en charge par la parole de ce qui tient nos vies dans la déchirement. Ces sentiments dont parle Jean-Pierre Siméon ne sont pas de l’ordre de ceux que l’on a toujours trop tôt et dont parlait Rilke, émotion réactive qui absorbe l’événement et le consomme dans le langage, il renvoie à une émotion de type organique qui fracture le tuf de l’existence et remonte dans la langue qu’elle éclaire, fait battre, sonner et respirer.

La poésie de Jean-Pierre Siméon, loin de tout subjectivisme est poésie d’un sujet en procès dont la voix émerge de ce fond anonyme de l’existence que viennent marquer les affects et dont résonnent les vers qui en remontent. Parole vivante, parole vibrante qui contre tous les effondrements d’aujourd’hui et à venir tient le pari de la joie, cette prise d’éternité éphémère.

 

 

 

Commentaires

"Ne pas en arriver au point où l'on ne dit plus je, mais au point où ça n'a plus aucune importance, de dire je ou de ne pas dire je" (G. Deleuze & F. Guattari)

Écrit par : François Laur | 05/10/2012

Les commentaires sont fermés.