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31/07/2011

Lu 68 - Francisco de Quevedo, Les furies et les peines, 102 sonnets, choix, présentation et traduction de Jacques Ancet édition Bilingue Poésie / Gallimard, cat 4

Couv Quevedo104 - copie.jpgLe monde est toujours « la branloire pérenne » dont parlait Montaigne. Peindre le passage ; tout ce qui vacille ; tout ce qui tourne et retourne ; tout ce qui plie, se déplie, se replie et échappe n’offrant que peu ou pas de prise relève de cet esprit baroque contemporain d’un monde en voie de dislocation. Aujourd’hui comme hier. Ici ou là-bas quand il s’agit de résister à la langue imposée toujours plus affadie, abâtardie en quelques représentations visant à toujours plus bloquer la pensée sur elle-même.

Pour cela saluons avec bonheur les poèmes choisis, présentés et traduits par Jacques Ancet du grand poète espagnol Francisco de Quevedo (1580 – 1645). Les furies et les peines, publiées dans la collection Poésie / Gallimard, reprennent 102 sonnets répartis en quatre parties : les sonnets métaphysiques, religieux et moraux ; les éloges, épitaphes et tombeaux ; les sonnets amoureux et les sonnets satiriques et burlesques, disposition qui reprend de manière plus ramassée l’organisation initiale qui classait ces poèmes en neuf chapitres correspondant aux neufs muses.

Les furies et les peines, ce choix de Jacques Ancet renvoie au cœur même du poète, creuset de toutes les contradictions, déchiré entre amour et mort, écartelé de finitude. Ce maître du sonnet fut un maître dans l’ordre de la langue qu’il travaillera au sein même d’une imagerie baroque qu’il partageait avec bien des poètes de son temps, notamment son contemporain et grand rival Luis de Gongora. Ainsi le voit-on passer du langage rauque et dépouillé des poèmes métaphysiques aux jeux de mots les plus subtils, aux images les plus précieuses dans ses poèmes d’amour relevant de cette agudeza, de cet art de la pointe et des figures de l’esprit qui en fit un maître du conceptisme sans que jamais il n’ait sombré dans une froide rhétorique. Au contraire, le plus souvent ses vers nous touchent car sa poésie est toujours incarnée, d’une part dans ce que tout corps peut avoir de mortel et d’autre part dans celui d’une société que le poète espagnol passe au crible de ses mots, de son humour dévastateur sans ménager ni les ruffians ni les monarques.

Comment traduire ces sonnets sans les perdre ? Sans que la « parole juste » ne se perde sous « les mots justes » selon la distinction proposée par Jose Luis Borges  - Rappelons à ce propos La proximité de la mer, cette anthologie de 99 poèmes du poète argentin que Jacques Ancet a publié chez Gallimard l’an passé - Lisez Les furies et les peines ! Lisez ces 102 sonnets ! Vous verrez, cela s’entend même si vous ignorez tout de la langue espagnole.

Commentaires

Comment traduire ces sonnets sans les perdre ? bein j'ai pas la réponse

Écrit par : belgique-stories | 27/12/2013

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